Afrique de l'Est: Les Seychelles demandent la mutualisation des achats de produits de base

Huguette Bello, présidente du conseil régional de l'île soeur, accueille favorablement l'idée de mettre en commun les processus d'achat des produits de première nécessité. Elle souhaite que les États-membres de la COI mettent en place les moyens requis... pour que cela devienne une réalité.

La Commission de l'océan Indien (COI), cette plate-forme où les cinq pays de la région à savoir Madagascar, les Seychelles, l'union des Comores, la France au nom de l'île de La Réunion et la République de Maurice, est-elle en mesure de trouver une parade susceptible d'atténuer potentiellement l'impact sur les bourses des résidents de ces cinq entités de l'inflation, ce phénomène propre à une économie de marché où tout s'articule autour de l'offre et la demande de biens et des services et qui provoque une hausse des prix généralisée ?

La réponse est oui, selon Sylvestre Radegonde, ministre seychellois des Affaires étrangères et du Tourisme. Il s'agit de la mise en place d'une structure devant permettre aux pays membres de la COI de mutualiser l'achat des produits de premières nécessités que tous ces pays doivent importer. Il a fait part de sa proposition le jeudi 16 mai à l'hôtel Le Méridien, Pointe-aux-Piments dans le cadre de l'ouverture des travaux de la 38e session ordinaire du Conseil des ministres de la Commission de l'océan Indien.

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«Nous devons, a-t-il tenu à souligner, saisir les opportunités qui se présentent à nous. L'océan Indien regorge de ressources naturelles, de potentiel économique et de possibilités de développement. En favorisant le commerce intrarégional, en facilitant les investissements et en encourageant l'innovation, nous pouvons stimuler une croissance économique durable et améliorer les conditions de vie de nos populations. Dans cette optique, étant donné que la cherté de la vie constitue une préoccupation majeure pour nos pays, dont les économies dépendent fortement des importations, il est crucial d'aborder cette question à l'échelle régionale. Les Seychelles encouragent donc la Commission de l'océan Indien à élaborer un projet régional visant à faciliter l'importation groupée des produits de première nécessité.»

Une proposition qu'Huguette Bello, présidente du conseil régional de l'île de La Réunion accueille favorablement. «L'achat mutualisé des produits de première nécessité,est une excellente idée des Seychelles par le biais de Sylvestre Radegonde, ministre des Affaires étrangère et du Tourisme de ce pays. Nos populations ont grandement besoin d'une telle facilité. Toute la difficulté se situe au niveau des mesures qu'il va falloir prendre pour mettre en oeuvreune telle proposition. Les États devraient être très attentifs par rapport à l'importance d'avoir recours à une telle mesure et manifester leur prédisposition à donner tous les moyens susceptibles de faire en sorte que cette mesure puisse voir le jour. Au cas où cette proposition devienne une réalité, on cessera alors de ne compter que sur la Croix rouge ou le Croissant rouge. Dans le même souffle, ce sera l'occasion pour les États membres de la Commission de l'océan Indien de manifester leur volonté à rendre leur dignité non seulement à nos peuples mais également à l'égard de ceux qui sont les plus défavorisés.»

Huguette Bello estime qu'une des priorités pour les pays de la région devrait être l'instauration d'un circuit court en matière de commerce régional. «L'île de La Réunionimporte annuellement entre 6 et 7 milliards d'euros. Nous envisageons non seulement d'importer nos marchandises des pays de l'hémisphère nord ou du continent asiatique mais nous privilégions l'importation des pays de l'Afrique australe, parmi lesquels Madagascar, qui fait partie de la COI. Est-il normal que nous fassions venir du Canada des pellets de bois, qui est une source d'énergie durable, alors qu'il est possible d'obtenir de tels produits dans les pays riverains tels l'Afrique du Sud ou du Mozambique ? D'où l'importance de développer davantage la coopération en matière d'éducation, de santé et en matière d'économie. Et puisque nous sommes dans l'océan Indien, il y a la surveillance maritime, un sujet sur lequel la France est mieux placée que moi pour en parler. On nous fait savoir que le niveau de surveillance de la surface de la mer de l'océan Indien a été réduit de 22 %.»

Elle estime que la jouissance des ressources halieutiques de la région de l'océan Indien doit d'abord profiter aux populations locales. «Prenons par exemple la légine, argue-t-elle, les fruits de l'exploitation de cette ressource halieutique sont exportés vers la République populaire de Chine et les États-Unis. Loin de moi l'idée d'affirmer que l'aspect économique de l'exploitation de cette ressource n'est pas important. Il est tout à fait raisonnable d'espérer que la population locale tire également profit de la jouissance de ces ressources. Mon argument repose sur le fait que les ressources halieutiques doivent d'abord profiter aux populations locales. Prenons le cas de Madagascar, un pays qui connaît des situations de famine. On y vient piller les ressources halieutiques de ses côtes. On peut également observer le même phénomène en Afrique du Sud, lorsqu'on vient mettre, juste en face des ports de pêche, les installations de Total en vue d'y effectuer des travaux d'exploitation des ressources pétrolières.On a des choses à dire sur ce plan. Nous avons trop tendance à observer un profil plutôt bas face à de telles situations. Nos peuples respectifs ont le droit de savoir ce qui se passe sur ce plan.»

Qu'à cela ne tienne, la décision desSeychelles de se battre pour l'introduction d'un système de mutualisation des achats des produits de premières nécessités coïncide avec son installation à la présidence de la Commission de l'océan Indien après le mandat de l'île Maurice.

Initiative favorablement accueillie par le Pr Vêlayoudom Marimoutou, secrétaire général de la COI. «En ce qui concerne la proposition d'un mécanisme d'achats groupés de biens de première nécessité, je tiens à souligner la disposition de la partie seychelloise à jouer un rôle moteur pour que nous puissions collectivement avancer sur le sujet. Ce sera une activité importante à conduire sur les prochains mois, en cohérence avec le dialogue renforcé avec le comité régional des douanes.»

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