Madagascar: Us-et-coutumes - Manantany, l'oreille et l'oeil de l'ampanjaka

Durant la période précoloniale, les Malgaches avaient une structure sociale bien déterminée, selon les régions. Chez les Sakalava du nord, la stratification perdure jusqu'à nos jours.

En fait, le souverain dans cette contrée est à la fois détenteur du pouvoir temporel et spirituel. Il est l'élu des ancêtres et de Dieu, destiné à gouverner. Mais pour bien asseoir son pouvoir, il lui faut des personnes à qui faire confiance... Confidence. Et comme il est issu du lignage régnant, il choisira un groupe de personnes ayant une attitude qui s'abstient, dans la durée, à trahir un serment. Le manantany en fait partie. Oreilles et oeil du roi, il est chargé tout d'abord d'être l'archiviste du palais. « Il doit avoir une mémoire qui retient bien et avec exactitude ; ou le souvenir exact des événements », avance un gardien traditionnel. Lourde est sa tâche. Il est le porte-parole, assure les cérémonies rituelles, établit l'ordre protocolaire. C'est le gardien du Palais qui prononce le discours et le rhéteur qui annonce tout ce qui se passe dans le royaume.

Le manantany endosse tout. « Ce métier est difficile. Nous n'avons pas le droit de commettre une erreur. On nous consulte à chaque fois qu'il y a un problème. Dès fois, les gens nous confondent avec les guérisseurs, les devins. Gênant, oui, mais je comprends tout à fait, car nous sommes des prêtres aussi », a affirmé Baptiste Ndriafeno.

Manantany est celui qui apporte la paix, mais également, une personne qui a une grande influence dans une succession monarchique ou politique, le faiseur de rois. Autrement dit, ce personnage est un poète dépositaire de la tradition orale.

Cette profession exige des critères, un tompon-tany, celui qui est originaire du terroir, sans tatouage, en bonne condition physique. Quoique, le domaine n'attire guère les jeunes, les besoins se multiplient en raison de la démographie galopante. « Avant, le manantany restait au palais. Désormais, chaque quartier a son manantany, l'accroissement de la population a obligé les olo-be. Les dignitaires les ont implantés un peu partout dans les zones administratives », a ajouté l'un d'entre eux. En d'autres termes, ces messieurs ont pour but de sensibiliser la population à respecter la tradition.

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