Dakar — Les sujets se rapportant à la justice continuent de faire l'actualité, l'intérêt des quotidiens étant partagé entre la tenue des assises devant démarrer ce mardi et le procès en diffamation contre un activiste et un imam.
Lundi, à la veille du démarrage des travaux des assises de la justice, une première réunion s'est tenue au CICAD, le centre international de conférence de Diamniadio, avec à la baguette le professeur Babacar Guèye, facilitateur desdites assises, rapporte Vox Populi.
Etaient présents à cette réunion, le directeur de cabinet du président de la République, les présidents, vice-présidents, rapporteurs de commissions et les membres de la commission scientifique. "Ils ont discuté de l'organisation et de l'animation des assises", histoire de déblayer le terrain, selon Vox Populi.
Le journal précise que neuf thématiques seront à l'ordre du jour, parmi lesquelles le statut des magistrats, le Conseil supérieur de la magistrature, les conditions de détention, le régime de la privation de liberté, entre autres points.
En attendant de pouvoir entrer dans le vif du sujet, certains quotidiens reviennent sur l'importance d'une réforme de la justice. Cette question renvoie à "des enjeux colossaux", indique Enquête, citant des acteurs de la société civile dont Moundiaye Cissé et Alioune Tine, engagés depuis plusieurs années sur ces questions.
"Il faut définitivement mettre un terme à la justice à deux vitesses", plaide par exemple Alioune Tine, président fondateur de l'ONG Afrikajom Center et expert indépendant des Nations unies.
Le quotidien Yoor-Yoor donne la parole aux citoyens sur le sujet. Il en ressort que l'un des enjeux de ces assises est de doter le pays d'une "justice qui redonne confiance" aux populations, ce qui suppose indépendance et impartialité, selon le journal.
"Malmenée et souvent au banc des accusés, la justice est perçue comme une arme politique pour casser des adversaires ou des voix discordantes. Le rôle central du pouvoir judiciaire dans plusieurs dossiers a participé à écorcher l'image de la justice", analyse le quotidien Kritik'.
Il revient ensuite sur un cas particulier : la dernière loi d'amnistie votée sous le prédécesseur du président Bassirou Diomaye Faye, estimant que cette initiative a participé à torpiller la justice, selon les mots de cette publication.
"Le président sortant a posé un acte fort regrettable à quelques jours de la fin de son mandat à la tête de l'Etat. Macky Sall a prétexté une réconciliation de la patrie" avec elle-même, mais il "avait aussi pour objectif de remettre dans le jeu politique ses plus fervents adversaires".
Il s'agit du duo actuellement au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, libérés de prison à la faveur de cette loi d'amnistie portant sur les faits liés aux manifestations politiques ayant secoué le pays entre février 2021 et février 2024.
Comme une pièce versée au débat, plusieurs journaux rappellent qu'en 2018, il s'était tenu une concertation sur la modernisation de la justice, "malheureusement, bon nombre [des] recommandations [issues de cette rencontre] avaient fini au dépotoir de Mbeubeuss, car n'ayant jamais été appliquées par le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye".
Vox Populi signale qu'il s'agit de "19 mesures pour +l'équilibre des pouvoirs+ et sur le statut des magistrats", ajoutées à "12 recommandations pour l'autonomisation du Conseil supérieur de la magistrature avec un +recul de l'exécutif+, le président de la République n'y siégerait plus".
En droite ligne de ces questions judiciaires, le journal Le Quotidien revient sur la gestion du Fonds Covid 19 et signale que s'il avait suivi les réquisitions du parquet, le garde des Sceaux aurait dû faire enclencher les poursuites pénales contre des responsables de 9 ministères alors en charge de la gestion des fonds du Programme de résilience économique et sociale (PRES) ou Force Covid.
"Depuis le 18 avril 2024, ajoute Le Quotidien, quand la demande lui a été transmise, le ministre de la Justice n'y a toujours pas donné suite".
En attendant, la justice se penche sur des cas brûlants, comme cette affaire de diffamation pour lequel un activiste et un imam ont été attraits devant la justice.
"Six mois requis pour imam Ndao et Bah Diakhaté", affiche L'As, au sujet d'une affaire d'offense au Premier ministre Ousmane Sonko ayant valu un procès aux concernés. Ils devront prendre leur mal en patience jusqu'au 3 juin prochain, après avoir fait face hier lundi au juge des flagrants délits de Dakar, rapporte le même journal.
"Bah Diakhaté et imam Ndao risquent gros", renchérit Les Echos, quotidien selon lequel le procureur a requis contre les deux mis en cause six mois de prison ferme, de même, le parquet a demandé "la destruction des vidéos et audios ainsi que le retrait des propos des plateformes".
L'info note surtout que cette affaire a surtout donné l'occasion à la défense de faire le procès du régime en place, alors que Bah Diakhaté et imam Ndao sont poursuivis pour diffusion de fausses nouvelles et offense envers une personne exerçant les prérogatives présidentielles", à savoir le chef du gouvernement.
Selon Walfquotidien, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, les prévenus "ont reconnu certaines de leurs erreurs, mais ont, parfois, fait volte-face".