Ile Maurice: L'avocat des jeunes arrêtés en faveur d'une «Police and Criminal Evidence Act»

Cette loi définit les paramètres que tout policier ne doit pas dépasser

Voici une énième affaire d'allégation de brutalité policière. Cette fois, c'est la Criminal Investigation Division (CID) de Bel-Air qui est pointée du doigt. Deux habitants de Trou-d'Eau-Douce, âgés d'une vingtaine d'années, allèguent avoir été battus sur tout le corps avec un objet métallique alors qu'ils avaient été arrêtés, le 18 mai, dans le cadre d'un incendie criminel, rapporté par un homme de 26 ans, qui habite aussi Trou-d'Eau-Douce. Ils ont porté plainte auprès de l'Independent Police Complaints Commission (IPCC), le jeudi 23 mai. Ils sont représentés par Me Pravesh Nuckcheddy.

Selon leur avocat, les suspects auraient été arbitrairement arrêtés et placés en détention policière, bien que le plaignant ait disculpé ses deux clients. «Lors d'une parade d'identification, la victime a expliqué aux enquêteurs que les suspects étaient présents sur les lieux avec d'autres personnes mais que ce ne sont pas eux qui ont incendié sa maison. Malgré cela, la police n'a pas écouté la version du déclarant et les policiers ont forcé mes clients à se dire coupables par des coups», insiste Me Nuckcheddy.

Le plus grave, estime l'avocat, est que ses clients auraient été victimes d'intimidation afin de ne rien révéler par la suite. «Zot inn sibir tou kalite presion. Lapolis pe dir zot pena pou pran avoka ladan, rest trankil pena pou fer okenn konplint tousala, alor ki lapolis pe amenn zot lakour li pe brain wash zot dan loto», avance Me Nuckcheddy. Il poursuit en disant que c'est ainsi que ses clients ont comparu en cour de Flacq, lundi, et n'ont rien dit au magistrat par crainte de représailles.

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Selon l'avocat, ce n'est que le mercredi 22 mai, lorsque les suspects ont retrouvé la liberté conditionnelle, qu'il a été mis au courant des actes de brutalité et de torture qu'ils auraient subis. Me Nuckcheddy les a alors accompagnés à l'IPCC. Ils ont ensuite été vus par un médecin à l'hôpital Dr Bruno Cheong.

«Nous sommes en 2024. Nous nous inspirons de la loi de Westminster mais nous avons toujours 40 ans de retard, contrairement à la Grande Bretagne, qui a appliquéla Police and Criminal Evidence Act en 1984, loi qui définit clairement les paramètres qu'un policier ne doit pas dépasser et les droits d'un suspect. Nous sommes dans un pays civilisé. Nous ne pouvons plus tolérer des actes de ce genre. Un suspect en état d'arrestation a aussi des droits. Il serait souhaitable qu'un policier qui agit en sentinelle devant une cellule inspecte aussi le détenu avant de l'enfermer pour s'assurer que le corps de ce dernier n'a ni blessures ni ecchymoses», demande Me Nuckcheddy.

Hier, l'avocat a envoyé une lettre au commissaire de police. Dans cette correspondance, il demande au chef de la police que l'enquête concernant l'incendie criminel soit retirée de la CID de Bel-Air afin qu'il y ait plus d'équité.

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