L'objectif de la Journée du Dialogue national dédiée à la Justice ne vise pas à faire le procès du système. Tout au contraire, il est question de tenir un débat lucide et serein. Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, justifie ainsi la tenue des échanges sur «La réforme et la modernisation de la Justice», entamés hier, mardi 28 mai et dont les recommandations sont attendues le 4 juin prochain.
«Je demeure convaincu que la vertu préventive du dialogue en temps de paix éloigne les spectres de la tension et favorise le dynamique consensuel consolidant ainsi notre démocratie et assurant la stabilité indispensable au développement économique et social dans l'intérêt supérieur de la nation. Dialoguer en tant de paix, en partageant la part d'humanité qui existe en chacun de nous, est un examen à l'aune duquel une nation mesure sa grandeur», a déclaré le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à l'ouverture du Dialogue national axé sur le thème de «la réforme et la modernisation de la justice» d'hier, mardi 28 mai.
La justice étant rendue au nom du peuple, il est donc pertinent qu'il ait son mot à dire sur la manière dont elle doit être rendue, réitère le président de la République, saluant l'esprit des concertations engagées. Par ailleurs, il a insisté sur le fait que ces assises ne visent pas à jeter l'opprobre sur la justice encore moins un « procès en inquisition », «mais de tenir un débat lucide et serein, posé et apaisé, pour ausculter notre système judiciaire, identifier ses forces et faiblesses et rechercher» des solutions. «La finalité de cet exercice est de nous aider à baliser la voix pour une réforme pragmatique de notre système judicaire, afin qu'il inspire davantage confiance au justiciable et préserve sa dignité».
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye pense «qu'il faut travailler : à mettre en place un système plus transparent de gestion de la carrière des magistrats ; à définir un régime de privation des libertés mieux encadré ; à aménager un dispositif législatif et institutionnel de nature à favoriser la célérité dans le traitement des procédures judiciaires et à humaniser l'univers carcéral ; à instituer des plateformes dématérialiser fonctionnelles et améliorer le fonctionnement du système par l'allocation de moyens budgétaires suffisants et la poursuite de programmes de constructions et de réhabilitation des infrastructures».
«GARDONS-NOUS DE VOULOIR BATIR UNE REPUBLIQUE DES JUGES...»
Pour le chef de l'Etat, il convient aussi de relever que «la réforme et la modernisation du système judiciaire ne doivent pas seulement se limiter au volet pénal qui, il est vrai, polarise plus notre attention collective». Le président de la République soutient qu'il ne faut «pas oublier les affaires civiles dont la matière commerciale constituent une composante majeure. Le droit du travail et le contentieux administratif, autant de domaines dont la prise en charge conditionne le fonctionnement de la justice».
En outre, le président Diomaye Faye a prévenu les acteurs sur le risque d'en arriver à bâtir une «République» des magistrats. «En portant nos réflexions sur tous les sujets à l'ordre du jour, je souhaite que nos échanges s'inscrivent dans une démarche pragmatique et répondent à la finalité de l'exercice. Mais, ce faisant, gardons-nous de vouloir bâtir une République des juges qui remettrait en cause le principe cardinal de la démocratie, à savoir le "Gouvernement du Peuple, par et pour le Peuple" en vertu duquel les élus restent les dépositaires légitimes du pouvoir étatique», indique-t-il.
Toujours, lors de l'ouverture des travaux du Dialogue national sur «la réforme et la modernisation de la justice», au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, dans le département de Rufisque, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a rappelé la priorité qu'il accorde à ces assises. «En accord avec l'esprit de mon discours d'investiture, mon message à la nation à l'occasion de la fête de l'Indépendance et de mes orientations au Conseil des ministres du 9 avril, je réitère aujourd'hui la priorité élevée que j'accorde à la concertation sur le mode de gouvernance des affaires publiques», a-t-il dit.
Des centaines de participants ont pris part à ce conclave dont le président de l'Assemblée nationale, le président du Conseil économique, social et environnemental, le président du Conseil constitutionnel, des membres du gouvernement, des élus locaux et territoriaux et la présidente du Haut Conseil du dialogue social. En plus des représentants de missions diplomatiques accréditées au Sénégal, de représentants de la société civile, d'associations et d'organisations de travailleurs, des experts, des guides religieux et coutumiers et activistes, entre autres.
Plusieurs questions seront abordés durant les panels notamment les conditions et moyens pour une justice libre et indépendante, le fonctionnement et l'administration de la justice les longues détentions préventives, la lenteur des procédures, le manque de personnel (548 magistrats et 472 greffiers seulement pour près de 18 millions d'habitants) et notamment la digitalisation.