Cameroun: Blocage de l'affaire Martinez Zogo au tribunal militaire - Les avocats appellent à la transparence

L'affaire Martinez Zogo connaît de nouveaux rebondissements au tribunal militaire. Hier, les avocats de la défense ont demandé l'accès au dossier de procédure, une requête qui a été rejetée par les magistrats militaires. Mais ces derniers ne comptent pas en rester là et ont décidé de faire appel.

Le blocage judiciaire

Les avocats de Martinez Zogo dénoncent le blocage orchestré par le directeur de la justice militaire, le colonel Jiofack, qui a donné des instructions strictes de ne pas fournir le dossier. Cette intervention rappelle les menaces antérieures du même colonel Jiofack envers le juge d'instruction Ndzie Pierrot et le commissaire du gouvernement, Belinga Cerlin, pour qu'ils clôturent l'enquête rapidement, malgré des pistes menant directement à la présidence de la République.

Nouvelles révélations

Des révélations récentes compliquent encore davantage l'affaire. Une "note à la très haute attention de son excellence Paul Biya" datée du 5 avril 2024, rédigée par l'expert judiciaire en cybercriminalité Jean Pierre Oloumou, a été révélée par Africa Intelligence. Cette note, déposée chez le conseiller spécial de Paul Biya, le contre-amiral Joseph Fouda, met en lumière deux faits essentiels :

1. Des manipulations au plus haut niveau, impliquant le secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre de la Défense Joseph Beti Assomo, et le Secrétariat d'Etat à la Défense (SED), Galax Etoga.

2. Ces manipulations visaient à détourner l'enquête des six pistes principales mises en évidence dans le rapport d'expertise d'Oloumou.

Détournement et obstructions

Oloumou rapporte que le dossier d'enquête préliminaire reçu du SED était incomplet. Certains téléphones cruciaux, dont ceux de la victime Martinez Zogo, n'ont pas été initialement transférés au tribunal. Il a fallu deux semaines de recherches pour que ces appareils soient finalement remis. De plus, l'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC) et les opérateurs téléphoniques ont obstrué l'enquête en refusant d'exécuter les réquisitions du juge.

Les principaux suspects

Parmi les suspects, Martin Savom, proche de Ferdinand Ngoh Ngoh, a été arrêté le 19 décembre 2023 et inculpé de complicité d'assassinat et de complicité de torture. Savom était identifié par Oloumou comme un des cerveaux de l'opération. Concernant Justin Danwe, chef du commando, un des téléphones n'a jamais été mentionné dans la procédure bien qu'il ait été récupéré lors de la perquisition de son bureau.

Rôle de Maxime Eko Eko

En revanche, Maxime Eko Eko, dont les appareils ont été analysés, semble n'avoir aucune implication directe dans l'affaire. Oloumou conclut que ses activités relevées ne montrent aucune connaissance des événements en cours.

Appel à la transparence

Dans sa note adressée au président de la République, Oloumou appelle à autoriser l'audition de Ferdinand Ngoh Ngoh, Joseph Beti Assomo, et Galax Etoga au tribunal militaire pour mettre fin aux manipulations. Les avocats de Martinez Zogo, malgré le rejet initial de leur requête, espèrent que cette transparence permettra de débloquer la situation et de faire la lumière sur l'affaire.

Cette affaire complexe, mêlant des accusations graves et des manipulations politiques au plus haut niveau, continue de captiver l'attention du public. Les prochaines étapes judiciaires seront cruciales pour déterminer la vérité et rendre justice à Martinez Zogo.

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