Congo-Kinshasa: Dans les coulisses du retrait des Casques bleus du pays

Ce 29 mai marque comme chaque année la Journée dédiée aux Casques bleus des Nations unies engagés dans des zones des conflits.

En République démocratique du Congo, l'heure est au désengagement de la Monusco, notamment dans le Sud-Kivu.

Dans cette province de l'est du pays, les habitants expriment des craintes pour leur sécurité après le départ de la mission onusienne.

Une délégation des Nations unies a rencontré les autorités congolaises afin d'assurer une transition réussie après le départ de la Monusco.

Ainsi, du jour au lendemain, des bases militaires des Casques bleus de la Monusco ferment leurs portes au Sud-Kivu. Pour la population qui observe ce départ, il y a un goût d'inachevé.

Gervais Bashizi, habitant de Bukavu, soulève des craintes liées à une possible recrudescence des activités des groupes armés après ce départ.

Il dit redouter "que les groupes armés échappent aux sanctions, comme il n'y a plus un acteur neutre pour suivre le processus. Il y a la crainte des acteurs de la société civile et des défenseurs des droits de l'Homme sur leur protection et une autre crainte, c'est l'entretien de toutes les bases remises aux autorités congolaises".

Les "enfants Monusco"

Deborah Mubalama, coordinatrice de l'organisation des jeunes Mwanamuke Shujaa, déplore le fait que le phénomène des "enfants Monusco", qui concerne les enfants nés de relations entre des Casques bleus et des femmes congolaises, soit oublié, alors que ces enfants ont des droits et vivent déjà sans l'affection d'un père.

Elle "interpelle les Nations unies afin de mettre en place un mécanisme d'appui pour accompagner ces enfants pour qu'ils ne deviennent pas des dangers pour la communauté. Que ce mécanisme aide ces innocents à s'épanouir et facilite leur intégration dans la communauté qui les a vu naître".

Au niveau sécuritaire, Mick Mutiki, expert en gouvernance sécuritaire, perçoit plusieurs défis majeurs.

Pour lui, "ce départ laisse un vide créé par l'absence des troupes de la Monusco. Elles comblaient le gap en termes de persuasion, et cela rassurait les communautés. Par ailleurs, la RDC n'a pas assez d'effectifs policiers et militaires".

Feuille de route pour la transition

Typson Idumbo, ministre provinciale de l'Intérieur et porte-parole du gouvernement du Sud-Kivu, assure pour sa part qu'une feuille de route de transition de la Monusco est déjà disponible.

"Qui peut mieux sécuriser la population congolaise que le gouvernement congolais lui-même ? Nous sommes très bien préparés. Les mesures ont été prises pour éviter que la situation ne s'embrase après le départ de la Monusco", assure-t-il. "La population doit faire confiance à son gouvernement. Et il ne faut pas donner l'impression que la communauté internationale sera absente du Congo après ce départ. Nous avons le Programme des Nations unies pour le développement, le Programme alimentaire mondial... toutes ces organisations vont rester".

Une délégation du groupe de coordination des partenaires, conduite par le représentant spécial adjoint des Nations unies en RDC, séjourne à Bukavu pour assurer l'après Monusco.

Bruno Lemarquis explique que "cette visite c'est pour que les partenaires se rendent compte d'eux-mêmes, sur le terrain, comment est-ce qu'on peut appuyer le mieux possible, pour que cette transition soit une réussite et que de cette expérience on tire des leçons positives pour la transition au Nord-Kivu et en Ituri. Ainsi que pour des transitions d'autres missions des Nations unies qui se retirent dans d'autres pays".

Dans la province du Sud-Kivu, sept bases militaires de la Monusco sont déjà fermées. Trois autres vont bientôt être aussi remises aux autorités congolaises.

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