Les bureaux de vote fermaient à 21 heures, en Afrique du Sud, mais il a fallu faire face à l'afflux et s'organiser par endroits, pour que tous puissent s'exprimer. Les électeurs étaient appelés ce mercredi 29 mai à renouveler leurs gouvernements provinciaux et leurs députés. Des parlementaires qui éliront ensuite le président, à condition d'avoir une majorité absolue. C'est ce qui pourrait manquer au parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), qui règne sans partage depuis 1994 et l'élection de Nelson Mandela.
L'ANC, avec le président sud-africain sortant Cyril Ramaphosa à sa tête, est désormais dans l'attente de savoir s'il conservera ou non sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, après trente ans de pouvoir.
Si ce mercredi matin, à Soweto, c'était plutôt calme, comme l'a constaté notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès, au cours de la journée, les files se sont largement allongées, dans le township et dans plusieurs zones de la ville, notamment dans les quartiers étudiants à l'ouest.
Sur place, les électeurs ont dû patienter plusieurs heures avant de pouvoir mettre leur bulletin dans l'urne. D'un côté, c'est plutôt un bon signe vis-à-vis de l'abstention, et la Commission électorale se montre optimiste quant au chiffre global de la participation. Mais de l'autre, cela amène de la frustration chez certains votants, car ces retards sont en fait parfois dus à des problèmes techniques, et à l'apparition cette année d'un nouveau bulletin de vote régional.
Dans les rangs, beaucoup de jeunes qui font leurs études à l'université et un mot d'ordre dans toutes les bouches : la volonté de « changement ». Peu importe le temps qu'il aura fallu patienter en vue d'exercer son droit de vote. Reste à voir si cette même volonté s'est aussi manifestée chez les jeunes plus défavorisés des townships ou des zones rurales. Rappelons que 42% des Sud-Africains inscrits sur les listes électorales ont moins de 40 ans.
À Johannesburg aussi, la soif de « changement »
Dans un bureau de vote de Jobur également, énormément de monde faisait encore la queue, peu avant la fermeture à 21 heures. Un bureau de vote, il faut bien le dire, dysfonctionnel depuis le matin, rapporte notre correspondant Romain Chanson, ne parvenant pas à absorber les centaines, voire plus, d'électeurs attendant dehors.
La Commission électorale a reconnu des délais importants par endroits, dans les métropoles sud-africaines surtout. Mais elle anticipe elle aussi une participation en hausse par rapport à 2019, ce qui serait peut-être ici une bonne nouvelle.
À l'heure de la fermeture, en tout cas, les électeurs qui n'avaient pas encore pu voter devaient encore pouvoir le faire, avant une très longue nuit, alors que le froid s'installait. En tout cas, il n'y aura pas de second jour de scrutin, a clarifié la Commission, alors que les partis politiques commençaient un peu à gronder, s'énerver ou se plaindre.
Si les Sud-Africains semblent s'être déplacés en masse, c'est qu'ils sont motivés, là encore, par ce même enjeu inédit : la possibilité de mettre fin aux trente ans de règne de l'ANC. Depuis l'ouverture des bureaux de vote à 7 heures du matin, le même mot d'ordre à Johannesburg qu'à Soweto : « changement ».