Au Togo, deux élèves de 21 et 24 ans ont été condamnés à six mois de prison avec sursis, le tribunal de Grande Instance de Lomé les jugeant coupables d'outrage envers les représentants de l'autorité publique. Dans une vidéo publiée sur le réseau social TikTok, ils avaient interpellé le président Faure Gnassingbé pour dire leur mécontentement sur le changement de la constitution. Pour leurs avocats et la société civile, ces deux jeunes n'ont fait qu'exprimer leur opinion.
Même si l'élève Koffi Waze et l'apprenti Abiou Fousseni n'iront pas en prison, leur avocat Me Elom Koffi Kpade voit dans cette condamnation « un pur forçage juridique ». Cela car, selon lui, « les propos des jeunes ne peuvent en aucun cas être qualifiés d'outrage ». Pour cette raison, aucun des avocats des deux condamnés ne fera appel.
C'est le 31 mars dernier que les deux amis publiaient une vidéo sur TikTok vue plus de 500 000 fois. Ils s'y adressent directement au président Faure Gnassingbé : « Nous voulons vous dire que le Togo n'est pas votre seule propriété, mais plutôt pour nous tous. Vous vous êtes enfermés avec 91 députés à minuit trente dans un enclos pour vous dire ce qui vous plaît ». Soit une référence à l'adoption tard dans la nuit de la nouvelle constitution le 26 mars dernier.
Le message vidéo déplore également la gouvernance économique de l'exécutif et le chômage des jeunes diplômés.
Pour l'ONG Tournons la page au Togo, le message des deux jeunes ne fait que « dire tout haut ce que pense la majorité du peuple ». Son coordinateur David Dosseh soutient que « cette affaire illustre la restriction des libertés fondamentales dans le pays ».
Pour leur avocat Me Elom Koffi Kpade, les jeunes ont peut-être servi d'« échantillon » pour lancer « un message aux jeunes ». Selon lui, « si on devrait qualifier ça d'outrage à l'égard du chef de l'État, je pense que tous les huit millions de Togolais que nous sommes nous retrouverons en prison, puisqu'en réalité, les Togolais disent cela tous les jours ».
00:58 Pour l'avocat des deux jeunes, Me Elom Koffi Kpade, « on a peut-être voulu prélever un échantillon et lancer un message aux jeunes, pour dire "attention, il faut faire dorénavant attention lorsque vous parlez du chef de l'État" »