Madagascar: Délestage - silence, on dépouille

Il était 17 heures 20, ce mercredi 29 mai 2024, quand l'électricité coupa. Jamais délestage ne me fit autant plaisir. Mettant fin au karaoke sauvage d'à-côté. Des voisins familiers des nuisances sonores, toute une éducation à refaire pour qu'ils comprennent un jour que leur musique doit rester chez eux et ne pas franchir le mur du çon (comme écrirait Le Canard enchaîné).

Le bureau du Fokontany n'est pas loin, mais je doute que mes multiples signalements soient compréhensibles au-delà du fossé d'éducation de tantôt : bien plus qu'une différence de culture, c'est déjà un choc de civilisation. Quand des autorités administratives de base partagent finalement les mêmes conditions de vie, de rustiques latrines «101» par exemple, il leur est simplement impossible de comprendre comment fonctionnent des toilettes anglaises avec chasse d'eau et fosse septique, ainsi que la nécessité d'imposer leur généralisation pour éviter remugles et mouches bleues.

Surpopulation, promiscuité, voisinage problématique, pèsent sur le quotidien de cette Capitale saturée qui s'effondre doucement sous son propre poids. Adduction d'eau courante et alimentation en électricité accaparent manifestement toute l'attention pour qu'on se soucie encore de nuisances sonores, pourtant plurielles. Ce serait presque un problème de riche, et bientôt snobisme de bourgeois.

Il est fatigant de devoir demander au chauffeur de taxi de baisser le volume de l'émission débile qui abrutit ses oreilles toute la journée. Il est lassant de faire remarquer que même le plus antique diesel n'a pas besoin de hoqueter dix minutes sur place avant de s'en aller. Il est usant de s'énerver qu'échappement libre de scooters, sonorisation portative avec playlist sur carte USB, ou grosse sono de caravane électorale, se fichent du panneau «Silence, Hôpital». Le pire, c'est que, partout, agents des Fokontany comme les nombreux policiers de la circulation (heureuse surprise d'avoir vu la CIRGN, la Gendarmerie, poster un rappel à l'ordre contre le bruit excessif) ne semblent pas saisir « où est le problème ».

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Je suis donc fort aise de chroniquer dans un silence relatif. Mais, c'est bientôt heure de dépouillement dans les bureaux de vote. Ce délestage-là n'a pas fini de faire parler de lui.

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