L'Espace GAEC-Africa a abrité récemment une exposition pluridisciplinaire intitulée «Les Yeux de l'Eau» et qui fédère le travail de trois (3) artistes visuels du paysage artistique sénégalais. Il s'agit de Besse Sow, Daud et Kha Bamba, qui ont travaillé sur des tableaux alliant peinture, illustration documentaire et «mixtissage» et qui valorisent l'héroïsme quotidien des femmes en Afrique de l'Ouest. La Rédaction est allée à la découse ces trois artistes visuels.
Ce travail (exposition) est le fruit de la collaboration tissée entre les trois (3) artistes visuels que sont Kha Bamba, Daud et Besse Sow. Ils ont fait l'éloge des femmes africaines dans leur projet, en les présentant en modèle à la jeune génération de femmes. «C'est une exposition collective de trois artistes qui parlent de la femme, de son travail, du rôle qu'elle joue dans la société au Sénégal, en Afrique de l'Ouest. C'est une inspiration quotidienne et totale car nous ne sommes rien sans les femmes. Et ça, c'est une exposition qui vient valoriser le travail et la vie des femmes», a dit Daud qui n'est que le pseudonyme de David de Echave, illustrateur documentaire originaire d'Espagne et dont l'oeuvre est consacrée aux questions d'importance sociale et environnementale.
Daud est l'auteur d'une trilogie sur le phénomène des enfants en situation de rue : «Seule la vie» ; «Regards» et «Petit bout de bois» ; ce dernier étant écrit par l'humoriste sénégalaise Patricia Gomis. Dans ses travaux, il interroge le paradigme de notre regard : comment nous «voyons» ou «ne voyons pas» ces enfants et comment sont-ils réellement ? Il a créé et développé des supports éducatifs et de sensibilisation communautaire pour GAEC-Africa. Il est aussi le promoteur du projet «Social Visual Projet», une initiative dans laquelle des éducateurs, des artistes et des associations offrent des formations artistiques gratuites aux enfants victimes de situations extrêmes. Depuis 2016, il est également collaborateur régulier du journal espagnol El Pais. Dans la section «Planeta Futuro», il illustre des reportages et articles sur le développement durable, les inégalités globales, les routes migratoires africaines, le changement climatique ou la santé mondiale.
FATOU MANEH, MARIAMA BA, ANNETTE DERNEVILLE, FATOU DIOME, AMINATA SOW FALL... DANS «LES YEUX DE L'EAU»
Devenant sur l'exposition, le natif de Labé, en Guinée, Ameth Tidiane Sow dit Besse Sow, qui vit à Dakar depuis plus de 30 ans, dans sa maison-atelier du quartier Médina, a cité une pléthore de femmes africaines qui apparaissent sur les tableaux de cette exposition. «On a présenté des personnages de femmes telles que Fatou Maneh, Mariama Bâ, Annette Derneville, Fatou Diome, Aminata Sow Fall, entre autres, qui sont des femmes qui ont beaucoup marqué l'histoire du continent africain. Nous les avons présentées pour que certaines femmes s'inspirent d'elles pour pouvoir contribuer au développement du pays», a fait savoir l'artiste-peintre.
Besse Sow travaille depuis plusieurs années à la réalisation de fresques murales et d'ateliers participatifs où il forme des enfants en situation de rue et des jeunes à situation de handicap en collaboration avec «Social Vision Projet». Grâce à son iconographie particulière dans le style «car rapide», il a décoré des centaines de meubles, barils, tabourets, lampes, assiettes ou malles, vendus dans de nombreuses galeries à Dakar et à Gorée. Ses peintures de petit format voyagent dans le monde entier, au bras des touristes et des expatriés, sous le nom de «souvenir original du Sénégal». Il réussit à y refléter l'héroïsme particulier d'une Afrique de tous les jours, la culture locale et universelle du combat quotidien et de la survie grâce à la «baraka», l'éternelle recherche de la chance pour survivre dans la vie.
ENTRE IDENTITE ET OUVERTURE CULTURELLE ET INTERROGATION ENTRE CULTURE, TRADITION ET MODERNITE
Le troisième artiste de cette exposition n'est que le jeune natif de Diourbel. Kha Bamba, de son nom d'artiste plasticien, il vit et travaille à Dakar, où il a grandi. Il est diplômé de l'École Nationale des Beaux-Arts du Sénégal (ENA) d'où il est sorti major de sa promotion. Inspiré par sa mère couturière et son grand-père, Papa Ibra Tall, artiste licier, précurseur de l'art au Sénégal, il décide de travailler sur du textile comme médium, étant une matière très présente dans son environnement et son quotidien. A travers un assemblage de tissus, textiles, peintures et coutures, Kha Bamba présente des personnages qui se fondent et se dissolvent dans un décor de textiles dont les fonctions traditionnelles ont été repensées.
Aussi crée-t-il des oeuvres qui questionnent la relation entre l'identité et l'ouverture culturelle et évoquent l'interrogation entre culture, tradition et modernité. Il a exposé ses oeuvres dans différentes galeries, centre et programmes artistiques nationaux, sous régionaux et internationaux (Sénégal, Burkina Faso, Mali, Bénin, Maroc, Afrique du Sud, Espagne, France et Pays-Bas). Il participe aux expositions de la biennale de Dak'art depuis 2018, et ses oeuvres font partie de collections internationales réputées.