Sénégal: Atteinte des objectifs de lutte contre le SIDA en 2025 - Le pays presque out

La lutte contre le Vih/Sida a connu des progrès au Sénégal. Le taux de prévalence de l'infection dans la population générale ne cesse de connaître une baisse ces dix dernières années, passant de 0,7% à 0,3% depuis 2022. Des avancées rendues possibles grâce aux dispositions mises en place par le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) comme le parrainage de soin aux touts petits, le dépistage de la femme enceinte mais aussi les actions rapprochées tenues par les acteurs communautaires pour sensibiliser les populations sur la propagation de la maladie. Cependant, à un an de l'échéance mondiale, fixée en 2025, le Sénégal pourra-il être au rendez-vous ? Rien n'est moins sûr, au vue des résultats, même si les acteurs relève que notre pays «est sur la bonne voie».

Il sera difficile pour le Sénégal d'être au rendez-vous de 2025, dans la lutte contre l'infection à Vih Sida concernant les objectifs mondiaux. Cependant, y être ne sera pas aussi une surprise au vue des résultats enregistrés dans la lutte contre le Sida dans le pays. Le Sénégal ne cesse de noter des progrès dans les trois secteurs dégagés par l'Organisation mondiale de la santé (Oms) dont le dépistage, le traitement et la charge virale qui doit être négative. Dans tous ces objectifs, le Sénégal doit enregistrer un score de 95%.

Dans cette marche pour l'éradication du Sida dans le monde, le Sénégal, pour le premier objectif de dépistage, était à 88%, 91% des personnes dépistées sont sous traitement et 90% avaient une charge virale très basse parmi celles qui étaient sous traitement en 2022. Pour ce qui concerne l'infection, on peut noter une chute dans la population générale avec un taux de prévalence, selon les dernières estimations du Spectrum 2021 de l'Onu-Sida de 0,3%, publié en décembre dernier.

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Selon ces mêmes estimations, au Sénégal, en 2021, le nombre de personnes vivant avec le Vih (Pvvih, adultes et enfants) est estimé à 40.277 personnes dont près de 21.703 femmes et 3.957 enfants de moins de 15 ans. Quant aux nouvelles infections à Vih, le rapport a relevé une baisse régulière au Sénégal, passant de 5167 en 2005 à 1590 en 2021 ; soit une baisse de 69,2% dont 60,5% des nouvelles infections qui surviennent chez les 25-49 ans ; 22,2% chez les 0-4 ans ; 14,3% chez les 15-24 ans ; 3,0% chez les 50 ans et + (plus).

Selon le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), si l'on prend les nouvelles infections dans le pays, elles sont en baisse régulière, passant de 2421 en 2010 à 1575 en 2022 soit une baisse de 53,7%. «Selon les nouveaux objectifs de l'Onu-Sida pour une réduction de 81,5% des nouvelles infections en 2025, le Sénégal est sur la bonne voie pour l'atteindre. En effet, le pays a enregistré une baisse de 53% de nouvelles infections depuis 2010, conformément aux directives de l'Onu-Sida», relève ledit rapport.

Parlant des modes de transmission du Vih, la voie sexuelle et la transmission mère-enfant dominent. Et pour les décès, les estimations du Spectrum font état d'une baisse entre 2021 et 2022, passant de 1024 à environ 992 décès ; soit une diminution de 3,2%.

DES ACQUIS REVUS A LA BAISSE

La pandémie de la Covid-19 a plombé, selon le Conseil national de lutte contre le sida (Cnls), plusieurs acquis dans la marche vers l'atteinte des trois 95 fixés pour 2025 par l'Organisation mondiale de la santé pour éradiquer cette maladie dans le monde. Selon le Cnls, plusieurs activités ont été reportées afin de faire focus sur cette lutte contre la pandémie de la Covid-19. Une situation qui a conduit, à un certain moment en 2020-21, à une légère hausse des nouvelles contaminations.

Si dans les grandes villes, les personnes atteintes de Vih ont pu poursuivre le traitement, le dépistage, dans la banlieue et dans plusieurs régions, l'infection a continué à faire des ravages. A en croire certaines indiscrétions, dans la banlieue dakaroise, à Guédiawaye, Pikine et Keur Massar, l'infection à Vih/Sida continue de faire des ravages. «Il n'y a plus de financements pour les activités de sensibilisation et des campagnes de dépistages. Les organisations non gouvernementales qui nous accompagnaient, ont cessé de le faire. Les clubs dans les écoles, qui organisaient des sensibilisations, sont presque inexistants», a fait savoir un jeune acteur de la lutte.

Une situation qui a conduit à une augmentation des cas dans les contrées périphériques de Dakar. Ce dernier a aussi souligné que les campagnes de distribution gratuite de préservatifs ne se font plus. Il faut aller dans les officines ou encore dans les boutiques pour s'en procurer. Cette assertion de cet acteur de lutte est confortée par la sortie du Cnls dans son dernier rapport qui soutient : «chez les adolescents, les nouvelles infections ont légèrement augmenté passant de 14,3% à 14,4% entre 2021 et 2022».

LES ENFANTS, L'EQUATION DE LA PRISE EN CHARGE

Par contre, le Cnls informe que les nouvelles infections chez les enfants sont passées de 22,2% en 2021 à 20,7% en 2022. Dans son dernier rapport en 2022, sur une estimation de 3605 enfants infectés par le Vih, seuls 1559 ont été diagnostiqués, soit 43% ; 1464 parmi eux ont eu accès au traitement par les antirétroviraux (Arv), soit 41%. Et seulement 1169 ont une suppression de la charge virale, soit 32%.

Pour le Cnls, le faible accès au dépistage chez les enfants serait lié à plusieurs facteurs dont la stigmatisation, le statut d'orphelin, le faible niveau socio-économique des familles ainsi que les facteurs programmatiques comme l'insuffisance d'intégration au dépistage systématique du Vih au niveau des services de prise en charge des enfants et le faible recours au dépistage familial.

Pour booster la prise en charge, le Cnls a initié plusieurs campagnes dont «Prendre un enfant par la main», un système de parrainage qui permet d'accompagner l'enfant tout au long de son traitement. Il y a aussi la recherche des perdus de vue qui permet de poursuivre le traitement. Dans ces stratégies, le Cnls est accompagné par les Associations de personnes vivant avec le Vih, qui aident dans la recherche des cas, la surveillance et l'accompagnement du malade.

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