L'un des évènements phares des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) qui se tiennent à Nairobi depuis le 27 mai 2024, est le lancement ce 30 mai, du rapport sur les Perspectives économiques en Afrique : «Impulser la transformation de l'Afrique par la réforme de l'architecture financière mondiale ».
Kevin URUMA , Economiste en chef de la BAD
Dans le document, la Bad renseigne que les économies africaines restent résilientes face aux multiples chocs, avec une croissance moyenne qui devrait se stabiliser à 4,0% en 2024-2025, soit à environ un point de pourcentage de plus que les 3,1% estimés en 2023.
«Selon les estimations, la croissance moyenne du produit intérieur brut (Pib) réel a ralenti, passant de 4,1% en 2022 à 3,1% en 2023. Cette baisse est attribuée à divers facteurs, notamment la persistance des prix élevés des denrées alimentaires et de l'énergie due aux effets durables de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, à la faiblesse de la demande mondiale qui pèse sur les performances des exportations, au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes qui entravent la productivité agricole et la production d'électricité, ainsi qu'aux poches d'instabilité politique et de conflits existant dans certains pays africains », lit-on dans le document.
Malgré la persistance de vents contraires, ajoute la même source, 15 pays ont enregistré un taux de croissance d'au moins 5% en 2023. «Bien que 3 des plus grandes économies du continent enregistrent des taux de croissance plus faibles du Pib réel, plus de la moitié (31) des pays africains ont eu en 2023 des taux de croissance du PIB réel supérieurs à ceux de 2022. En fait, pour 6 d'entre eux, dont le Burkina Faso, Djibouti, Eswatini, la Libye, la République du Congo et le Soudan du Sud, les différences entre 2022 et 2023 dépassent 2 points de pourcentage », note la Bad.
Malgré les défis mondiaux qui ont mis à l'épreuve les économies du monde entier, le continent africain devrait rester résilient. La croissance du PIB réel devrait atteindre 3,7% en 2024 et 4,3% en 2025, dépassant les 4,1% de 2022, avec la disparition progressive des effets des facteurs susmentionnés pesant sur la croissance en 2023 .
Le rapport souligne que le rebond projeté de la croissance moyenne de l'Afrique sera mené par l'Afrique de l'Est (en hausse de 3,4 points de pourcentage), l'Afrique australe et l'Afrique de l'Ouest (chacune en hausse de 0,6 point de pourcentage). Il est important de noter qu'en 2024, 40 économies afficheront une croissance supérieure à 2023. Pour 17 d'entre elles, la croissance projetée devrait dépasser 5% en 2024, tandis qu'en 2025, ce nombre pourrait passer à 24 suite à une accélération du rythme de la croissance. Ce fait est néanmoins remarquable et permettra à l'Afrique de conserver son classement de 2023 comme deuxième région après l'Asie ayant la croissance la plus rapide, avec une croissance projetée pour 2024-2025 dépassant la moyenne mondiale de 3,2% en 2024.
Selon le rapport, les perspectives de croissance en 2024-2025 sont hétérogènes dans les régions et les groupements économiques de l'Afrique, reflétant les différences dans la structure des économies, la dépendance aux produits de base et les réponses des politiques nationales visant à atténuer l'impact de ces chocs.