Ile Maurice: «La politique et les courses hippiques ne font pas bon ménage»

interview

Vous qui êtes loin de Maurice (NdlR: il se trouve en Afrique du Sud), comment avez-vous appris la nouvelle que People's Turf PLC (PTP) compte mettre fin à l'organisation des courses à la fin de la saison ?

C'est un proche qui m'a annoncé la nouvelle. Mais je savais déjà que PTP allait avoir des difficultés à poursuivre avec l'organisation des courses hippiques. Ce n'était pas possible qu'il y ait deux organisateurs de courses. L'entretien de la piste ne pouvait pas être effectué une semaine par un organisateur et l'autre semaine par un autre. Un décide qu'il faut tondre le gazon à deux centimètres et l'autre à six. Ou encore une semaine placer les false rails à deux mètres et l'autre à trois. Non, je savais que cela ne pourrait pas continuer.

Pourtant, vous avez faire courir vos chevaux durant les deux dernières années ?

Je suis un professionnel. Je fais courir mes chevaux un peu partout, à Durban, à Johannesburg là où les conditions sont réunies. Mais malheureusement, j'ai constaté qu'avec PTP, la situation allait de mal en pis et avec la baisse de stakes money, je ne pouvais pas continuer. Il y a un coût pour faire courir des chevaux en courses.

Donc PTP n'a pas été à la hauteur?

Il faut reconnaître que PTP n'avait ni l'expérience ni l'expertise pour se lancer dans cette activité. Elle a essayé mais a vite compris qu'on ne peut remplacer un club qui, pendant plus de 200 ans, a organisé des courses. Il est vrai que le Mauritius Turf Club (MTC) a commis des erreurs, mais malgré cela, chaque année, il y avait un programme des courses qui a été respecté

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De quelles erreurs du MTC parlez-vous?

Je vous donne un exemple. Il fallait revoir le board d'appel. Pendant longtemps, il y a eu un appel des autorités pour que le MTC revoie la composition de ce board d'appel. On ne peut pas être juge et partie en même temps. Certes, il y en a d'autres comme le handicap des chevaux. Il fallait un contrôle.

Ne pensez-vous pas que People's Turf a fait cette annonce juste pour ne pas embarrasser le gouvernement qui, il faut le préciser, a soutenu cette compagnie pour remplacer le MTC?

Je ne suis pas là pour dire qu'un gouvernement a favorisé ou va favoriser un racing organiser en particulier. Il y a eu une politisation des courses. Je ne suis ni en faveur d'un gouvernement ni un autre. On n'a pas compris comment la municipalité de Port-Louis a cédé la gestion du Champ-deMars à Côte-d'Or International Racecource Complex (COIREC).

La politique et les courses hippiques ne font pas bon ménage. Les autorités gouvernementales peuvent avoir un droit de regard sur l'organisation des courses. Mais il ne faut pas qu'elles s'ingèrent dans cette organisation. Je ne comprends pas non plus le rôle de la Gambling Regulatority Authority (GRA) et de la Horse Racing Division (HRD).

Il faut revoir tout. Le MTC a fait ses preuves pendant plus de 200 ans. Il a commis ses erreurs. Mais de là à mettre hors course ce club a été une mauvaise décision.

Pensez-vous que le club pourrait à nouveau organiser les courses hippiques ? Il vient d'émettre un communiqué disant que sa mission a toujours été d'organiser les courses...

Le MTC ne nous apprend rien de nouveau. Le club a été fondé depuis plus de 200 ans pour organiser les courses. Il a l'expertise pour faire cela. Mais il faut absolument trouver un nouveau champ d'entraînement pour les chevaux. Le Champ-de-Mars est dépassé. Les chevaux ne peuvent pas s'entraîner convenablement, avec le climat, le tapage et la dégradation de la piste.

Aussi, il faut trouver un nouvel hippodrome. Et là, je lance un appel à tout un chacun pour trouver un endroit idéal. Il y a eu trop de divergences de vues sur le choix d'un endroit. Certains préféraient Rivière-Noire, d'autres Médine ou encore un endroit dans le Nord ou à Côte-d'Or. En attendant ce nouvel hippodrome, les couses peuvent se tenir au Champ-de-Mars pour les deux ou trois prochaines années. Mais pas plus.

Les courses hippiques peuvent-elles encore attirer les Mauriciens selon vous ?

Absolument. C'est le sport le plus populaire à Maurice. Les Mauriciens de n'importe quelle région suivent les courses et pas nécessairement pour le betting. Elles ont été organisées pour réconcilier les Français et les Anglais. Mais c'est dommage que maintenant cela divise les Mauriciens. Les courses transcendent les barrières sociales, religieuses ou encore politiques.

Savez-vous combien de fois des gens dont une majorité que je ne connais pas me demandent un tuyau ? Cela démontre la popularité de cette activité. Encore une fois, je dis que le gouvernement, peu importe celui qui dirige, doit rester loin de l'organisation des courses. Partout dans le monde où il y a une tentative d'ingérence gouvernementale, cela s'est mal terminé. La dernière fois, quand les autorités ont constaté qu'il y avait des choses à corriger, il fallait qu'il y ait une table ronde et donner quelque six mois pour que l'organisateur des courses apporte les changements nécessaires. Il ne faut pas être négatif. Chacun doit mettre son ego de côté.

Si toutes les conditions dont vous parlez sont réunies, peut-on s'attendre un comeback de Ricky Maingard au Champ-de-Mars ?

Non, je suis trop vieux. Il faut la relève.

Justement, ne pensezvous pas que des amoureux des courses comme vous peuvent aider à assurer la relève ?

Certainement. Je suis prêt à le faire.

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