Dakar — La mission européenne, dépêchée au Sénégal dans le cadre de l'observation du processus ayant débouché sur la tenue le 24 mars dernier de l'élection présidentielle, a rendu public, jeudi, à Dakar, un rapport contenant 22 recommandations allant dans le sens d'une amélioration du système électoral sénégalais.
"La mission d'observation électorale de l'Union européenne a élaboré 22 recommandations en vue de contribuer à l'amélioration des prochains processus électoraux. Parmi ces recommandations, huit sont jugées prioritaires", a déclaré Malin Björk, la cheffe de la mission, lors de la présentation du rapport final de ses activités.
Elle a souligné que les recommandations portent, entre autres, sur la nomination aux organismes électoraux, la transparence du processus, l'inscription des électeurs, le parrainage des candidats, la publication des résultats, le financement de la campagne, l'accès à l'information, la liberté d'expression.
Malin Björk n'a pas manqué de rappeler qu'elles prenaient également en compte la question du financement des partis politiques, des médias, des réseaux sociaux et la participation des femmes, des personnes en situation de handicap et celle relative au déroulement du processus, du dépouillement et la compilation des résultats.
Les observateurs de l'Union européenne (UE) proposent le renforcement de l'indépendance et l'impartialité des membres des institutions électorales, qui sont nommés par le président de la République.
Ils ont jugé essentiel d'envisager une plus grande pluralité dans la nomination de ces derniers dans les organes majeurs du processus électoral, afin de renforcer leur indépendance et la confiance des parties prenantes.
La cheffe de la mission d'observation électorale de l'UE a également suggéré le renforcement des organes de gestion et de supervision du processus électoral et la garantie d'un accès à l'information surtout sur le fichier électoral, la carte électorale.
Dans le but de garantir le plein exercice du droit de vote, l'inscription sur les listes électorales en particulier pour les jeunes doit être automatique pour tous les détenteurs de la carte d'identité nationale éligibles dans le fichier électoral, ont mentionné les observateurs européens dans le rapport.
Ils ont dans le même ordre d'idées préconisé la mise en oeuvre d'un système fonctionnel de radiation des électeurs décédés du fichier en collaboration avec l'état civil et d'envisager la disparition progressive des cartes d'électeur.
Le rapport fait mention des conditions d'éligibilité des candidats qui doivent être fondées sur des critères objectifs, raisonnables et prévisibles.
En vue d'une plus grande transparence, la mission recommande "d'inclure dans le code électoral l'obligation de publier en ligne les résultats provisoires, bureau de vote par bureau de vote dès la proclamation des résultats" par l'autorité concernée. Ce qui fait partie des bonnes pratiques internationales, fait-elle savoir.
Les analyses ont pu montrer le besoin d'adopter "un cadre juridique du financement des partis politiques et de la campagne électorale, afin de renforcer l'égalité des chances entre les candidats et garantir la transparence", a par ailleurs dit Mme Björk.
Les observateurs électoraux de l'UE ont relavé que "les dispositions sur le code pénal manquent de précision et constituent une limite à la liberté d'expression contraire aux engagements internationaux et régionaux du Sénégal et, c'est pour cela que nous demandons d'abroger ou d'amender les provisions qui sanctionnent les +fausses nouvelles+".
Malin Björk a assuré que ces recommandations techniques ont déjà été mises à la disposition des autorités sénégalaises en charge de l'organisation des élections et des autres parties prenantes du processus électoral. Le rapport final sera remis aux autorités gouvernementales.