Afrique: Usha Reena Rungoo lauréate pour l'Afrique

Une voix de l'Afrique, née à Maurice, qui s'épanouit en Amérique. Beau parcours d'Usha Reena Rungoo, avec sa nouvelle intitulée Dite. Hier, notre compatriote a été désignée lauréate du Commonwealth Writers' Prize pour la région Afrique, dans la catégorie nouvelle.

Elle fait partie des cinq gagnants régionaux qui ont été annoncés. Ils sont maintenant en lice pour le prix global, qui sera attribué le 26 juin. Tout en félicitant les gagnants régionaux, la présidente du jury, Jennifer Nansubuga Makumbi, a souligné que «the punch of a good short story leaves you breathless. As the judging panel, we enjoyed, sorrowed, celebrated and eventually agreed that these stories came up on top of the different regions».

Dite est présentée par le Commonwealth Writers Prize comme une «exploration de l'amour d'une Mauricienne pour le thé et de ce qui lie ce breuvage à l'histoire coloniale. Chaque thé de sa collection fait appel à la mémoire olfactive et raconte sa relation avec l'éducation, la langue, le sexe et d'autres femmes».

Les cinq meilleures nouvelles de la cuvée 2024 seront publiées dans le magazine littéraire en ligne Granta. Des photographes du Commonwealth ont aussi été retenus pour illustrer ces cinq nouvelles.

Usha Reena Rungoo est Assistant professor au département des langues et littératures romanes à l'université de Harvard. À la mi-avril, quand sa nouvelle avait été retenue sur la shortlist des 23 présélectionnés parmi plus de 7 000 participations, elle nous avait parlé de son «activisme social» par le biais de la littérature.

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De sa nouvelle Dite, elle confiait que «ce qui m'intéresse dans le colonialisme et le racisme, ce sont ces façons subtiles de changer de comportement. J'ai compris, à un très jeune âge, que si je voulais réussir à Maurice, je devais maîtriser parfaitement le français à l'oral».

Dans la vidéo de présentation des présélectionnés, elle affirme que sa raison d'écrire c'est de «speak truth to power». «Dans le passé, quand je parlais de racisme, les gens étaient un peu fermés à ces questions. On voulait prétendre qu'on est tous Mauriciens, que tout va bien. Ce qui est génial avec la fiction, c'est qu'elle rend les gens plus ouverts. À travers les histoires, je peux faire passer le message.» Dite est aussi un «hommage à Proust» et à sa proverbiale madeleine.

Originaire de Souillac, Usha Reena Rungoo suit le cursus secondaire au collège de Lorette de Curepipe. «C'est là que j'ai pris conscience du racisme. Des profs nous traitaient différemment.» En 2008, elle obtient le Bachelor of Arts in French Studies de la Trent University, située dans l'Ontario, au Canada. Elle poursuit avec le Master's degree in French Studies à la Queen's University en 2011 avant d'obtenir le doctorat en French Studies and African American Studies de l'université de Yale en 2018.

Sa spécialité à Harvard c'est l'enseignement de la littérature des Antilles et de l'océan Indien. «J'ai enseigné Le silence des Chagos de Shenaz Patel à Harvard. Quand on introduit l'île Maurice aux étudiants, c'est important de parler de l'histoire des Chagos. J'ai enseigné Ananda Devi, Nathacha Appanah. Maurice a de bons auteurs femmes. Les enseigner c'est non seulement présenter la littérature mauricienne aux étudiants mais c'est aussi pour m'inspirer.»

Rappelons que dans la catégorie roman du Commonwealth Writers Prize, Lindsey Collen s'est distinguée deux fois. En 1994, le prix lui a été décerné pour The Rape of Sita alors que l'ouvrage est censuré à Maurice. Puis en 2005, son roman Boy lui a valu les honneurs. Quant au Commonwealth Short Story Prize, il existe depuis 2012 et récompense des nouvelles inédites.

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