Au Congo, le jour de l'enterrement a est transformé en moment d'exhibition d'habits, de bijoux et de chaussures, ainsi que de jouissances et non de recueillement, de méditation et de compassion.
Autrefois, les personnes qui se rendaient dans un lieu de deuil, ce qu'on appelle communément les veillées, se rapprochaient des endeuillés afin de les assister, les consoler, les écouter, bref être à leurs petits soins. Le plus souvent, les endeuillés perdent le contrôle de leur vie, n'ont pas de force pour s'occuper des leurs et ne sont pas disposés à faire des courses. Généralement, ils passent leur temps à pleurer le défunt, à se remémorer les souvenirs liés à l'illustre disparu et parfois à réfléchir à la manière de trouver les fonds pour organiser l'inhumation.
Habituellement, durant toute la période des obsèques, les voisins et les amis de la famille endeuillée font de leur mieux pour se rendre utiles. La plupart d'entre eux font la cuisine, la lessive, le ménage et s'occupent des courses. D'autres se proposent de s'occuper des enfants, les accompagner à l'école, les aider à faire leurs devoirs ou encore à prendre un bain. A ce moment-là, ils compatissent en actions et en vérité. A l'époque, c'était la solidarité authentique, la fraternité réelle et l'humanisme au sens plein du terme.
Mais, depuis quelques années, les choses ont changé. La vertu a fait place au vice, la distraction a remplacé le sérieux et la pagaille a pris la place de la compassion et de l'empathie. Cela est d'autant plus vrai dans la mesure où le jour de l'enterrement, par exemple, les gens viennent au lieu de deuil pas pour servir et compatir, mais plutôt pour se servir, faire le m'as-tu vu, s'amuser et se détendre. En fait, le jour de l'enterrement a perdu son sens, son originalité et sa raison d'être.
Dans la réalité, les gens se rendent au deuil pour montrer leurs nouveaux habits, exhiber leur beauté et en fin de compte s'empiffrer d'alcool. En ces moments, la tristesse fait place à la joie, aux réjouissances et à l'ambiance, sous le regard impuissant et inquisiteurs des endeuillés. Le jour de l'enterrement ressemble, tristement, à un défilé de mode, à une élection de miss ou à une festivité en faveur des sapeurs. Quelle honte, quel gâchis !
A vrai dire, les gens devraient se ressaisir, redonner aux obsèques leur vraie raison d'être. S'ils n'arrivent pas à agir convenablement de leur propre chef, peut-être qu'il faudrait les y contraindre. Les chefs de quartier, de zone, de bloc et de rue, de concert avec les forces de l'ordre, devront veiller à ce que les obsèques se passent dans la dignité absolue, comme autrefois.
Aussi, peut-être, dans les sphères plus élevées, les autorités devront édicter des lois pour régir l'organisation des obsèques et spécialement le jour de l'enterrement, sur toute l'étendue du territoire national. Si les choses sont prises en main, l'ordre pourra revenir. Pour preuve, il est possible d'évoquer les mesures qui ont encadré la période de deuil et surtout les enterrements pendant la triste période du covid-19. L'implication majeure des autorités avait permis de réussir les enterrements en toute dignité. C'est à la fois une excellente référence et une bonne base d'inspiration.