Après sa sortie officielle le 27 avril 1968 au bar chez Faignond, l'orchestre Super Boboto (SBB), sous la houlette d'Ange Linaud Djendo, a pour siège le Super Jazz, bar qui fut situé dans la rue Makoko, dans le troisième arrondissement de Brazzaville, Poto-Poto, et qui sera débaptisé plus tard le « Temple rouge » suite à son engagement à la cause révolutionnaire congolaise.
« Ebonga ébonga té ! Toujours meilleur », slogan du SBB que les chanteurs lançaient souvent au cours des concerts. Pendant les week-ends, hormis le bar Super Jazz, Bouya Bar, chez Mbati, Mess mixte de ganison et autres lieux des prestations du SBB étaient des occasions de retrouvailles appuyées par une forte publicité à la Radio Congo, où affluait la crème mondaine brazzavilloise, entre autres, les associations féminines (La Violette, la Rosette, la Pose), certaines militantes de l'Union révolutionnaire des femmes du Congo, venues nombreuses danser et savourer la bonne musique de l'orchestre, sans oublier les mélomanes, les ambianceurs, les "ngembos" et surtout la présence très remarquée des " mizikis ya SBB" qui furent des groupes de jeunes filles élégantes qui accompagnaient le SBB dans ses différentes prestations.
A noter que le SBB, après avoir été doté des instruments flambants neufs par l'Etat congolais, va s'engager dans la production des oeuvres ayant pour objectif de mobiliser les masses aux idéaux de la révolution et la radicalisation qui étaient les leitmotivs du Parti congolais du travail qui dirigeait l'Etat à l'époque. Au fil du temps, le SBB devenu chantre de la révolution congolaise, va aussi contribuer par le biais de ses chansons à l'élan révolutionnaire qu'entretenait l'Union de la jeunesse socialiste congolaise.
Suite à son engagement à la cause révolutionnaire, le bar Super Jazz, son siège, fut débaptisé le « Temple rouge », la couleur du drapeau de la République de l'époque qui symbolisait le sacrifice et dont le SBB mit en exergue dans la chanson « Votez rouge » de Michel Michou Mienandi. En 1971, à l'issue d'un concours, le SBB remporte le premier prix de la chanson révolutionnaire.
L'on notera également la présence du président Marien Ngouabi lors des cérémonies organisées à l'état-major, agrémentées par le SBB. L'épopée de l'orchestre se poursuivit successivement en République centrafricaine où il livra plusieurs concerts, en URSS dans les villes telles que Moscou, Moldavie, Kisnev en 1974, et sa participation au Festival de musique en République démocratique allemande où il avait eu le privilège et l'honneur bien mérité de représenter le Congo.
Les prestations à travers le pays, notamment à Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi et Owando furent également une autre étape de la glorieuse et sublime épopée du SBB dans l'arène musicale congolaise.
La conjoncture difficile et les conflits internes qu'ont connus bon nombre d'orchestres vers la fin des années 1980 n'ont pas épargné le SBB qui se disloqua après dix-sept ans de vie artistique dans la sphère musicale congolaise. (Fin)