Le ministre de l'Intérieur, de la Décentralisation et du Développement local, Raymond Zéphirin Mboulou, a lancé, le 29 mai, à Brazzaville les travaux de la mission d'évaluation des capacités de prévention et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) en République du Congo.
Point focal du CAERT, la Centrale d'intelligence et de documentation (CID) a fait appel à cet organisme spécialisé de l'Union africaine aux fins de bénéficier de son expertise en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent. Ceci à un moment où des groupes armés écumant certains pays de la ceinture de sécurité de la République du Congo ont proclamé leur affiliation aux organisations terroristes internationales. Le directeur par intérim du CAERT, Idriss Mounir Lallali, a salué la détermination du gouvernement congolais à oeuvrer inlassablement à l'éradication de la menace terroriste.
Selon lui, cette mission se propose de se faire une idée nette du niveau de mise en oeuvre du Plan d'action 2002 de l'Union africaine par la République du Congo, des capacités du pays à mettre en oeuvre les engagements pris aux termes de ce plan. Il s'agira également de faire l'état de coopération interne dans la lutte contre le terrorisme, des moyens existants, des difficultés, et de tout ce qui permettra d'élaborer des recommandations utiles à l'amélioration des mesures et mécanismes existants, et des moyens de lutte antiterroriste. Les objectifs essentiels de la mission étant d'établir le catalogue des besoins réels du pays en assistance technique par domaine et par ordre prioritaire ainsi qu'élaborer des recommandations à l'Etat congolais. « Un rapport préliminaire sera établi et adressé aux autorités congolaises, afin que nos vues soient harmonisées sur le contenu à diffuser », a précisé le coordonnateur de la mission d'évaluation du CAERT.
Se mettre en adéquation avec les recommandations en la matière
Faisant un bref aperçu historique des périodes tumultueuses que le Congo a connues de 1982 à 2017, l'administrateur général de la CID, le général Philippe Obara, a rappelé qu'une paix et une sécurité relatives sont actuellement observées sur l'ensemble du pays, lui permettant le qualificatif de "Havre de paix et de sécurité". « L'évaluation de la sécurité nationale, régulièrement faite par les services, permet de l'affirmer et nous pousse parfois à un optimisme susceptible de couvrir un calme trompeur. C'est pour éviter de verser dans cet optimisme qui ne met pas notre pays à l'abri d'actes terroristes, qu'il sied de savoir se remettre en cause pour mieux comprendre et pouvoir avancer avec plus d'assurance », a-t-il précisé.
D'après lui, au regard de la transversalité de la problématique posée, aucune administration ou aucun service ne peut se prévaloir du monopole ou d'une solution en oeuvrant de manière solitaire. « De cette évaluation, notre pays attend l'analyse que vous retiendriez au terme de cette mission avec, à la clé, des recommandations pertinentes pour l'élaboration d'une loi et d'un plan d'actions pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent en République du Congo. Ces instruments permettront à la République du Congo de se mettre en adéquation avec les recommandations des Nations unies, de l'Union africaine et des organisations régionales en la matière », a souhaité le général Philippe Obara.
Le ministre de l'Intérieur, de la Décentralisation et du Développement local, de son côté, a déploré le fait que l'Afrique subit depuis des années les affres d'une insécurité constante. Ce qui permet à l'insécurité de gagner du terrain du fait de la transnationnalité organisée de la criminalité les pays du golfe de Guinée. « La présente évaluation vise non seulement à renforcer les capacités des acteurs pluridisciplinaires, engagés à différents niveaux de cette lutte, mais aussi, à avoir une lecture partagée des causes et manifestations de ce phénomène dans nos pays. Les débats ainsi que les résultats qui s'en suivront permettront au Congo, je reste persuadé, de se doter d'une stratégie nationale de prévention et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, assortie d'un plan d'actions ainsi que d'une loi spéciale, pour un encadrement plus rationnel et davantage légal », a souligné le ministre Raymond Zéphirin Mboulou.
Notons que cette rencontre de trois jours regroupe les cadres et sachants du Conseil national de sécurité, de la Cour suprême, des ministères de l'Intérieur, de la Défense nationale, de la Justice, des Affaires étrangères, des Finances et de l'Economie forestière. Des organisations de la société civile et des droits de l'homme et autres acteurs sont également représentés.