Centrafrique: L'appel à l'aide d'exportateurs de charbon de bois et bois de chauffe, activité désormais interdite

En République centrafricaine (RCA), l'exportation du charbon de bois et des bois de chauffe est interdite depuis la signature d'un arrêté ministériel le 17 mai 2024, pour lutter notamment contre la déforestation et ses conséquences environnementales. Une décision qui n'est toutefois pas sans conséquences pour les Centrafricains vivant de cette activité. Explications.

En Centrafrique, l'exportation du charbon de bois et des bois de chauffe est désormais interdite. Cette décision du gouvernement fait suite aux multiples plaintes des acteurs de la société civile réunis au sein de la plateforme de Gestion durable des ressources naturelles et de l'environnement (GDRNE). Ces acteurs de la société civile militent depuis de nombreuses années contre la déforestation et les effets du changement climatique.

« J'ai perdu l'unique boulot qui me permettait de nourrir ma famille »

Mais, suite à cette décision, de nombreux producteurs de charbon se retrouvent au chômage, comme Serge Biko, 42 ans, père d'une grande famille dans le village de Pani, à 30 kilomètres au nord de Bangui. Depuis cinq ans, Serge Biko fabrique le charbon de bois pour subvenir aux besoins de sa famille. « Je suis complètement démuni parce que j'ai perdu l'unique boulot qui me permettait de nourrir ma famille, déplore-t-il. Le charbon que j'exportais constituait le socle de mon économie. Maintenant, le gouvernement doit voler à notre secours ».

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« Ils peuvent continuer à le faire pour subvenir à nos besoins locaux »

En Centrafrique, plusieurs centaines de personnes vivent de cette activité. Mais les coupes anarchiques du bois par certains détruisent l'environnement. Gervais Mbata, ministre des Eaux et forêts, décrit la situation : « Nous avons constaté ces dernières années que des camions venaient en Centrafrique et repartaient avec de grandes quantités de charbon de bois. Ils sont ensuite vendus dans les pays voisins. Cela impacte notre écosystème. Les Centrafricains qui font encore du charbon de bois peuvent continuer à le faire pour subvenir à nos besoins locaux. Mais actuellement, c'est l'exportation qui est interdite. »

Une amende allant de 500 000 à 1 million de FCFA

Julien Ndakouzou, coordonnateur de la plateforme GDRNE, salue cette décision et propose une alternative : « C'est très dangereux, d'abord pour l'environnement. Premièrement, il fallait réfléchir à des voies et moyens pour trouver des possibilités pour reboiser et restaurer les zones qui sont par exemple dégradées au niveau du sol et de la végétation. Deuxièmement, il était nécessaire de trouver des moyens et des projets pour la reconversion des personnes du secteur. »

Conformément à l'article 227 du Code forestier centrafricain, les exportateurs de charbon sont passibles d'une amende allant de 500 000 à 1 million de FCFA.

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