Ce 29 mai 2024, Boubacar Traoré dit « KarKar » et Habib Koité, avec son groupe Bamada, étaient réunis à Bruxelles dans le cadre d'une mini-tournée européenne. Ce double concert, tenu à guichet fermé dans la salle du Flagey, mettait à l'honneur le blues malien, dans une forme de retrouvailles pour ces deux légendes la musique malienne. Reportage.
Habib Koité est griot. Boubacar Traoré, lui, est tombé dans la musique par passion, alors jeune adulte à la fin des années 1950. Tous deux originaires de la région de Kayes, ils puisent dans leur terroir l'inspiration pour leur musique.
Deux heures avant le concert, durant les répétitions, c'est avec tendresse et respect qu'Habib Koité écoute les conseils de son ainé : « Sa musique a bercé notre enfance et c'est une chance que je sois là, à côté de lui, en train de faire de la musique et lui aussi qui est en train de jouer sa guitare que j'ai écoutée depuis des lustres. Ce qui m'inspire chez lui, c'est qu'il a cette façon de jouer la guitare qui joue en même temps des accompagnements, mais aussi les mélodies qui sont chantées par la voix. C'est son style de jeu, et ce sont les deux qui font KarKar. »
« Ce sont des bijoux qu'on a, ici, sur terre et il faut en profiter »
Premier à monter sur scène, accompagné de Vincent Bucher à l'harmonica et de Jérémie Diarra à la calebasse, Boubacar Traoré, assis sur une chaise du fait de ses 80 ans, transperce la salle de sa voix puissante et mélancolique. Dès les premières notes, le public est comme envouté. Car Boubacar Traoré raconte son amour du Mali et les soubresauts de sa vie avec émotion.
À la fin du concert, c'est une standing-ovation pour les musiciens. Perter Van Rompaey, directeur de Muziekpublik, et organisateur de la soirée, savoure : « C'était une occasion unique. Ce sont des bijoux qu'on a, ici, sur terre, et il faut en profiter parce que la vie est courte. On ne sait pas s'ils seront là dans 10, 15 ou 20 ans et on n'aura plus l'occasion et on va regretter. Ce sont des monuments et, parfois, ces monuments, on n'y tient pas, ils sont là et on ne s'en rend parfois pas compte de quelle valeur, quelles perles et quelle beauté on a. Et, maintenant, on a l'occasion de les accueillir ici. On est très heureux. Voilà, c'est un cadeau. »
En clôture du spectacle, Habib Koité et Boubacar Traoré sont tout sourire. Côte à côte avec leurs guitares, ils entonnent une dernière chanson ensemble sur scène avec une dizaine de musiciens. Dans un mélange de rock et de blues, ils auront pendant près de trois heures fait la promotion de la musique malienne.