Tunisie: Encre de Chine / Du pays d'Ibn Khaldoun à celui de Confucius - Saïed appelle à écrire une nouvelle page de l'Histoire

Rencontre entre le Président de la République, Kaïs Saïed, et son hôte, le Président chinois, XI Jinping

La journée d'hier a été dense en activités pour le Chef de l'Etat qui participe aux travaux du Forum sino-arabe qui se tient à Pékin.

En effet, le Président de la République a prononcé un discours à l'ouverture des travaux du forum qui se déroulent en présence du Président de la République populaire de Chine et de dirigeants arabes.

Rappelant les profondeurs des relations historiques qui lient nos deux pays depuis la nuit des temps, Kaïs Saïed a indiqué que malgré l'éloignement, « le décalage horaire entre nos deux pays ne nous empêche pas d'aspirer ensemble à soutenir ce que nous avons entrepris de construire il y a soixante ans entre la République tunisienne et la République populaire de Chine, et d'anticiper ce à quoi nous aspirons ensemble pour construire et faire progresser les relations de nos deux pays vers des niveaux de plus en plus élevés ». En effet, nos ancêtres les Carthaginois, entretenaient de bonnes relations commerciales avec l'Empire du Milieu sous les Han et partageaient à travers la Route de la soie avec les Chinois un intérêt commun pour le commerce. Durant cette période marquée par la stabilité politique et la prospérité économique, les relations entre la Tunisie et la Chine illustraient une histoire dense et riche malgré l'éloignement.

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« Du pays de l'érudit Ibn Khaldun et d'autres penseurs et érudits au pays de Confucius, la voie ouverte n'était pas seulement la Route de la Soie, mais aussi une route de fertilisation croisée intellectuelle et d'échanges commerciaux », a indiqué le chef de l'Etat.

Il a cité, à cet effet, l'auteur de Siraj Dhahab, Ibn Battuta et Asserafi qui ont écrit sur la Chine et les écrivains chinois qui ont écrit sur les pays arabes, comme le Livre des Han et le Livre des Vieux Tang. « C'était il y a longtemps, mais nous en parlons aujourd'hui dans ce forum pour nous inspirer afin que nous puissions continuer ensemble à construire une nouvelle histoire dans laquelle prévaut la justice qui repose sur la liberté et la volonté commune de solidarité et de coopération », a rappelé le Chef de l'Etat.

Mais « la Tunisie, dont le peuple demande justice dans son propre territoire, la revendique également au niveau mondial, et il n'est possible que dans ce genre de forum et partout ailleurs de renouveler notre position ferme et inébranlable concernant le droit du peuple palestinien à recouvrer son droit spolié dans toute sa terre de Palestine et d'établir un État indépendant avec Al Qods al Sharif pour capitale », a asséné le Président de la République. C'est d'ailleurs dans ce cadre que le Chef de l'Etat a de nouveau affirmé que « la société humaine d'aujourd'hui a commencé à s'élever partout contre cette agression et ces crimes odieux qui sont commis chaque jour contre un peuple qui a été dépouillé non seulement de sa terre, mais même de son droit à la vie ».

Il a, à cet effet, expliqué que la société humaine d'aujourd'hui a commencé « à prendre forme d'une manière nouvelle et a commencé à transcender l'ancien système international, et les manifestations auxquelles nous assistons aujourd'hui dans toutes les régions du monde indiquent clairement que quelque chose de nouveau commence à apparaître dans l'histoire de toute l'humanité », s'est-il félicité.

S'agissant de l'objet de cette rencontre de haut niveau, le Chef de l'Etat a indiqué que « parmi les questions les plus importantes, que nous ne contestons pas et considérons comme des questions fondamentales, voire vitales, figure la nécessité d'une action commune pour fournir des installations et les services publics qui s'inscrivent dans le cadre des droits humains fondamentaux, où qu'ils se trouvent, comme le droit à la santé, le droit au travail, le droit au transport, le droit à l'éducation, tout en offrant toutes les garanties pour la dignité de l'être humain dans n'importe quel contexte », a-t-il ajouté.

S'agissant du problème de financement sur lequel buttent certains projets, le Président de la République a indiqué que « les capacités des pays varient certes, mais lorsque les efforts sont unis et que les conditions nécessaires sont réunies pour leur mise en oeuvre, l'impact de leur absence ou de leur rareté diminuera et la situation se stabilisera, non pas à l'intérieur des pays mais dans le monde entier ».

Il a dans ce sens critiqué la voie qui a été choisie, il y a des décennies, voire des siècles, dans le contexte d'une division injuste du travail au niveau international et qui a conduit, selon lui, à une propagation accrue de la pauvreté, de l'ignorance et de la migration irrégulière. En effet, « les humains et leurs organes sont devenus des biens recherchés par des réseaux criminels et des organisations terroristes », a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, le Chef de l'Etat s'est alarmé quant aux conséquences néfastes des changements climatiques qui ont aggravé la situation au cours des dernières décennies, avec une raréfaction de l'eau, générant des crises environnementale et énergétique qui ont fait perdre l'équilibre à la nature et a eu les pires effets sur l'humanité et sur les économies des pays.

Toutefois, Saïed s'est dit confiant que les participants à ce forum partagent la même vision sur les droits humains fondamentaux, profitant de l'occasion pour les exhorter à agir de sorte à faire évoluer les textes juridiques inscrits dans des instruments internationaux et pour concrétiser les mesures préconisées dans la réalité et au niveau de l'application.

« Je suis certain, alors que nous nous réunissons aujourd'hui à Pékin, accueillis par Son Excellence le Président Xi Jinping, que nous planterons une idée, plutôt des idées et qu'un mouvement se développera, et que nous récolterons un meilleur destin commun. Car si l'or a un prix, la sagesse arabo-chinoise n'a pas de prix, et dans la lutte entre l'eau et la roche, c'est l'eau douce et fraîche qui jaillira », a conclu le Président de la République.

Au cours de son séjour, le Chef de l'Etat a rencontré hier le Premier ministre chinois, M. Li Qiang. Cette réunion a porté sur les relations historiques d'amitié et de coopération entre la République tunisienne et la République populaire de Chine et sur les moyens de les renforcer et de les diversifier davantage pour servir l'intérêt commun des deux pays et peuples amis.

Le Chef de l'Etat a souligné que la Tunisie partage de nombreux principes et idéaux avec la Chine et souhaite intensifier le travail commun et la coordination afin d'explorer de nouvelles opportunités de coopération entre les deux pays et lancer, dans les plus brefs délais, des projets et partenariats stratégiques dans les secteurs de la plus haute priorité à l'instar de la santé, des transports ferroviaires et aériens, des infrastructures, du tourisme et des équipements sportifs.

De son côté, le Premier ministre chinois a salué la visite du Président de la République à Pékin et a réaffirmé la disposition de son pays à traduire l'amitié historique avec la Tunisie en de nouvelles opportunités de coopération dans le cadre bilatéral ou dans le cadre des différentes initiatives lancées par la Chine, et de continuer à mettre en oeuvre des projets de développement, encourageant les institutions chinoises à investir en Tunisie et à transférer le savoir-faire chinois, soutenir l'économie verte et poursuivre la coopération dans l'enseignement supérieur, la santé, la jeunesse, de renforcer les échanges commerciaux, d'encourager les exportations tunisiennes vers le marché chinois, d'ouvrir une ligne aérienne directe entre les deux pays pour inciter davantage les touristes chinois à choisir la destination Tunisie.

Il est à noter que le programme de cette visite d'Etat présente un programme dense et riche et que la délégation de haut niveau qui accompagne le Président de la République travaille d'arrache-pied pour conclure des mémorandums d'entente et signer des conventions.

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