Madagascar: L'évolution des paroles musicales - De femme soumise au féminisme

Avant, les femmes disaient, « Ne me quitte pas », actuellement, c'est au tour des hommes de pleurer en criant « Reviens à la maison », la tendance s'est inversée ! La musique évolue avec le temps, le thème aussi. Dans les années 1990, les auditeurs entendaient des chanteuses suppliant leurs partenaires de revenir. « Sans toi je ne suis rien », et « Ne t'en vas pas » sont les sujets abordés de temps à autre tout en acceptant l'infidélité de ces suivants. En fait, cela est dû à la situation de la conjointe. La femme avait besoin du salaire de son mari.

Donc, pour le satisfaire, elle effectue les travaux domestiques, une règle plus ou moins acceptée par la société conservatrice. Quant à l'époux progressiste, il autorise sa dulcinée à s'atteler à des activités, notamment la broderie, la couture à condition que cette dernière ne sorte que pour aller au marché. En outre, la recette sera uniquement consacrée aux ustensiles de cuisine, tandis que le loyer, les frais de scolarité des enfants, c'est papa qui s'en charge. Alors, pendant des années, madame s'ennuie entre quatre murs...

Un vent de changement a soufflé en l'an 2000. La nouvelle génération s'est réveillée. En même temps, des chanteuses engagées sont sorties du lot. Des féministes comme Erica de Nosy-Be, Ninie Doniah, Feon'ala dépeignent l'image dessinée par les anciens. Elles vont par la suite mettre en valeur le courage et la beauté des viavy. De surcroît, les propos se sont davantage accentués après la crise de 2002 durant laquelle le taux de chômage atteint sa maturité, puisque le père n'arrive plus à subvenir aux besoins de sa famille. Agacées, les pauvres mamans commencent à se révolter. Elles décident de rentrer chez leurs parents, ou pire, demandent le divorce.

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Endetté jusqu'au cou, monsieur va devoir s'excuser auprès de « la reine de la maison ». C'est la raison pour laquelle, entre 2002 et 2007, des titres comme « Avelao andeha », « Laisse-moi partir » étaient en vogue. En effet, les chansonnières gagnent les oreilles des innombrables femmes au foyer oppressées par leurs compagnons, surtout celles qui ont vécu plus de dix ans de vie commune avec des ivrognes incontrôlables. À partir de 2010, la lutte contre la violence au sein du couple, où un partenaire exerce, dans le cadre d'une relation privilégiée, une domination qui s'exprime par des agressions physiques, psychologiques, sexuelles et économiques, a été mise en lumière par les Organisations non gouvernementales à Madagascar.

En parallèle, des influenceuses incitent les femmes malgaches à travailler pour être indépendantes. Au-delà de l'engagement artistique des artistes comme Dah Mama, Bodo, Tence Mena, Ayam, Onja Tinondia, les slameuses ainsi que les rappeuses, des activistes incitent leurs semblables à être sereines et courageuses. Une fille doit se faire belle, pas pour les garçons, mais pour prendre confiance.

Cette évolution impressionnante a bouleversé la mentalité machiste de la société. Désormais, les demoiselles peuvent parler de ce qu'elles veulent, de ce qu'elles ressentent, et surtout de ce qu'elles désirent ! Le produit au féminin s'avère vendable. De ce fait, le courant de pensée a envahi rapidement la Grande-Île par le biais des labels et industries musicales. Pour avoir plus d'audience, les hommes doivent se soumettre en chantant, « Reste, ne t'en vas pas ».

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