Tunisie: Tourisme / Formation professionnelle - La formation métier, l'élément clé de la compétitivité

Pas moins de 10.806 stagiaires et diplômés formés récemment par l'Etat ont été mis à la disposition des professionnels du tourisme dans le but de garantir le succès de la haute saison de l'été 2024 qui avance à grands pas.

Si l'économie tunisienne était une équipe de football, le tourisme serait son meilleur buteur. Envolée lyrique ? Pas du tout. Fruit de l'imaginaire d'un poète ou d'un philosophe ? Absolument pas. Tout simplement parce que cette comparaison se traduit par des statistiques qui ne trompent pas. Deux indicateurs, au moins, l'attestent : hausse de 50% du nombre de visiteurs et de 28% des recettes en 2023, par rapport à 2022.

Mais, ce qui est encore plus frappant, c'est cette volonté de l'Etat d'aller de l'avant dans sa quête de se maintenir dans une dynamique de progression, soit en conformité avec les options et objectifs fondamentaux de « la stratégie 2035» élaborée par le ministère du Tourisme et de l'Artisanat. Pour ce faire, il ne s'agit pas seulement de construire de nouvelles unités hôtelières, de conquérir de nouveaux marchés à l'international, de booster le tourisme alternatif, de diversifier les prestations de services fournis à nos hôtes, de leur créer un environnement agréable et sécurisant. A toutes ces obligations se mêle un impératif non moins important ; la sacro-sainte formation.

C'est d'autant plus vrai que celle-ci s'applique quasiment à toutes les composantes du tourisme : la gestion administrative et financière, la gastronomie, l'animation, l'entretien et la maintenance des équipements, la propreté et la protection de l'environnement, l'accueil, la sécurité, etc. Autant de paramètres générateurs de postes d'emplois qui se complètent pour jouer un rôle capital dans le bon fonctionnement d'un hôtel.

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Les recrutements entamés depuis le 15 mars

Dernière illustration : pas moins de 10.806 stagiaires et diplômés ont été mis récemment à la disposition des professionnels du secteur pour étoffer leurs effectifs en prévision du pic attendu à la haute saison qui se rapproche. Ce contingent a été formé par le ministère du Tourisme, via l'Agence de formation dans les métiers du tourisme (Afmt), en collaboration avec le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle. En ont bénéficié à quelque 187 établissements, dont 145 hôtels, 11 restaurants touristiques et 21 agences de voyages. Le tout réparti sur pratiquement les 24 gouvernorats du pays. La part du lion (près de 90%) revient évidemment aux régions côtières. Plus concrètement, ces renforts devront profiter aux spécialités suivantes : l'administration (269), l'animation (272), la cuisine (2030), le jardinage (332), la maintenance (816), le nettoyage (2020), la pâtisserie (867), l'accueil (689), et la sécurité (619).

Pour ce qui est de l'accueil qui représente la vitrine de tout hôtel, les candidats formés sont spécialisés dans les postes suivants : chef de réception (83), technicien d'accueil et de réception (306), employé de hall chasseur (187), et employé de hall bagagiste (113).

Volet cuisine, cela va de l'aide cuisinier (353), au pizzaïolo (210), en passant par l'agent de cuisine et de pâtisserie (280), le technicien de cuisine (304), le technicien supérieur de cuisine (336), le plongeur (402), le poissonnier (89), et le chef boucher (56). Concernant l'entretien et la maintenance, 332 techniciens formés ont été recrutés, outre 123 plombiers, 71 menuisiers et 62 maçons. Pour ce qui est de l'administration, les stagiaires et diplômés du MTA (ministère du Tourisme et de l'Artisanat) ont été répartis dans les postes suivants : chef du personnel (65), chef steward (75), chef de rang (320), aide gouvernante (163) et technicien supérieur en hôtellerie, spécialité hébergement (269). «Nous avons entamé l'opération de recrutement depuis le 15 mars dernier en appelant les professionnels du secteur à nous identifier leurs besoins globaux en ressources humaines, en prévision de la haute saison estivale», confie le directeur général de l'Agence de formation dans les métiers du tourisme, Ahmed Jmal, qui se félicite de la bonne collaboration des services du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle. « Les cycles de formation, toutes spécialités confondues, indique-t-il, se déroulent dans nos huit institutions où les lauréats ont ensuite le choix entre leur recrutement par nos services et l'option libre.»

Parfum de l'Elysée

Non contente de ce gigantesque effort de formation, l'Afmt semble bien partie pour aller plus loin en matière de consolidation de ses acquis. En effet, ses quatre instituts de Nabeul, Hammamet, Sousse et Djerba, ainsi que ses quatre écoles de Aïn Drahem, Monastir, Sousse-nord et Tozeur, vont tous bénéficier, d'ici 2025, d'un audacieux projet de réaménagement qui prévoit notamment l'extension de leur capacité d'accueil. Objectif, garantir l'équilibre entre l'offre et une demande sans cesse croissante.

Ce projet sera réalisé conjointement par les ministères du Tourisme, de l'Economie et de la planification et de l'Emploi, en partenariat avec l'Agence française de développement (AFD), celle-ci étant un des partenaires incontournables de l'Afmt, à l'instar de Suisse Contact, l'agence américaine Usaid et l'agence allemande GIZ. Constamment ouverte sur l'étranger dans la perspective de gagner en savoir-faire, l'Afmt a reçu, l'autre jour dans ses locaux, un invité de marque. Il s'agit de M. Guillaume Gomez, ambassadeur international de la gastronomie française qui était, 25 ans durant, le cuisinier en chef du palais de l'Elysée, et actuellement représentant personnel du président Macron pour la gastronomie et l'alimentation.

«Nous étions, déclare Ahmed Jmal, très honorés par cette visite que je qualifie de très fructueuse, surtout que nous avons inclus dans notre stratégie deux autres volets, à savoir la formation des formateurs en gastronomie et la formation en technique de randonnées. J'ajouterai que la visite de M. Gomez s'inscrit dans le cadre de la stratégie de notre ministère en matière de renforcement et de diversification des perspectives d'emploi et de mise en place d'une plateforme propice à la création de synergies bénéfiques ».

Cependant, on a constaté que de nombreux techniciens formés par cette agence, au lieu de servir notre tourisme, n'ont pas tardé à prendre le chemin de l'émigration pour aller monnayer leur diplôme ailleurs. Qu'à cela ne tienne, réagit sobrement M. Jmal, qui estime que «cela n'influe pas négativement sur le rendement du marché local, étant donné que nous avons toujours pris en compte ce facteur, outre le fait qu'il faut être plutôt fier de voir les compétences que nous formons s'imposer à l'étranger et faire ainsi honneur à la Tunisie».

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