Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, accueillera l'année prochaine les 60es assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). Un choix salué par le représentant du pays aux assises de Nairobi, au Kenya, dont la clôture est intervenue le 31 mai, au bout de cinq jours d'intenses échanges, sur une note d'espoir.
Pour Akinwumi Adesina, la bonne note de Nairobi est symbolisée par le succès de l'événement ayant drainé quelque 8300 participants mais surtout par l'adhésion des dirigeants africains au plaidoyer porté par la Banque sur la réforme de l'architecture financière mondiale. Il s'agit, a-t-on pu noter, d'une urgence pour perfectionner les politiques de développement à l'échelle des continents. L'objectif étant de résorber les inégalités, les injustices et les dysfonctionnements constatés dans le fonctionnement du système économique mondial qui fait de l'Afrique la région la plus affectée.
« Mobiliser plus de ressources financières et atteindre les objectifs de développement durable de l'Afrique », tel est le voeu émis par le président de la BAD et les chefs d'Etat présents à Nairobi. Le président du groupe s'est félicité du déblocage par le Fonds monétaire international des droits de tirage spéciaux en faveur des banques multilatérales de développement. Réticentes au départ, les institutions financières internationales sont à présent sensibles aux appels lancés à plusieurs reprises par les instances africaines de tenir compte des potentialités et des priorités du continent dans la mise en oeuvre des partenariats.
La question de la sous-évaluation du capital réel de l'Afrique par les acteurs extérieurs a décidé les dirigeants à se prononcer sur la création d'une agence de notation des économies du continent. Les experts estiment que très souvent, l'attribution des notes par les agences non-africaines souffrent de défaillances qu'il devient impérieux de corriger. Ce qui faisait dire aux président kényan, William Ruto, le 29 mai, à l'ouverture des assemblées, que « les ressources minières et des énergies renouvelables ne sont pas prises en compte dans le produit intérieur brut (PIB) des États ».
Et pour le cas spécifique du bassin du Congo, insistait à son tour le président congolais, Denis Sassou N'Gueso, « les réserves forestières immenses, les tourbières, si elles étaient prises en compte, le PIB des Etats serait classé à un niveau qui leur permettrait d'emprunter plus, d'avoir plus de moyens ». Ces « revendications » ne sont réitérées qu'en raison des problèmes réels auxquels l'Afrique est confrontée, qui ne peuvent trouver des solutions durables et justes que dans un cadre de concertation avec des partenaires bien connus.
Certes, les problématiques de l'endettement, des taux d'intérêts élevés (8 à 10% dans certaines conditions), des charges supplémentaires imposées à l'Afrique par le dérèglement climatique ont constitué la toile de fond des conclusions des assemblées de Nairobi. En même temps, la part que les Etats doivent prendre dans cette bataille n'est pas des moindres : lutter contre la corruption, les flux illicites des capitaux, montrer aux partenaires extérieurs que l'on est mesure de mener des réformes structurelles à un rythme soutenu, sont autant d'exigences qui fondent l'espoir que l'on est sur le bon chemin.
L'année prochaine, lorsque se tiendront à Abidjan les assemblées annuelles marquant les 61 ans de la BAD, il serait utile de savoir si les engagements pris au Kenya par la Banque mais aussi par les Etats membres ont bel et bien été tenus ; si l'architecture financière mondiale a bougé dans le bon sens. Ce sera aussi l'occasion pour le président sortant de passer le témoin à son successeur non encore désigné alors que la présidence du nouveau Conseil des gouverneurs, dévoilée à la clôture des réunions, est revenue à la Côte d'Ivoire, les première et deuxième vice-présidences étant occupées respectivement par la Chine et la République démocratique du Congo.