Réagissant aux arrestations de l'avocat Guy Hervé Kam le 29 mai 2024, quelques heures après sa libération, et du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana plus tôt le même jour, une semaine après qu'un tribunal a ordonné sa mise en liberté provisoire, Samira Daoud, directrice régionale pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale à Amnesty International, a déclaré :
« Nous condamnons la détention arbitraire de Me Guy Hervé Kam. Il a été arrêté et transféré sous la garde de la gendarmerie le 29 mai, puis placé en détention provisoire dans une prison militaire, sur la base de nouvelles accusations de complot contre la sureté de l'État. Nous estimons que les accusations portées contre lui sont infondées et demandons sa libération immédiate et inconditionnelle. »
« Nous condamnons également la disparition forcée, le même jour, du lieutenant-colonel Zoungrana, qui a été contraint de suivre des hommes armés soupçonnés d'être des agents des services de renseignement, alors qu'il était conduit à son domicile de Pabré. Il n'a pas été revu depuis. Nous demandons aux autorités de communiquer immédiatement des informations sur le lieu où il se trouve et sur son sort, et s'il est détenu arbitrairement et secrètement, de le libérer immédiatement. »
« Ces deux arrestations arbitraires ont eu lieu peu de temps après que des tribunaux ont ordonné leur libération ou leur mise en liberté provisoire. Amnesty International est préoccupée par le fait que les décisions de justice ne sont pas appliquées et que les arrestations arbitraires de membres de la société civile se poursuivent depuis un an au Burkina Faso. »
Contexte
Guy Hervé Kam, avocat et cofondateur du mouvement de la société civile Balai Citoyen, a été accusé d'atteinte à la sûreté de l'État. Il a été arrêté le 24 janvier 2024 et détenu au secret. Le 18 avril 2024, la Cour administrative d'appel de Ouagadougou a ordonné sa libération. Le 29 mai, alors qu'il était enfin libéré près de son domicile, il a été arrêté par les forces de sécurité de l'Etat.
Le lieutenant-colonel Zoungrana, ancien commandant du 12e régiment de commandos d'infanterie de Ouahigouya, a été arrêté en décembre 2021 et est accusé de complot contre la sûreté de l'État. Libéré provisoirement en décembre 2022, il est de nouveau arrêté 13 jours plus tard. Le 22 mai 2024, le tribunal militaire de Ouagadougou avait ordonné sa mise en liberté provisoire.