Après les élections législatives très contestées en mai 2023, la primature mauritanienne a révélé les membres qui composeront l'Observatoire national chargé de surveiller l'élection présidentielle de juin 2024 pour en assurer la transparence (Onsel). L'organe, qui n'avait pas été opérationnel depuis 2014, est composé de membres de la société civile, selon le gouvernement. Mais la majorité des candidats à la présidentielle ont dénoncé sa composition, y voyant une stratégie des autorités pour « manipuler » le scrutin.
L'opposant Biram Dah Abeid, le candidat du premier parti d'opposition du Tawassoul ou encore le candidat et professeur Outouma Soumaré sont parmi les cinq candidats à l'élection présidentielle à avoir déclaré ne pas « reconnaître cet observatoire ». Ils déclarent ne pas avoir été consultés lors des derniers échanges à ce sujet et dénoncent dans leur communiqué « un usage des services d'utilité publique au profit du candidat du régime ».
« Il s'agit d'un acte unilatéral, qui ne correspond à rien vraiment et qui viole toutes les procédures juridiques et politiques, s'indigne Maître El Id Mohameden, candidat à la présidentielle. Le gouvernement a nommé ses partisans, les membres de son parti au pouvoir et ceux qui ont toujours été impliqués dans des dossiers de fraude. »
Pour Oumeir Beye, membre du bureau exécutif de cet observatoire national, les critiques résultent surtout d'une mauvaise compréhension de l'observatoire. Il tient à rappeler qu'il a été établi par un décret adopté en 2013, à la suite de concertations pour impliquer la société civile dans les élections. Il n'est en aucun cas un outil politique, défend-il.
Il ajoute que le Premier ministre ne peut désigner les 12 membres que sur proposition de la société civile. Le bureau exécutif quant à lui est composé de cadres. « Ils l'ont pensé comme étant la Céni (Commission électorale nationale indépendante, NDLR), où chaque parti doit être représenté : ce n'est absolument pas ça, exclame Oumeir Beye. Chacun des membres vient d'une organisation de la société civile, dont on ne peut pas contester la légitimité. Il y en a une, c'est la présidente qui a effectivement été ministre, mais c'est l'une des plus grandes spécialistes de l'observation électorale en Afrique. »
Les candidats contestataires ont annoncé la mise en place d'un « comité juridique » et « technique » pour contrôler entre autres les violations de loi et assurer le suivi des recours.