Burkina Faso: Guy-Hervé Kam toujours en détention

Arrêté fin janvier, l'avocat Guy-Hervé Kam a été libéré mercredi soir (29.05.2024), avant d'être immédiatement interpelé et incarcéré de nouveau jeudi.

Ses avocats sont inquiets pour l'avenir de la justice, dans un contexte où, selon eux, les militaires au pouvoir ne respectent plus les décisions judiciaires.

Guy Hervé Kam aurait en effet dû être libéré à la suite de plusieurs décisions de justice. Ces avocats ont donné une conférence de presse ce vendredi.

Guy-Hervé Kam est incarcéré à la maison d'arrêt et de correction des armées.

Le collectif d'avocats chargé de sa défense s'interroge sur les motivations réelles des autorités militaires en procédant à ce type d'arrestations en dehors de toute procédure pénale.

"Même en étant avocat, je n'ai jamais vu ce type de procédure. Cette singularité, actuellement, c'est la première fois qu'on voit ça. Je pense que quelqu'un est conscient que ce qui a été fait est irrégulier. Mais comme souvent, on n'a pas l'humilité d'accepter les torts, on cherche à justifier. L'interprétation que je fais, c'est qu'on veut régulariser quelque chose qui n'est pas régularisable pour pouvoir dire qu'on respecte la régularité ", estime Prospère Farama l'un des avocats de Guy Hervé Kam.

Les acquis menacés

Il faut craindre pour l'avenir de la justice burkinabè, martèlent les avocats de la défense qui demandent au gouvernement de respecter le droit des citoyens, afin que le Burkina Faso ne remette pas en cause les acquis de la liberté et de la justice.

"Je pense que tous ceux qui sont autour du président doivent avoir la sincérité de pouvoir dire quand ça va et quand ça ne va pas. Moi je vois au gouvernement des gens qui avaient une position dans laquelle ils ont subi des brimades par le passé, et qui, aujourd'hui, font subir des brimades à d'autres. Je ne le souhaite pas, mais si demain, ils subissent des brimades, forcément, nous serons là pour dire qu'ils ne doivent pas subir des brimades. Quand nous le disons, ce n'est pas parce que nous voulons le pouvoir. C'est par ce que nous pensons que c'est ce que nous pouvons apporter pour une bonne marche de notre pays ", ajoute Prospère Farama.

Les avocats exigent la libération de Guy Hervé Kam puisque, selon eux, aucune preuve de son implication pour des faits de déstabilisation n'est apportée par l'Etat.

Et si ces preuves étaient présentées, alors l'avocat Prosper Farama affirme qu'il se retirerait du dossier.

Amnesty International dénonce

Mercredi, un ex-chef de corps militaire, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, poursuivi pour "tentative de déstabilisation des institutions de l'Etat" présumée, a également été enlevé, alors qu'il avait été remis en liberté provisoire la veille, selon son entourage.

Amnesty international a condamné vendredi les "arrestations arbitraires" de MM. Kam et Zoungrana, dans un communiqué. Les autorités doivent" les "libérer immédiatement", dit l'ONG.

Dans un autre texte, Amnesty international a également protesté contre la "détention arbitraire" au Mali de l'économiste et professeur d'université Étienne Fakaba Sissoko, et appelé dans un courrier au ministère de la Justice malien à sa libération immédiate et sans condition.

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