Alors qu'on croyait en avoir fini avec les convocations de journalistes au Sénégal, le nouveau régime vient d'emboiter le pas à ses prédécesseurs.
Hier, vendredi 31 mai, deux Directeurs de publication ont été entendus par la Section de Recherches avant d'être libérés par la suite. Ils sont convoqués suite à la publication d'articles concernant l'affectation du Général Kandé comme Attaché militaire en Inde. .
Deux journalistes ont été auditionnés puis libérés hier, vendredi 31 mai, par la Section de Recherches de Colobane. Il s'agit du Directeur de publication du journal « La Tribune » Pape Moussa Traoré et du Directeur de publication du journal « Le Quotidien » Mohamed Guèye. Il leur est reproché la publication d'informations relatives à l'affectation du Général Kandé comme Attaché militaire à New Delhi, en Inde.
Dans sa parution de jeudi dernier, « La Tribune » mouillait le Premier ministre Ousmane Sonko dans l'affaire. Selon le journal, « le Général Kandé refuserait d'exécuter les ordres de Ousmane Sonko. Suite à cela, son Directeur de publication a été convoqué et placé en garde à vue avant d'être relaxé avant-hier, jeudi 30 mai. Le même jour, « Le Quotidien » avait titré « Affectation du Général Kandé en Inde, Sonko à la manoeuvre ».
En effet, cette convocation de journalistes remet au goût du jour la question de la liberté de presse sous le nouveau régime qui vient à peine d'être installé. De quoi susciter la colère de la Coordination des associations de presse (CAP).
La colère de la CAP
Dans un communiqué, elle dit avoir « le profond regret de constater la reprise des convocations de journalistes dans le cadre de l'exercice de leur fonction ». « Nous sommes d'autant plus désolés et tristes que cela arrive à moins de deux mois seulement de la prise de fonction du nouveau régime, dont les principaux dirigeants sont devenus des symboles vivants de ces lois liberticides et rétrogrades contre la liberté d'expression », rapporte le document.
Selon la CAP, « le Conseil pour l'Observation des Règles d'Éthique et de Déontologie dans les médias (CORED) a été mis en place, avec l'appui des pouvoirs publics, pour justement prendre en charge tous griefs contre les professionnels de l'information ». Non sans ajouter : « Les sanctions prévues, qui peuvent aller jusqu'au retrait de la carte nationale de presse, sont largement suffisantes pour veiller au respect des règles d'éthique et de déontologie ».
La Coordination des associations de presse propose aussi le droit de réponse. « Dans le même sillage, si des informations données par des médias sont jugés fausses, les victimes, étatiques ou non étatiques, peuvent user de leur droit de réponse pour rétablir la vérité, sans préjudice de la faculté de porter l'affaire devant le Tribunal des Pairs.
Nous invitons les nouvelles autorités à savoir raison garder et à tirer les leçons de leur propre passé, suffisamment récent pour être oublié », indique le communiqué. La Coordination invite ainsi les journalistes « à continuer à faire preuve de rigueur et de professionnalisme dans le traitement de l'information, d'utiliser des sources qualifiées et d'user de prudence dans la reprise des informations, surtout quand il s'agit d'informations sensibles ».
Il faut dire que le régime précédent s'est manifesté par le bâillonnement de la presse au Sénégal. En attestent les arrestations du journaliste Pape Alé Niang, la fermeture de Walfadjri, les violences exercées par des forces de l'ordre sur des journalistes qui couvraient des manifestations. Ce que Ousmane Sonko et Cie dénonçaient à l'époque
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