Gabon: Alain Claude Bilie By Nze - Un caillou dans la chaussure des putchistes du CTRI ?

Y avait-il en 2009, un homme politique dont l'impopularité avait atteint les sommets de l'Himalaya autant que André Mba Obame, Ministre d'État à l'Intérieur jusqu'au décès d'Omar Bongo ?

Au lendemain de la mort du Président en juin, le pouvoir de Transition, sous la dictée de son frère Ali Bongo, s'est employé à persécuter AMO, comme on l'appelait affectueusement et le débarqua de son poste. S'en est suivi l'appel de Barcelone, la rupture, le pardon demandé aux Gabonais. 2 mois après, AMO s'est présenté en challenger sérieux à l'élection présidentielle face à Ali Bongo.

Ses partisans dont je n'en fus point un, disent qu'il aurait gagné l'élection. Au coeur du dispositif électoral pour le compte de l'Opposition, je n'ai aucun élément statistique pour déterminer qui de lui ou de Pierre Mamboundou était arrivé en tête dans notre camp. Bref.

Alors, sauf si on lui trouve une babiole pour le mettre hors d'état de nuire, ACBBN est sur la trajectoire de AMO. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il ne laisse personne indifférent. Pour avoir croisé son parcours dans ma tumultueuse vie politique, je confirme que c'est un redoutable animal politique forgé, non pas dans les facultés de sciences politiques mais sur le terrain. Et quel parcours !

Depuis sa sortie prématurée de l'Université, ACBBN ne fait que de la politique, c'est un professionnel, avec des hauts et des bas, avec une extraordinaire capacité de rebond et un sens élevé de l'opportunisme.

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Tenez, député à l'Assemblée nationale, après sa sortie du Gouvernement en 2008, il vote la confiance au nouveau gouvernement issu de l'élection présidentielle de 2009, contre les consignes de son Parti, le RPG. Membre la Majorité présidentielle, ce parti avait présenté son leader comme candidat à l'élection présidentielle face au candidat du PDG, avant de rallier AMO. Non sans avoir dénoncé la charte de la majorité présidentielle. C'est dans ce sens que ACBBN vota la confiance. Mal lui en a pris. Le RPG l'exclut de ses rangs et requiert son exclusion de l'Assemblée. Aidé en cela par le Pouvoir qui se délectait de cette situation, ACBBN sauva son siège grâce à un tour de passe passe juridique : il avait été élu sur un ticket RPG-RDP, la plainte du RPG a été classée sans suite. Tout simplement.

Fin du mandat parlementaire. L'enfant terrible de Ntang Louli rejoint le cabinet du nouveau président comme puissant porte-parole. Devenu par la suite encombrant face à la toute puissance de la Légion étrangère qui régnait au Palais, il tombe en disgrâce mais on le sort en le consolant d'un strapontin : le ministère de la Communication. Il s'y affirme à nouveau au point de devenir le recours lors de la campagne présidentielle de 2016.

Récompensé pour sa "loyauté", il gravit les échelons, collectionne les portefeuilles, au point où, pour compenser les lacunes de la première Ministre Ossouka, le Pouvoir qui n'avait aucun autre joker pour ce poste le nomma. Cette promotion qui fut une véritable consécration n'a été pour l'intéressé que l'avant-dernière marche de l'escalier vers l'ascension suprême, stoppée ou suspendue par le coup d'État du 30 août 2023.

Face à ACBBN, le CTRI peut lui opposer qui en son sein dans un débat ? Ou qui parmi les anciens larbins du PDG reconvertis ou les nouveaux larbins, anciens opposants, acteurs de la société civile et de la Diaspora ? Sortis des postures d'invectives, désolé de le dire, ils ne sont pas au niveau !

Observez les remous que sa tribune suscite depuis quelques jours. Et ce n'est que le début. Alors, continuez à l'emmerder et, pour reprendre justement une expression rendue célèbre par AMO, vous n'avez pas fini d'entendre parler de lui, vous-mêmes là-bas !

Jean Valentin Leyama

Mont Moanda

Samedi 1er juin 2024.

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