Ile Maurice: L'écrivain John-Erich Nielsen au coeur d'un cauchemar

Quand la réalité dépasse la fiction. Ce qui, au départ, n'était qu'un litige juridique a fini par virer au drame, un drame aussi noir que les polars britanniques. Jeudi 23 mai, le célèbre auteur de romans policiers John Erich-Nielsen, qui vit à Chamarel avec son épouse Sonia, affirme avoir été sauvagement agressé par deux individus qui sont leurs plus proches voisins. Interrogés par l'express, ces derniers nient et avancent que sont eux les agressés de l'histoire et ajoutent avoir informé la police.

Pour sa part, Madame Nielsen dit avoir été menacée de mort et de viol, avant de recevoir un grand coup de casque de moto sur la tête. Quant à John-Erich Nielsen, il aurait tout d'abord reçu un coup de bâton sur le front, un coup de casque de moto sur la tête, puis ses deux agresseurs l'ont fait tomber à terre avant de le rouer de coups de pied sur tout le corps.

La terrible scène avait été filmée par Sonia Nielsen avec son portable, mais aussi par les voisins. Nous sommes en presence de plusieurs videos provenant de différents angles. Mme Nielsen raconte que son portable lui a été arraché des mains et qu'il aurait été fracassé au sol puis détruit à coups de pied...

(Chamarel est normalement un village où il fait bon vivre et écrire.)

Dans ce village de Chamarel, habituellement si paisible, comment a-t-on pu arriver à un tel degré de violence entre voisins ?

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Depuis quatre ans, l'auteur de romans policiers John-Erich Nielsen et sa femme Sonia ont posé leurs valises à Maurice. Devenus résidents, ils sont tombés amoureux de notre île, un site particulièrement propice à l'imaginaire et à la création. Ils se sont également engagés pour développer des projets culturels. Dès 2021, le couple a créé un salon littéraire itinérant, Anou Lir Ansam, qui permet aux auteurs mauriciens de présenter leurs ouvrages en rencontrant directement leurs lecteurs un peu partout sur l'île. Puis John-Erich Nielsen a lancé la première collection de romans policiers mauriciens, qui compte déjà deux titres, avec une jeune héroïne inspectrice à la CID : Lucy Fourstripes.

En mars 2021, le couple Nielsen pensait avoir trouvé la maison de ses rêves dans les montagnes de Chamarel. La personne qui s'était présentée comme le propriétaire leur proposait à la location un chalet en bois qui, même s'il n'y avait aucun confort moderne et qu'il devait être rénové, possédait beaucoup de charme. La personne leur aurait alors indiqué que ce chalet était à vendre pour neuf millions de roupies et que le couple pourrait l'acquérir à ce prix, dès que cela leur serait possible, déduction faite des loyers versés dans l'attente de la vente. A l'express, cependant, le voisin des Nielsen affirme qu'il n'a jamais été question de vendre cette maison. «C'est faux de dire que cette maison était à vendre», maintient-il, en prenant le couple Nielsen à contre-pied. Le litige est entre les mains de la justice désormais. Mais entre-temps, certains ont pris la loi entre leurs mains.

Le couple Nielsen confie qu'il n'a pas hésité à investir immédiatement trois millions de roupies dans les travaux de rénovation du chalet qui - toujours selon eux - deviendrait le leur. Ils avaient même contacté un notaire pour rédiger le contrat reprenant les termes de l'accord.

Hélas, le rêve va tourner au cauchemar pour les uns et pour les autres dans ce coin tranquille de Chamarel.

Le voisin qui avait loué la maison refusera pour sa part de rédiger un contrat maintenant que la maison n'était pas à vendre. Il réclamera que les loyers lui soient versés en cash, ce que les Nielsen ont toujours refusé en préférant effectuer des virements bancaires.

Selon les Nielsen, leur voisin finira par leur apprendre que le «véritable propriétaire» serait son père, un monsieur qu'ils ne rencontreront jamais, puisqu'il vit dans le Nord. «Puis une pression de plus en plus forte va s'exercer sur le couple pour qu'il paie un loyer toujours plus élevé, alors que celui-ci se montait déjà à Rs 60 000 chaque mois (...)» Ce que dément le voisin.

Face à la situation qui se corse, Sonia et John-Erich Nielsen décident de prendre les conseils d'un avocat afin de lancer une action en justice pour demander à la cour de Maurice de se prononcer sur le litige. De son côté, le voisin avait aussi contacté un avocat et une avouée pour trouver une issue.

Inaction de la police de La Gaulette

(Le poste de police de La Gaulette est pointée du doigt pour son inaction.)

Quelque temps après, après des plaintes successives au poste de police de La Gaulette, rien de concret ne se passe; certains policiers arguant même que c'était un cas civil.

A partir du mois d'avril, de plus en plus inquiet, le couple Nielsen se résout à prendre les services d'un agent de sécurité. Mais la tension ne baisse pas, au contraire. Le 2 mai, lors d'une nouvelle intrusion, Madame Nielsen dit avoir été violemment bousculée par l'un des voisins. Ce que nie celui-ci.

Le 4 mai, les voisins vont leur couper l'accès à l'eau et à l'électricité. A la demande du couple, la police se déplacera cette fois-ci au domicile d'un des voisins pour lui demander de rétablir l'eau et l'électricité. Celui-ci dira à l'officier de police qu'il refuse. L'officier repartira sans rien faire de plus. Depuis cette date, le couple vit avec un générateur en permanence et se fait livrer l'eau par camion tous les trois jours. Puis les 17 et 19 mai, d'autres échanges acrimonieux.

Malgré de nombreux appels téléphoniques au poste de police de La Gaulette, le 23 mai vers les heures, les policiers n'arriveront que vers vingt heures sur les lieux de l'agression. Sans l'arrivée rapide de deux autres agents de sécurité, et grâce au sang-froid de S. qui a immédiatement demandé du renfort, les conséquences auraient pu être bien plus lourdes encore, soutient John-Erich Nielsen.

En état de choc depuis l'agression, Sonia et John-Erich Nielsen disent craindre aujourd'hui pour leur vie. Ils n'ont pas voulu nous faire de commentaires à ce stade. Mais dans leur entourage, on fait ressortir que «c'est à la justice de statuer sur leur situation, pas à la violence.» Dans le camp des voisins, c'est le même souhait, on veut que cette violence cesse et que la situation retourne à la normale. «Ils doivent payer le loyer s'ils veulent régler la situation avec nous. Nous ne sommes pas des gens violents comme ils le disent. Au contraire, c'est nous qui subissons les injustices d'eux en voulant récupérer le loyer qui reste impayé», a déclaré à l'express l'un des voisins des Nielsen. Raison pour laquelle il a refusé de rétablir l'eau et l'électricité pour alimenter le couple.

Outre les plaintes à la police, et les recours en justice, l'ambassade de France a été contactée.

Espérons que les autorités pourront rétablir le calme et que ce litige soit tranché dans le calme pour le grand bonheur de bien des habitants de Chamarel.

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