Afrique: Allocution liminaire du Directeur général de l'OMS à la Soixante-Dix-Septième Assemblée mondiale de la Santé - 27 mai 2024

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Dr Edwin Dikoloti, Président de la Soixante-Dix-Septième Assemblée mondiale de la Santé, Excellences, chers collègues et amis,

J'ai le plaisir de vous présenter l'action conduite par l'Organisation au cours de l'année écoulée. L'année 2023 a été marquée par de nombreux défis, mais aussi par bien des progrès.

Ces progrès sont consignés dans le rapport sur les résultats de l'OMS, un document complet et interactif que vous trouverez sur le site Web de l'OMS. Celui-ci donne un aperçu détaillé de ce que le Secrétariat a accompli. Il est étayé par des données, des graphiques, des cartes, des exemples nationaux et plus encore. Il contient également des informations sur la provenance, la destination et l'emploi de nos fonds. Je vous en recommande la lecture. Permettez-moi aujourd'hui d'évoquer avec vous certains points forts, en m'appuyant sur chacune des cibles du triple milliard fixées dans le treizième programme général de travail.

Parlons tout d'abord de la promotion de la santé des populations, qui est la seule des trois cibles que nous avons bon espoir d'atteindre. En effet, 1,5 milliard de personnes supplémentaires devraient bénéficier d'un meilleur état de santé et d'un plus grand bien-être d'ici à 2025. Pour atteindre cet objectif, les États Membres se sont employés à combattre les causes profondes de la mauvaise santé dans tous les domaines : pollution atmosphérique, mauvaises habitudes alimentaires, insalubrité de l'eau, environnements pollués et produits nocifs pour la santé.

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Le tabagisme est en baisse dans 150 pays, et le monde compte aujourd'hui 19 millions de fumeurs de moins qu'il y a deux ans. Entre 2020 et 2022, plus de 90 pays ont augmenté leurs droits d'accise sur le tabac. En décembre, l'OMS a publié un appel à l'action pour mettre en garde contre le recours à la cigarette électronique, ainsi qu'une note technique qui met en lumière les dommages causés par ce produit.

Nous constatons par ailleurs que nos actions visant à améliorer la nutrition et l'alimentation saine se sont accompagnées d'évolutions positives. L'année dernière, 13 pays supplémentaires ont adopté ou mis en oeuvre des mesures reposant sur des pratiques exemplaires pour éliminer les acides gras trans de leur offre de produits alimentaires. Près de la moitié de la population mondiale est désormais protégée par des politiques de cet ordre, contre seulement 7 % en 2018, lorsque nous avons lancé l'appel à l'action de l'OMS. Nous estimons que ces politiques ont permis de réduire de deux tiers le nombre de décès dus aux acides gras trans.

Avec le soutien de l'OMS, de plus en plus de pays s'emploient à combattre l'obésité et l'émaciation chez les enfants, et à renforcer l'allaitement maternel. En outre, 28 pays ont augmenté leurs taxes sur l'alcool, le tabac ou les boissons sucrées.

Nous nous employons par ailleurs à rendre les routes plus sûres, partout dans le monde. Au cours de la dernière décennie, 45 pays ont réduit leur nombre de décès dus aux accidents de la route d'au moins 30 %, et 10 sont parvenus à le réduire de 50 % ou plus. Ces pays sont les suivants : le Bélarus, le Brunéi Darussalam, le Danemark, les Émirats arabes unis, la Fédération de Russie, le Japon, la Lituanie, la Norvège, Trinité-et-Tobago et le Venezuela.

Nous menons davantage de travaux dans le domaine des sciences comportementales afin de mieux cerner ce qui motive les décisions que les personnes prennent concernant leur santé. À la suite de l'adoption d'une résolution sur les sciences comportementales par l'Assemblée de la Santé l'année dernière, nous avons collaboré avec la Banque mondiale sur un nouveau rapport qui montre que, si certains pays se servent bien des sciences comportementales pour élaborer des politiques et planifier leur action, cette démarche est souvent fragmentée, ponctuelle et déconnectée des stratégies nationales en matière de santé.

La santé a été définie comme un état complet de bien-être physique, mental et social. En comparaison, la santé sociale a reçu bien peu d'attention. J'ai donc mis en place une Commission sur le lien social chargée d'établir les répercussions de l'isolement social, de me conseiller sur les moyens d'y faire face et de formuler des orientations à la communauté internationale en la matière. Nos travaux sur les déterminants de la santé nous donnent donc de bonnes raisons d'être optimistes, même si nous sommes loin d'avoir terminé d'étudier cette thématique.

La plus grande menace pour la santé de notre époque découle sans doute des changements climatiques. Lors de la vingt-huitième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), qui s'est tenue aux Émirats arabes unis l'an dernier, une journée entière a pour la première fois été consacrée à la santé. Je remercie les Émirats arabes unis pour leur esprit d'initiative. Au moins 149 pays ont signé la déclaration sur le climat et la santé de la COP28, et les donateurs se sont engagés à consacrer plus d'un milliard USD à la lutte contre les conséquences des changements climatiques sur la santé. L'OMS et la communauté mondiale de la santé ont également contribué au maintien, dans l'accord final, d'un engagement de sortir des combustibles fossiles.

Dans le même temps, nous aidons les pays à mettre en place des systèmes de santé plus résilients qui ne portent pas atteinte au climat. L'année dernière, nous avons aidé des établissements de santé en Somalie à se doter de panneaux solaires. Aux côtés de l'UNICEF et de l'Alliance Gavi, nous avons par ailleurs commencé à soutenir d'autres pays, notamment l'Éthiopie, l'Ouganda, le Pakistan, le Yémen et la Zambie.

Nous continuons par ailleurs de collaborer avec nos partenaires de l'Alliance quadripartite sur l'approche « Une seule santé » pour aider les pays à traduire cette approche en politiques et en mesures concrètes. En outre, au moins 63 pays ont réalisé des progrès en matière de prestation de soins aux réfugiés et aux migrants, et s'attaquent aux causes profondes de la mauvaise santé. Grâce aux politiques qu'elle a adoptées, la Colombie a par exemple permis à 3,5 millions de migrants de bénéficier de services de santé.

Parlons à présent de la deuxième cible du triple milliard, consistant à ce qu'un milliard de personnes supplémentaires bénéficient de la couverture sanitaire universelle. Dans ce domaine, les nouvelles sont moins encourageantes. D'ici à 2025, 585 millions de personnes supplémentaires devraient être couvertes par les services de santé essentiels et ne devront plus faire face à des dépenses de santé catastrophiques - chiffre qui correspond à un peu plus de la moitié de la cible initiale.

Même si, depuis 2000, 30 % des pays ont fait des progrès tant sur le plan de la couverture des services que sur celui de la protection financière, au niveau mondial, nous faisons marche arrière du point de vue de cette dernière. Deux milliards de personnes sont en difficulté financière en raison de dépenses de santé à leur charge. En outre, la moitié de l'humanité n'est pas pleinement couverte par des services de santé essentiels. Ces chiffres sont vertigineux.

À la deuxième réunion de haut niveau de l'Assemblée générale sur la couverture sanitaire universelle, les pays ont pris plus d'une cinquantaine d'engagements pour élargir progressivement l'accès aux services de santé essentiels et améliorer la protection financière. Pour aider les pays à honorer leurs engagements, l'OMS oeuvre dans plus de 120 pays au moyen du Partenariat pour la couverture sanitaire universelle. Nous nous sommes par ailleurs associés à un groupe de banques multilatérales de développement pour lancer la Plateforme d'investissement pour l'impact en santé, dotée d'un financement de 1,5 milliard d'euros pour appuyer des projets de soins de santé primaires au niveau des pays. Notre objectif consiste à effectuer des premiers décaissements dès septembre.

L'année dernière, nous avons aidé 23 pays à renforcer leurs personnels de santé et d'aide à la personne. Nous nous apprêtons par exemple à former le personnel infirmier et obstétrical à l'utilisation d'un ensemble d'outils de soins d'urgence de base qui peuvent réduire de moitié le taux de mortalité à l'hôpital. En outre, grâce au soutien de l'OMS, 95 pays ont fait des progrès considérables en matière de lutte anti-infectieuse l'année dernière. À cet égard, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la Somalie et l'Ukraine font figure d'exemples.

En 2023, l'OMS a réalisé d'importantes avancées en vue d'améliorer l'accès aux médicaments et aux autres produits de santé. Ainsi, l'année dernière, nous avons préqualifié 120 médicaments, vaccins, produits de diagnostic et autres produits contre le VIH, le paludisme, la tuberculose multirésistante, la maladie à virus Ebola, la poliomyélite et la COVID-19, ainsi que les premiers analogues de l'insuline à action prolongée. En outre, nous avons diffusé huit alertes concernant des produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés et nous avons standardisé la nomenclature de plus de 300 thérapies cellulaires et géniques - cette tâche, qui peut sembler bien fastidieuse, l'OMS l'accomplit sans que personne n'y prête attention, et s'avère pourtant d'une immense utilité pour les chercheurs, les fabricants et les prescripteurs.

Nous continuons également de fournir un appui aux États Membres pour qu'ils renforcent leurs systèmes réglementaires. Nous avons constaté que le système de la Türkiye avait atteint le niveau de maturité 3 et celui de l'Arabie saoudite, le niveau 4. Singapour, la République de Corée et la Suisse ont été les trois premiers pays à devenir des autorités de réglementation inscrites sur la liste de l'OMS, ce qui fait d'eux des « autorités de réglementation de référence ». Et la semaine dernière, nous avons procédé à l'inscription de 33 autres autorités nationales et régionales.

Grâce à l'impulsion donnée par l'OMS, les possibilités de transferts de technologies et de production géographiquement diversifiée continuent de progresser. Quinze partenaires ont rejoint le programme de transfert de technologie ARNm et, avec le soutien de l'OMS, ont commencé à élargir la gamme de produits en cours de mise au point en ajoutant de nouveaux vaccins présentant un intérêt régional et mondial. Nous avons également créé le Centre mondial pour la médecine traditionnelle, en Inde, et accueilli le premier Sommet mondial sur la médecine traditionnelle.

Dans de nombreux pays, les programmes de vaccination systématique ont été parmi les plus gravement touchés par les perturbations dues à la pandémie de COVID-19, ce qui a entraîné un recul de la couverture et des épidémies de rougeole, de diphtérie, de poliomyélite et de fièvre jaune, entre autres. En avril de l'année dernière, nous avons lancé « Le grand rattrapage » avec l'UNICEF et l'Alliance Gavi, dans le but d'appuyer les efforts déployés par les pays pour enrayer les épidémies et rétablir les programmes de vaccination au moins aux niveaux d'avant la pandémie.

Cette année, la plupart des 20 pays comptant le plus d'enfants n'ayant reçu aucun vaccin pendant la pandémie lancent ou mettent en oeuvre des plans pour atteindre cette population. Parallèlement, le Groupe stratégique consultatif d'experts sur la vaccination, le SAGE, a recommandé l'année dernière de nouveaux vaccins contre la dengue et la méningite ainsi qu'un deuxième vaccin contre le paludisme, le R21-Matrix M.

En ce qui concerne les soins de la mère du nouveau-né et de l'enfant, nous avons aidé 43 pays à élaborer des plans visant à accélérer les efforts déployés pour réduire la mortalité. À l'autre bout de la vie, nous avons aidé 18 pays à renforcer les soins aux personnes âgées ; et 20 autres pays ont adopté des lois sur divers aspects des questions de santé liées à l'âge.

S'agissant de la santé sexuelle et reproductive, nous avons apporté notre soutien à 23 pays prioritaires afin que soit facilité l'accès à des services de qualité et centrés sur les survivantes pour ce qui est des violences sexuelles. En outre, nous avons publié un nouveau rapport qui montre qu'à l'échelle mondiale, une personne en âge de procréer sur six est atteinte d'infertilité.

Bien sûr, le but de tous ces efforts de renforcement des systèmes de santé est d'améliorer les résultats en matière de santé - et, sur ce point, il y a de nombreuses raisons de se réjouir. Des avancées particulièrement notables ont été réalisées l'an dernier dans la lutte contre le paludisme. L'Azerbaïdjan, le Belize et le Tadjikistan ont été certifiés exempts de paludisme, et Cabo Verde a rejoint cette liste en début d'année.

Au Ghana, au Kenya et au Malawi, plus de 2 millions d'enfants ont reçu le premier vaccin contre le paludisme (le RTS,S), ce qui a entraîné une baisse de 13 % de la mortalité toutes causes confondues parmi les enfants. Au moins 30 pays ont l'intention d'introduire ce vaccin et l'Alliance Gavi a déjà accepté d'en soutenir 20 autres qui prévoient de le déployer cette année ou l'an prochain.

Cependant, la demande est largement supérieure à l'offre : par conséquent, l'approbation du nouveau vaccin R21 contribuera à combler cet écart et pourrait sauver des dizaines de milliers de jeunes vies, en particulier en Afrique. La première livraison du nouveau vaccin antipaludique R21 a eu lieu vendredi dernier en République centrafricaine et des préparatifs sont en cours pour des livraisons dans sept autres pays.

En ce qui concerne la tuberculose, environ 8 millions de personnes ont eu accès à un diagnostic et à un traitement l'année dernière. Jamais auparavant un tel chiffre n'avait été atteint. Depuis 2015, 47 pays, principalement en Afrique et en Europe, ont réduit de plus d'un tiers le nombre de décès dus à la tuberculose. En outre, les participants à la réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la lutte contre la tuberculose sont convenus de nouveaux objectifs pour mettre fin à cette maladie et nous avons établi le Conseil pour accélérer la disponibilité de vaccins antituberculeux, qui sera chargé de faciliter la mise au point, l'homologation et l'utilisation équitable de nouveaux vaccins antituberculeux.

En ce qui concerne le VIH, plus de 75 % des personnes vivant avec le virus dans le monde reçoivent désormais un traitement antirétroviral et la quasi-totalité des personnes sous traitement parviennent à une suppression de la charge virale, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas infecter d'autres personnes. L'élimination de la transmission mère-enfant du VIH et/ou de la syphilis a été certifiée dans 19 pays et l'Égypte est le premier pays à avoir atteint l'étape « or » sur la voie de l'élimination de l'hépatite C.

L'année dernière, six pays ont éliminé une ou plusieurs maladies tropicales négligées : le Bénin, l'Irak et le Mali ont éliminé le trachome ; le Ghana a éliminé la trypanosomiase africaine ; et le Bangladesh et la République démocratique populaire lao ont éliminé la filariose lymphatique. Le Bangladesh est aussi le premier pays au monde à avoir éliminé la leishmaniose viscérale, grâce à une collaboration entre de nombreux partenaires, dont l'OMS et le Programme spécial UNICEF/PNUD/Banque mondiale/OMS de recherche et de formation concernant les maladies tropicales.

Nous pouvons également être fiers de notre action dans le domaine des maladies non transmissibles, notamment de l'hypertension - une cause majeure de mortalité prématurée qui exige une attention particulière dans tous les pays. L'année dernière, 10 pays supplémentaires ont mis en oeuvre le programme HEARTS contre l'hypertension, qui couvre ainsi 7 millions de personnes de plus. Nous avons publié notre premier rapport mondial sur l'hypertension, selon lequel cette maladie touche un adulte sur trois dans le monde, mais quatre sur cinq des adultes concernés ne sont pas correctement pris en charge.

L'Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l'enfant est aujourd'hui active dans 76 pays de toutes les Régions ; elle fournit un soutien technique et financier pour améliorer la prestation de services dans des dizaines de centres de cancérologie pédiatrique. L'année dernière, 11 pays supplémentaires ont mis en place la vaccination contre le papillomavirus humain pour prévenir le cancer du col de l'utérus. Nous avons aidé plus de 80 pays à intégrer des services de lutte contre les maladies non transmissibles dans leur système de santé. Et il y a tout juste deux mois, les partenaires se sont engagés à verser près de 600 millions USD pour éliminer le cancer du col de l'utérus.

Dans le cadre de l'Initiative spéciale de l'OMS pour la santé mentale, nous avons apporté notre soutien à neuf pays pour élargir l'accès aux services de santé mentale à près de 20 millions de personnes supplémentaires, et des experts en santé mentale et en soutien psychosocial ont été dépêchés dans 12 pays confrontés à des situations d'urgence complexes. Nous avons mis à jour nos lignes directrices sur les troubles mentaux, neurologiques et liés à l'usage de substances psychoactives, que plus de 100 pays à revenu faible ou intermédiaire utilisent pour multiplier les services de santé mentale au niveau des soins de santé primaires.

Dans le même temps, nous continuons d'aider les pays à faire face à la crise toujours plus préoccupante de la résistance aux antimicrobiens, qui tue au moins 1,3 million de personnes chaque année. Depuis 2016, le nombre de pays qui communiquent des données sur les infections bactériennes au Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de leur usage a plus que triplé. L'année dernière, avec le soutien de l'OMS, 11 pays supplémentaires ont élaboré des plans d'action nationaux multisectoriels contre la résistance aux antimicrobiens, ce qui porte à 178 le nombre de pays ayant de tels plans, et nous avons aidé les pays à obtenir de nouveaux financements du Fonds de lutte contre les pandémies et du Fonds mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens.

Cette semaine, vous examinerez une résolution importante sur la résistance aux antimicrobiens ; et la réunion de haut niveau de l'Assemblée générale sur la résistance aux antimicrobiens prévue cette année sera une autre occasion importante d'obtenir des engagements concrets face à l'urgence que représente cette menace mondiale.

Passons maintenant à la troisième cible du triple milliard : les situations d'urgence. Sur la base des tendances actuelles, nous estimons que 777 millions de personnes seront mieux protégées face aux situations d'urgence sanitaire d'ici à 2025, soit les trois quarts de notre cible de 1 milliard. Bien entendu, « mieux protégé » ne signifie pas complètement protégé et, comme l'a montré la pandémie de COVID-19, tous les États Membres ont beaucoup d'efforts à faire, individuellement et ensemble.

En mai 2023, j'ai déclaré la fin de la COVID-19 et de la variole simienne en tant qu'urgences sanitaires mondiales. Nous continuons d'appeler tous les pays à maintenir et à renforcer les capacités de surveillance, de détection et de riposte qu'ils ont mises en place lors de la pandémie. Ces investissements ne doivent pas être gaspillés. Le Mécanisme COVAX, qui a cessé ses activités à la fin de l'année dernière, a joué un rôle essentiel en livrant près de deux milliards de doses de vaccin qui ont permis de sauver quelque 2,7 millions de vies dans les pays à faible revenu.

Au total, l'OMS est intervenue dans 65 situations d'urgence classées l'année dernière : tremblements de terre en Türkiye et en République arabe syrienne ; conflits et insécurité en Éthiopie, à Gaza, en Haïti, au Myanmar, en République démocratique du Congo, au Soudan et en Ukraine ; flambées de choléra, de dengue, de diphtérie, d'hépatite E, de maladie à virus Marburg, de rougeole, de variole simienne et d'autres maladies encore ; tandis que la propagation de la grippe aviaire à de nouvelles espèces animales à travers le monde reste une menace constante.

L'OMS a aidé des dizaines de pays à accéder à des vaccins et à des traitements pour faire face à ces situations. Pour la première fois, nous avons soutenu la mise en place d'un nouveau vaccin contre cinq souches de méningite en réponse à une vaste épidémie en Afrique de l'Ouest. Nous avons également contribué à protéger à vie 60 millions de personnes contre la fièvre jaune, notamment parmi des groupes à haut risque tels que les travailleurs forestiers en République centrafricaine.

Les équipes médicales d'urgence, composées de professionnels de la santé du monde entier, ont joué un rôle essentiel dans le cadre de l'action menée dans 19 situations d'urgence dans le monde, y compris à Gaza, où nous avons soutenu le déploiement de 18 équipes qui ont assuré près de 400 000 consultations, pratiqué plus de 18 000 interventions chirurgicales et fourni plus de 500 lits d'hôpitaux supplémentaires. Ces équipes travaillent à tous les niveaux de soins, dans le nord comme dans le sud, où elles s'occupent de la stabilisation des traumatismes, des accouchements, de l'alerte précoce en cas de flambée épidémique et accomplissent bien d'autres tâches encore.

En outre, l'OMS et ses partenaires ont effectué des missions pour aider au transfert de patients. Nous avons par ailleurs livré pour 15 millions USD de nourriture, d'eau et de fournitures médicales aux établissements de santé, et des fournitures d'une valeur supplémentaire de 13 millions USD sont en cours d'acheminement. L'OMS était présente à Gaza avant le début du conflit et y restera pour soutenir le système de santé jusqu'à la fin de ce conflit et pour aider à le reconstruire par la suite.

Au Soudan, après plus d'un an de combats, près de 15 millions de personnes ont besoin d'une assistance sanitaire. Plus des trois quarts des hôpitaux et près de 90 % des établissements de soins primaires ne fonctionnent pas. L'OMS a livré des fournitures d'une valeur de 19 millions USD afin d'assurer la continuité des services de santé pour ceux qui en ont le plus besoin et de prévenir et de combattre les flambées épidémiques.

En Ukraine, nous continuons de soutenir le système de santé, qui résiste, mais qui est confronté à des difficultés permanentes. On estime que 7,8 millions de personnes auront besoin d'une assistance sanitaire en 2024.

Dans ces trois situations, et dans d'autres également, nous continuons de constater des attaques visant les services de santé. L'année dernière, l'OMS a confirmé 1510 attaques contre les services de santé dans 19 pays, qui ont fait 749 morts et plus de 1200 blessés. Attaquer ou militariser les services de santé constitue une violation du droit international humanitaire.

Dans ces trois situations, la seule solution est la paix. Nous appelons à un cessez-le-feu à Gaza ; à un cessez-le-feu au Soudan ; et à un cessez-le-feu en Ukraine. La paix dans les trois. Maintenant.

Nous continuons à progresser vers notre objectif d'éradication de la poliomyélite. L'année dernière, six cas dus au poliovirus sauvage ont été signalés au Pakistan et six en Afghanistan, soit le deuxième nombre le plus bas de cas notifiés au cours d'une année civile. Depuis le début de l'année, trois cas ont été signalés en Afghanistan et deux au Pakistan. Nous avons intensifié nos efforts pour atteindre les enfants non vaccinés dans une poignée de districts des deux pays, et nous nous félicitons de la reprise récente de la vaccination porte-à-porte dans le sud de l'Afghanistan après presque six ans.

Si nos interventions dans les situations d'urgence font souvent la une des journaux, notre travail de soutien aux pays pour prévenir les urgences et s'y préparer est moins visible, mais tout aussi important. Par exemple, le Fonds de lutte contre les pandémies est maintenant opérationnel et la demande est considérable. Il a effectué un premier cycle de décaissements d'un montant de 338 millions USD en faveur de 37 pays, mais a reçu des requêtes de plus de 120 pays, avec des demandes de financement de plus de 2 milliards USD. Le délai de soumission des demandes pour le deuxième cycle vient de s'achever, et la demande reste forte.

Nous continuons d'aider de nombreux États Membres à renforcer leurs capacités essentielles en matière d'urgence sanitaire, y compris les capacités des laboratoires, avec le soutien de notre bureau de Lyon. Nous avons également lancé i-MCM-net, un mécanisme de coordination intérimaire visant à faciliter un accès mondial rapide et équitable à des contre-mesures médicales de qualité, sûres, efficaces et d'un coût abordable. Le Centre d'information de l'OMS sur les pandémies et les épidémies a créé le Réseau international de surveillance des agents pathogènes, qui compte désormais 94 organisations dans 43 pays. Le système BioHub de l'OMS héberge désormais 30 échantillons biologiques et plus de 100 matériels ont été échangés entre les États Membres.

Après le succès de la phase pilote de l'examen universel de l'état de santé et de préparation, 10 pays de cinq Régions se sont inscrits pour la phase suivante. Nous avons également lancé l'initiative Préparation et résilience face aux menaces émergentes, une approche intégrée de la planification en cas de pandémie. Enfin, nous soutenons la France et le Comité international olympique dans la préparation des Jeux olympiques de cette année à Paris.

Le quatrième pilier du treizième programme général de travail consiste à rendre l'OMS plus efficace et plus efficiente, notamment grâce à la science, aux données, à la recherche et aux technologies numériques. Depuis l'Assemblée de l'année dernière, nous avons publié plus de 8000 nouveaux documents et publications ; assuré la qualité d'environ 500 produits techniques normatifs ; approuvé 28 nouvelles lignes directrices cliniques et de santé publique fondées sur des données probantes ; aidé 26 pays à mettre en place des mécanismes d'adaptation et de mise en oeuvre de nos lignes directrices, normes et critères ; et soutenu 50 pays selon une approche de la mise en oeuvre fondée sur les données et axée sur les résultats.

En outre, le Centre mondial de données sanitaires comprend désormais les plus grandes bases de données au monde sur les inégalités et la mortalité ; plus de 120 pays appliquent la Onzième révision de la Classification internationale des maladies (CIM-11) ; nous avons créé le Réseau mondial de certification sanitaire numérique ainsi que l'Initiative mondiale sur la santé numérique et publié des lignes directrices sur l'intelligence artificielle au service de la santé ; le Conseil sur l'économie de la santé pour tous a remis son rapport final ; et en octobre prochain, le campus de l'Académie de l'OMS ouvrira ses portes à Lyon, événement qui marquera le début d'une ère nouvelle. Je remercie la France de son soutien continu et je me réjouis de la création d'un groupe d'amis de l'Académie de l'OMS.

Tout ce travail s'appuie sur le processus continu de transformation de l'OMS, comme je l'ai indiqué ce matin.

Excellences, chers collègues et amis,

Je vous ai présenté une longue liste de nos réalisations, mais comme toujours, elle est très loin de rendre compte de l'étendue et de l'intensité des travaux que mène l'OMS partout dans le monde. Ce n'est qu'un rapide survol. Certains travaux de l'OMS font les gros titres ; la plupart, non. Certains attirent l'attention des donateurs, d'autres non.

Alors que le treizième programme général de travail touche à sa fin, nous avons de nombreuses raisons d'être fiers de notre action, mais les défis à relever se multiplient. Mes collègues et moi-même demeurons résolus à vous servir du mieux possible pour oeuvrer ensemble à l'avènement d'un monde plus sain, plus sûr et plus juste.

Je vous remercie.

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