Les communiqués de presse de fin de mission comprennent des déclarations des équipes du FMI qui transmettent les conclusions préliminaires après une visite dans un pays.
Les opinions exprimées dans cette déclaration sont celles du personnel du FMI et ne représentent pas nécessairement les vues du Conseil d'Exécutif du FMI. Sur la base des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI prépareront un rapport qui, sous réserve de l'approbation de la direction, sera présenté au Conseil d'Administration du FMI pour discussion et décision.
Washington, DC: Une équipe des services du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par M. Antonio David a tenu des réunions du 20 mai au 1er juin 2024, sur la quatrième et la cinquième revues de l'accord avec le Niger soutenu par la facilité élargie de crédit (FEC) et la première revue du programme soutenu par la facilité de résilience et durabilité (FRD).
À la fin de la mission, M. David a fait la déclaration suivante :
"Les autorités nigériennes et l'équipe du FMI ont conclu un accord au niveau des services sur la quatrième et la cinquième revues du programme économique du Niger soutenu par la facilité élargie de crédit et sur la première revue du programme soutenu par la facilité de résilience et durabilité. L'accord au niveau des services sera soumis à l'approbation de la Direction et du Conseil d'Administration du FMI. La réunion du Conseil est prévue en juillet 2024. L'achèvement des revues de la FEC permettrait le décaissement de 19,7 millions de DTS (environ 26,1 millions de dollars américains, soit 15 pour cent du quota du Niger) pour couvrir les besoins de financement extérieur. À son tour, l'achèvement de la première revue de la FRD permettrait le décaissement de 34,2 millions de DTS (environ 45,3 millions de dollars américains, soit 26 pour cent du quota du Niger).
"La croissance économique s'est ralentie à 2,4 pour cent en 2023, en raison principalement des effets des sanctions, ainsi qu'une campagne agricole relativement défavorable. Les perspectives économiques sont favorables à court et moyen terme, malgré l'incertitude sur les effets économiques de la décision de quitter la CEDEAO. La croissance réelle du PIB est projetée à 10,6 pour cent en 2024 en raison du début des exportations de pétrole et des effets d'entraînement qui en résultent sur l'économie, la levée des sanctions, ainsi que l'augmentation attendue de la production agricole. Les deux derniers facteurs devraient également contribuer à contenir les pressions inflationnistes en 2024. Néanmoins, ces perspectives positives sont sujettes à des risques, en particulier ceux liés à la situation sécuritaire et aux vulnérabilités aux chocs climatiques.
"Le déficit budgétaire pour 2023, de 5,4 pour cent du PIB, a été légèrement supérieur à la cible du programme en partie en raison de la baisse du niveau des recettes. Cependant, la trajectoire du déficit sera maitrisée pour permettre un respect de l'engagement des Autorités à atteindre le critère de convergence régional de l'UEMOA de 3 pour cent du PIB d'ici 2025. Du fait des sanctions imposées après les évènements du 26 juillet 2023, le Niger a accumulé des arriérés de service de la dette extérieure et intérieure. Les autorités nigériennes poursuivent des efforts louables pour apurer entièrement ces arriérés de paiement.
"Le programme soutenu par la facilité élargie de crédit vise à renforcer la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d'une croissance résiliente, inclusive et tirée par le secteur privé. La performance du programme a été mitigée. La plupart des objectifs quantitatifs à fin juin, fin décembre 2023 et à fin mars 2024 ont été atteints, malgré le contexte difficile auquel le Niger a été confronté l'année dernière. Toutefois, certains repères structurels sous le programme n'ont pas été atteints, tandis que d'autres ont été mis en oeuvre avec un retard.
"Les mesures visant à renforcer la mobilisation des recettes intérieures sont cruciales pour augmenter l'espace budgétaire afin de couvrir les dépenses prioritaires, notamment les dépenses sociales et de sécurité. Dans ce contexte, les efforts continus des autorités pour simplifier le code général des impôts, promouvoir la digitalisation de l'administration fiscale, et adopter une stratégie de gestion des recettes pétrolières visant à protéger le budget des fluctuations des prix internationaux du pétrole sont des réformes clés. De plus, renforcer la qualité et l'efficacité des dépenses publiques est nécessaire pour améliorer la fourniture des services publics.
"Les autorités nigériennes sont conscientes que le développement du secteur privé est vital pour accélérer et soutenir la reprise économique et poursuivent des efforts pour améliorer le climat d'investissement. Les autorités ont restructuré le cadre institutionnel de lutte contre la corruption avec la création de la Commission contre la délinquance économique, financière et fiscale (CoLDEFF). Les autorités doivent continuer à améliorer la gouvernance, y compris en renforçant le cadre de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
"Le financement de la FRD soutient les efforts pour stimuler les réformes et les investissements afin de faire face aux risques et défis accrus associés au changement climatique, renforçant ainsi la résilience et protégeant les moyens de subsistance. Les autorités nigériennes ont réalisé des progrès significatifs dans la mise en oeuvre des réformes visant à améliorer la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles (y compris les risques budgétaires) ainsi qu'à promouvoir les sources d'énergie renouvelables.
"La mission a rencontré Son Excellence Monsieur Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier Ministre et Ministre de l'Économie et des Finances et Monsieur Bakary Yaou Sangare, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens, à l'Extérieur. La mission a également tenu des séances de travail avec le Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des finances, M. Moumouni Boubacar Saidou, le Directeur National de la BCEAO, M. Maman Laouali Abdou Rafa, ainsi que d'autres hauts fonctionnaires du Gouvernement, des représentants du secteur privé et des partenaires de développement.
"L'équipe souhaite remercier les autorités pour leur coopération, et pour les discussions constructives et productives."