Madagascar: Absentéisme vs taux de participation

Tenir une élection un jour ouvrable, décrété férié et chômé, n'est finalement pas une bonne idée. Cette nouvelle tradition a été établie depuis 2002 et adoptée par les régimes successifs. Mais le jour férié n'est pas du tout chômé. Excepté les fonctionnaires qui ont profité pour aller à la pêche, tous les secteurs d'activité ont fonctionné comme d'habitude. Rien ne distingue le jour du scrutin des élections législatives des autres jours. Le marché du mercredi d'Andravoahangy était bondé de monde comme chaque semaine. Même situation à Analakely, Mahamasina, Anosibe... et certainement dans les autres villes. Les grandes distributions ont fait pareil, de même que les débits de boissons, les restaurants, les salons de thé...

Résultats des courses, le vote était le dernier des soucis des électeurs. À preuve, le taux de participation est resté assez faible pour une élection de proximité. Certains marchands affirment qu'ils sont allés voter avant d'ouvrir leur boutique mais le doute est permis après vérification de leur pouce sans aucune trace d'encre indélébile, distinguant chaque électeur ayant accompli son devoir.

Le décret n'est pas clair et son application manque de fermeté. Si l'objet était d'inciter les électeurs à aller voter, on aurait du mentionner que toutes les activités devraient s'arrêter. C'est ainsi que la CUA supprime le marché hebdomadaire de Mahamasina quand il y a un match au stade Barea ou quand il y a un défilé militaire au même endroit. On se demande même si on doit supprimer ces marchés hebdomadaires qui débordent complètement dans les chaussées et bouchant la circulation. Bien sûr, cette mesure ne garantit pas un taux de participation de 90%, étant donné l'aversion de la majorité des électeurs pour les choses politiques ainsi que son ignorance pour manque d'instruction mais on aurait peut-être gagné quelques votants de plus. Sinon, l'objectif de la Ceni d'atteindre 13 millions d'électeurs et la décision de donner le droit de vote aux détenus n'a aucun sens. Jusqu'ici, le taux de participation oscille autour de 25%. Un quart des électeurs seulement sont donc allés aux urnes.

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L'importance du taux de participation crédibilise a priori une élection. Elle est synonyme de confiance et d'engagement des citoyens. Un faible taux de participation équivaut à une désapprobation des actions de l'État et de ses institutions. La population se sent exclue des affaires nationales et préfèrent s'occuper de ses activités génératrices de revenus. Elle laisse les autres décider à sa place. À la longue, cela pourrait avoir de graves conséquences et renier le sens de la démocratie. Mais on ne peut pas en vouloir aux électeurs de bouder les urnes pour élire des députés qui brilleront par leur absence aux sessions parlementaires une fois élus. Le taux de participation équivaut finalement aux dix-huit députés sur cent cinquante-et-un( cent soixante-trois désormais) assidus aux sessions parlementaires durant le mandat précédent. On a également les électeurs que les députés méritent.

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