Une délégation d'entreprises françaises est en visite à Benghazi jusqu'à ce mercredi 4 juin, accompagnée par l'ambassadeur de France en Libye. Après une visite à Tripoli il y a quelques mois, l'objectif est de décrocher des contrats dans l'industrie, la reconstruction et la santé dans l'est de la Libye, où les contrats se multiplient depuis la catastrophe de Derna.
De Vinci dans le BTP à Sanofi dans la santé, les sociétés françaises qui font le déplacement à Benghazi prennent avec retard le train de la reconstruction et du développement de l'est libyen. Une reconstruction qui n'est pas gérée par le gouvernement de Tripoli, mais par un fond dirigé par le fils du général Haftar, rappelle Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye au Royal United Institute.
« Les contrats qui ont été distribués par Belkacem à partir du mois de novembre 2023 ont été plutôt réservés à l'Égypte, aux Émirats et à la Turquie. Et puis, petit à petit, on a vu des efforts des Américains qui ont dit qu'ils aimeraient bien un morceau de ces opportunités-là, dit-il. Les Italiens ont dit la même chose. Aujourd'hui, on voit les sociétés françaises qui arrivent un peu sur le tard. »
« Le fonds de reconstruction, c'est vraiment une boîte noire »
Cet engouement occidental inquiète le chercheur étant donné l'opacité des financements. « Le fonds de reconstruction, c'est vraiment une boîte noire. Personne ne sait s'il y a un certain niveau d'intégrité, s'il y a des vérifications comptables, s'il y a une feuille de route sur le côté conception. Quel genre de pont est-on en train de reconstruire à Derna ? Est-ce que c'est compatible avec les recommandations de la Banque mondiale ? On ne sait rien de tout ça et personne n'est en mesure de poser la moindre question. »
Rien qu'à Derna, le coût de la reconstruction est estimé à deux milliards et demi de dollars.