Ile Maurice: Une baisse n'est pas à écarter

Fin de suspense ce vendredi. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, présentera le dernier Budget de son mandat avant les élections générales. Nombreux sont les observateurs qui croient comprendre que ce sera un Budget à faire plaisir aux électeurs.

Toutefois, ce sera aussi l'occasion de couper l'herbe sous les pieds de l'opposition. Le ministre des Finances pourrait une nouvelle fois baisser les prix des carburants comme il l'avait fait l'année dernière, pensent des experts et l'Association des consommateurs de l'île Maurice (ACIM).

D'ailleurs, Navin Ramgoolam, le principal challenger de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre, a annoncé une vingtaine de mesures qu'il introduira aussitôt arrivé au pouvoir. Parmi ces mesures, l'abolition de plusieurs taxes sur les carburants. Le Petroleum Pricing Committee (PPC) s'est réuni le 24 mai et il a maintenu le prix de l'essence à Rs 66,20 et le diesel à Rs 63,95.

La State Trading Corporation n'a pas manqué de préciser que l'essence aurait dû se vendre à Rs 69,66 le litre en raison du prix référence sur le marché international qui est de 858,08 dollars, mais il a été maintenu à Rs 66,20 arguant que le Price Stabilisation Account (PSA) pour l'essence était positif. Cependant, le diesel aurait dû se vendre à Rs 57,51, mais le PPC a dû le maintenir à Rs 63,95 en raison du PSA déficitaire de Rs 4,3 milliards Son prix de référence est de 96,70 dollars.

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Il y avait pratiquement le même scénario le 11 mai 2023 quand ce comité avait tenu une réunion. Le prix de référence de l'essence était à 865,47 dollars alors que celui du diesel était à 94,31 dollars. Le PSA était déficitaire par Rs 4,7 milliards. Ces données avaient contraint le PPC à maintenir l'essence à Rs 74,10 et le diesel à Rs 54,55. Toutefois, Renganaden Padayachy devait annoncer une baisse de Rs 5,10 sur l'essence, passant de Rs 74,10 à Rs 69 lors de la présentation de son Budget quelques jours plus tard. Le gouvernement avait décidé de puiser Rs 5,10 des fonds publics pour subventionner l'essence.

Un consultant en produits pétroliers affirme que le gouvernement peut bien baisser le prix de l'essence et du diesel dans le prochain Budget. Cependant, pour le faire, il faudra qu'il enlève les différentes taxes. «Il ne faut pas compter sur la baisse des prix sur le marché mondial. Le Brent est à son niveau le plus haut, soit 87 dollars. Il ne baissera pas de sitôt avec les guerres en Ukraine et à Gaza ainsi que l'attaque des bateaux par des rebelles au large du Yémen. De grands pays producteurs ont également réduit leur production de pétrole. Donc, le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'abolir les taxes. De plus, il est obligé de faire un geste politique pour remonter le feel-good factor à la veille des élections», précise-t-il.

Jayen Chellum, secrétaire général de l'ACIM, abonde dans le même sens. D'abord, il maintient que les prix des carburants auraient dû connaître une baisse à la pompe quand le coût de ces produits avait pris une courbe descendante sur le marché international, mais tel n'a pas été le cas chez nous. «Les consommateurs n'ont pas pu profiter quand le prix de référence pour l'essence était bas parce que la STC se servait du gain sur l'essence pour maintenir le prix du diesel, mais il y a une série des taxes sur chaque litre de carburant que doivent payer les consommateurs. Ce sont ces taxes qui pèsent dans le budget des consommateurs», rappelle le défenseur des droits des consommateurs. Il maintient qu'il est presque certain que Renganaden Padayachy abolira quelques-unes d'entre elles. «Il tentera de déjouer la stratégie de l'opposition qui a déjà annoncé l'abolition des taxes sur les carburants. Il est condamné à le faire à la veille des élections», ajoute-t-il. Cependant, Jayen Chellum maintient que l'ACIM condamne le fait que le gouvernement n'ait pas baissé l'essence et le diesel beaucoup plus tôt.

Toutefois, un membre de l'opposition estime que ce sera «too little, too late», si le gouvernement ne baisse le prix des carburants que maintenant.

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