Au Niger, l'activité économique a ralenti à 2,5 % en 2023, en raison du changement de régime politique en juillet, des sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), ainsi que du gel des financements extérieurs par les principaux partenaires techniques et financiers du pays.
Selon la Banque africaine de développement (Bad), cette croissance économique limitée est due principalement à l'augmentation de la production pétrolière et de l'agriculture du côté de l'offre et à l'augmentation de la consommation finale du côté de la demande.
«L'inflation a diminué, passant de 4,2 % en 2022 à 3,7 % en 2023, en raison d'une bonne campagne agricole. Le déficit budgétaire a reculé pour atteindre 5 % du Pib en 2023, en raison de la réduction des dépenses d'investissement due au gel des financements extérieurs. Malgré l'accumulation des arriérés du service de la dette, la dette s'est stabilisée à environ 50 % du Pib en 2023. Le déficit du compte courant s'est réduit, passant de 16,1 % du Pib en 2022 à 12,8 % en 2023, principalement en raison d'une forte baisse des importations liée aux sanctions, qui sont passées de 27,2 % du Pib en 2022 à 23,5 % », explique la Bad dans son rapport sur les « Perspectives économiques en Afrique » publié ce 30 mai 2024 à Nairobi.
Les sanctions économiques et financières ont également ralenti l'activité bancaire, déprécié la qualité des créances bancaires (à titre d'exemple, le taux de dégradation brut du portefeuille est passé de 15,9 % au deuxième trimestre à 21,5 % au troisième trimestre 2023, bien au-dessus de la moyenne de l'Uemoa), et réduit les réserves de change à 4,6 mois de couverture des importations. La Bad soutient que les perspectives économiques pour 2024 et 2025 sont favorables. La croissance devrait être principalement soutenue par les hydrocarbures - avec une production de pétrole brut qui devrait quintupler, passant de 20 000 à environ 100 000 barils par jour - et par la résilience du secteur agricole.
L'activité économique devrait également bénéficier de la levée des sanctions économiques et financières de la Cedeao et de la reprise des financements extérieurs par les principaux partenaires techniques et financiers. La croissance économique devrait atteindre 10,4% en 2024 puis ralentir à 7,4% en 2025.
L'inflation devrait rester contenue en 2024 et 2025 grâce aux performances du secteur agricole. Une augmentation significative des recettes fiscales avec la reprise des activités commerciales et des recettes pétrolières devrait entraîner une consolidation budgétaire en 2024 et 2025. Toutefois, le déficit budgétaire devrait rester supérieur au critère de convergence de l'Uemoa (3 % du Pib). Le déficit du compte courant devrait s'améliorer considérablement, grâce à l'augmentation de la production pétrolière. Les risques pesant sur ces perspectives économiques favorables sont liés au changement climatique, à l'insécurité et aux effets négatifs de la sortie annoncée du pays de la Cedeao.
La Bad souligne que la structure de l'économie a peu évolué au cours des deux dernières décennies. De 1991-2000 à 2011-2020, la part de l'agriculture dans le PIB est passée de 33 % à 34,9 %, celle de l'industrie de 21,3 % à 22,4 % et celle des services de 36,9 % à 38,7 %. Les principaux obstacles à la transformation structurelle du Niger sont liés à la faible productivité des facteurs, qui entrave la diversification de l'économie. Le déficit d'infrastructures est un obstacle majeur à la compétitivité et à la transformation structurelle. Le secteur financier reste sous-développé pour mobiliser et allouer l'épargne aux besoins de développement.