L'insuffisance des auditoires mais aussi le manque de disponibilité des enseignants sont à la base du chevauchement des années académiques qui deviennent élastiques dans des institutions universitaires, ont constaté lundi 3 juin les reporters de Radio Okapi.
A l'Université de Kinshasa (UNIKIN) par exemple, ce phénomène de chevauchement des années académiques est courant. Le nouveau comité de gestion et les facultés mettent en place des mécanismes pour mettre fin à ce phénomène.
« Aujourd'hui, on fait tout pour qu'il n'y ait plus chevauchement. Dans certaines facultés, on a réussi. Dans deux ou trois facultés, notamment la faculté de droit et celle de médecine vétérinaire, nous connaissons encore quelques difficultés. La faculté de droit qui a plus de vingt promotions n'avait que quatre auditoires. Les professeurs qui ne savent plus donner cours dans les délais », a analysé le professeur Charles Odiko, secrétaire général académique de l'Université de Kinshasa.
Selon lui, le problème d'auditoires se pose depuis que l'université de Kinshasa est devenue une université de masse. Il rappelle que l'Université de Kinshasa était conçue pour accueillir 5000 étudiants. Aujourd'hui, la seule faculté de droit peut compter 8000 étudiants. D'où ce problème d'auditoires.
Enseignants et étudiants responsables
Les étudiants et les enseignants, mais aussi le Gouvernement sont responsables de ce chevauchement des années académiques. Selon Charles Odiko, des étudiants tirent des choses en longueur et ne savent défendre leur mémoire à temps. Ce qui rallonge le travail des membres du jury.
« Les étudiants ne travaillent plus sur base de contrainte de temps. Cela pose préjudice à l'Université », note le secrétaire général de l'UNIKIN.
Il n'épargne pas les professeurs. Contraints de cumuler l'enseignement avec des fonctions politiques ou les consultances dans des organisations internationales, certains professeurs abandonnent presque les enseignements.
« Il y a des professeurs qui ne savent pas faire la part entre leurs responsabilités ailleurs, dans les institutions, les organismes et à l'Université. Ces professeurs, on ne les retrouve pas dans les auditoires, ils commencent les cours en retard et détiennent le plus longtemps possible les copies d'examens sans les corriger. Mais nous utilisons les moyens coercitifs pour sanctionner certains comportements », ajoute Charles Odiko.
Néanmoins, l'université de Kinshasa organise désormais la suppléance pour les professeurs qui ne sont pas disponibles.
A cela s'ajoute les grèves provoquées par le fait que le Gouvernement ne respecte pas ses engagements vis-à-vis des syndicats. Ces grèves répétitives perturbent les années académiques.
Des solutions
Afin de normaliser les années académiques à l'Université de Kinshasa, le comité de gestion de cette institution a pris certaines mesures, explique son secrétaire académique :
« On a décrété pour certaines promotions des années blanches pour éviter des chevauchements. On a retrouvé quelques locaux qu'on a attribué aux facultés, organiser la suppléance lorsqu'un professeur n'a pas de temps ».
A l'Université nationale de bâtiments et travaux publics (UNBTP), ce phénomène est récent, fait remarquer John Kalala, secrétaire général académique de cette institution universitaire.
« Depuis 1962, il n'y a jamais eu des années élastiques, sauf cette année. Il y a eu des perturbations au niveau des étudiants qui ne voulaient pas payer les frais académiques. Cela nous a pris deux mois », note-t-il.