Madagascar: Aéroport d'Ivato - Des mesures strictes contre les abus et la corruption

Andry Rajoelina annonce que dès son retour de Corée, il compte prendre en main le dossier sur les abus et la corruption à l'aéroport d'Ivato, des fléaux qui, selon ses dires, nuisent à l'image du pays.

Le dossier n'est pas clos. Andry Rajoelina, président de la République, lui-même, mène la charge contre les abus et la corruption qui sévissent à l'aéroport d'Ivato. Une information qu'il a partagée durant sa rencontre avec la diaspora malgache résidant en Corée du Sud hier. Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'une explication des efforts de l'État pour assainir l'administration publique, améliorer la qualité des services publics et renforcer la gouvernance. "Je prendrai en main le dossier dès mon retour", affirme le chef de l'État.

Sauf changement, le locataire d'Iavoloha pourrait programmer une descente à l'aéroport. En tout cas, il affirme que l'annihilation des malversations aux frontières aériennes de Madagascar est désormais inscrite dans la liste des priorités étatiques. "Des mesures strictes seront prises", ajoute-t-il, arguant que ces faits regrettables nuisent sensiblement à l'image du pays. Les cas d'abus et de corruption perpétrés par les agents affectés aux frontières à l'aéroport d'Ivato font fréquemment l'objet de dénonciations dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Ils ont notamment fait grand bruit au début du mois de mai. Ce qui a poussé successivement le ministre de la Sécurité publique et la ministre de l'Économie et des Finances à y effectuer une descente. Les deux membres du gouvernement ont recadré les policiers aux frontières et les douaniers qui sont sous leurs ordres.

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Ces deux corps étant sous l'autorité respective des deux ministres précités. Depuis, la situation semble s'être apaisée. D'autant plus que de son côté, le ministère de l'Économie et des Finances, avec la direction générale des douanes, multiplie les actions de communication pour rassurer l'opinion publique. Cependant, le président de la République ne compte visiblement pas lâcher l'affaire aussi facilement. À l'entendre, il veut éradiquer les maux qui minent le service des frontières à l'aéroport international d'Ivato. Les dénonciations retentissantes de cas de corruption et d'abus à Ivato ne sont que les dernières en date.

Effet rédhibitoire

Des situations similaires font régulièrement la une des journaux. Elles connaissent un répit après les remontrances des autorités gouvernementales et quelques sanctions. Pourtant, une fois le sujet hors des radars des médias et des réseaux sociaux, les abus et les rackets reprennent de plus belle. À en croire les explications présidentielles d'hier, les conséquences néfastes des malversations perpétrées par les agents affectés aux frontières sont multidimensionnelles. Il y a d'abord l'aspect politique. "Il suffit que quelques-uns fassent des erreurs pour ruiner tous les efforts des dirigeants pour changer les choses et améliorer la gouvernance", déplore le président de la République. Il y a ensuite les effets regrettables sur l'économie. Le fait que Andry Rajoelina insiste sur le fait que "cette situation nuit à l'image du pays" n'est pas fortuit. Les abus et la corruption aux frontières ont un effet dissuasif sur les touristes. Il convient ici de prendre le terme "touristes" au sens large, incluant les vacanciers, les travailleurs, ainsi que les hommes d'affaires et les émissaires de potentiels grands investisseurs. De plus, les quelques devises récupérées à Ivato peuvent coûter plusieurs centaines de millions de dollars à la nation.

Pour illustrer la situation, le chef de l'État a relaté l'expérience de techniciens chinois ayant participé à l'installation des pistes en tartan pour les Jeux des îles de l'océan Indien (JIOI) l'année dernière. "À la fin de leur séjour, ces techniciens ont fait l'éloge de la qualité de l'hospitalité malgache. Malheureusement, au moment du départ, à l'aéroport, ils ont été confrontés à des difficultés. Les agents affectés aux frontières ne connaissaient qu'une expression en chinois : 'Vous n'êtes pas en règle. Il faut payer"', rapporte le président Rajoelina. Poursuivant son récit, le locataire d'Iavoloha ajoute : "les ressortissants chinois n'étaient pourtant que des techniciens ordinaires et ont expliqué qu'ils n'avaient pas beaucoup d'argent, mais en vain. Ils ont dû débourser tout ce qu'ils avaient en poche pour pouvoir embarquer et rentrer chez eux. Malheureusement, ils ont fait part à leur supérieur qu'ils ont vécu un cauchemar à Madagascar et ne veulent plus être envoyés en mission ici."

Andry Rajoelina a également relaté la mauvaise expérience d'une étudiante malgache qui a eu des ennuis avec des douaniers, "car elle avait rapporté trois parfums dans ses bagages, bien qu'elle ait expliqué qu'il s'agissait de cadeaux pour sa mère et sa grand-mère". Cela montre qu'il est au courant des plaintes dont certains agents de la douane font l'objet. Annoncer qu'il compte prendre des mesures strictes est donc sa réponse à ces doléances. Cependant, certains attendent des actes qui donneront des résultats durables et qui mettront définitivement un terme à ces abus.

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