Congo-Brazzaville: Réseaux sociaux - Les Assises de Louingui apportent un éclairage

Initiées par le député de la circonscription électorale unique de Louingui, département du Pool, Elbe Biscay Bidié, les assises sur le contenu et la gestion de l'information sur les réseaux sociaux ont permis, le 1er juin, aux journalistes et aux influenceurs d'échanger sur les avantages et les inconvénients de la révolution numérique.

Ils étaient nombreux à avoir effectué le déplacement de Louingui, ces journalistes et influenceurs partis de Brazzaville pour discuter autour du thème central « Inspirer le changement. Partager votre expertise sur les réseaux sociaux ». Le député Elbe Biscay Bidié a rappelé, dans son mot de bienvenue, que les réseaux sociaux connaissent une croissance rapide et ont un impact non négligeable dans la société. Un impact qui soulève des questions importantes sur des aspects positifs comme négatifs de leur utilisation tels que la propagation des fausses nouvelles, la désinformation ainsi que la manipulation de l'opinion publique.

« Pour faire face à ce phénomène, il est judicieux qu'une réflexion approfondie soit menée ainsi que des actions concrètes aux fins de promouvoir la diffusion d'une information de qualité et redynamiser la confiance du public dans les réseaux sociaux. Chers amis de la presse, vous êtes un vivier très stratégique pouvant consolider ou déstabiliser un système. La diffusion d'une information de nature insurrectionnelle peut entraîner la subversion d'un système. C'est à plus forte raison qu'il vous est conseillé de bien cibler une information et en connaître la source avant sa diffusion », a-t-il plaidé. Il a invité les influenceurs des réseaux sociaux à cultiver la raison afin d'endiguer la manipulation.

Au nombre des intervenants, le député de Mayama, Prince Bahamboula, qui a développé la communication sur le thème « Analyse approfondie de l'évolution des médias sociaux, de leur influence croissante sur la sphère publique et de leur rôle dans la formation de l'opinion et la mobilisation citoyenne ». Pour lui, l'homme est au coeur de tous les écosystèmes et la consommation de l'information devient de plus en plus dense, d'où la nécessité de la diversifier. Insistant sur la question de responsabilité, il a rappelé qu'il y a environ 1,5 milliard de fake news par jour impliquant les concepteurs, les relayeurs et les consommateurs d'informations.

Faire évoluer le cadre juridique

C'est ainsi qu'il a prévenu que les dégâts liés aux fausses informations vont peut-être s'accroître de façon exponentielle à l'horizon 2050 où la population de l'Afrique devrait doubler. « Je pense que les médias traditionnels ne peuvent pas rester en marge de cette mutation qui s'impose également, sinon nous allons vivre la destruction créatrice à la parution d'une innovation. Donc, si les médias traditionnels ne s'y arriment pas, si le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) ne les pousse pas vers l'arrimage à cette modernité, nous allons vivre la destruction créatrice. C'est d'abord du discours, lorsque cela va commencer à agir, vous perdez tout : en termes d'audience, de chiffre d'affaires et d'emplois crées », a conclu Prince Bahamboula.

Représentant le CSLC aux assises de Louingui, le haut conseiller Joachim Mbanza s'est félicité de l'initiative du député Bidié consistant à organiser une journée de sensibilisation à la gestion de l'information dans les réseaux sociaux. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre de la campagne de sensibilisation lancée par le CSLC sur le thème « Etre citoyen en ligne ». Une campagne portant sur la conscientisation à un bon usage des réseaux sociaux. « C'est pour nous un grand plaisir de savoir qu'un parlementaire, conscient de cela, a voulu mettre la main à la pâte en réunissant ces jeunes afin de parler de ces questions fondamentales qui touchent aujourd'hui la santé de notre société », s'est-il réjoui.

S'agissant des échanges, il a regretté le fait que le CSLC ne dispose pas encore de moyens techniques pouvant permettre de réguler le contenu de la communication à travers les réseaux sociaux. Pour lui, l'arsenal juridique existe malgré l'absence des textes d'application. « Si un journaliste commet un délit sur sa page de réseau social, s'il faut le juger, on le jugera en tant que journaliste. Par contre, si un simple citoyen commet un délit sur sa page, on va le juger à travers le droit commun qui peut conduire en prison. Le cadre juridique des réseaux sociaux est déjà planté, le reste c'est au gouvernement d'aider à la sensibilisation des citoyens pour essayer de changer de comportement », a-t-il rappelé.

Parrain de l'évènement, le Pr Louis Bakabadio pense qu'il faut faire avancer le pays à travers ce genre d'échanges. « A l'issue de ces échanges, je voudrais que quand je vais ouvrir vos pages, que l'on voit quand même qu'il y a une évolution. Faites attention au contenu que vous diffusez. Je demande aux influenceurs et aux journalistes ainsi qu'aux consommateurs d'informations d'être capables de faire la distinction entre un avis, une rumeur et une information », a résumé en substance le conseiller du président de la République en charge du département de l'Education.

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