Burundi: Des concubines «chassées» de leurs ménages témoignent

Au Burundi, une « chasse aux concubinages » a été lancée depuis plusieurs mois dans le cadre d'une certaine idée de la « moralisation de la société » avancée par les autorités. Une politique initiée par le couple présidentiel qui estime que le concubinage est un péché très grave qui empêche le Burundi de se développer. Deux femmes de cette province de Ngozi, qui ont été « chassées » de leurs ménages, dénoncent des procédés violents et traumatisants.

À 40 ans, Georgette assure qu'elle a vécu avec son concubin la moitié de sa vie jusqu'au jour où il y a deux mois, les autorités accompagnés de policiers se sont présentées à leur domicile. Le couperet est vite tombé.

« On a eu 7 enfants ensemble, mais l'un est mort, il nous en reste 6. Lorsqu'ils ont lancé leur chasse aux concubines, ils nous ont arrêtés tous les deux avec mon mari, nous ont enfermés dans un cachot de Buye, avant de nous obliger à nous séparer. Les enfants sont restés avec moi. J'ai pu remettre une partie des enfants à l'école, mais pas tous », témoigne-t-elle.

Virginie vivait, elle aussi, maritalement avec Gérard depuis huit ans ; leur séparation a été tout aussi traumatisante même si l'administration a procédé autrement. « C'était la désolation pour celles qui ont subi la chose que moi, parce qu'ils nous ont amené à la commune pour vérifier si nous étions inscrits dans le registre des mariages. "- Tu n'es pas dedans ?", lançaient-ils. Ils disaient "déguerpis !" sans autre forme de procès. Puis, tu étais séparé de celui que tu appelles ton mari, qu'ils conduisaient chez la première femme », rapporte-t-elle.

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Un déchirement pour les enfants

Mais les autorités n'en sont pas restées là. « L'aîné de mes enfants à 8 ans, le deuxième, 6 ans et mon cadet 3 ans. Je suis restée avec le tout petit, les autorités ont amené de force les deux autres chez la première femme. Ça a été un déchirement, car vous comprenez, ces enfants, habitués à vivre avec leur mère. Ils vivent mal cette séparation ! », poursuit Virginie. Pour un juriste burundais que nous avons contacté, « il s'agit de mesures politiques qui violent le code des personnes et de la famille du pays ».

Pour rappel, à la pointe de cette campagne, il y a la province de Ngozi dans le nord du pays, où le gouverneur a assuré que depuis le début de l'année, ce sont 900 femmes qui ont été « chassées » de leurs ménages. Ce qui a poussé certaines d'entre elles à la rue et leurs enfants à être déscolarisés.

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