Ile Maurice: Rama Valayden - «Un jugement pas correct»

La phrase est lâchée par Rama Valayden : le jugement dans l'affaire Consituency Clerk «n'est pas correct». Selon l'avocat des Avengers, il y a eu une mauvaise interprétation des faits, notamment lorsque la magistrate Anusha Rawoah a parlé, à la page 15 de son jugement, des relations entre Yogida Sawmynaden et Soopramanien Kistnen «alors qu'il était question de Simla Kistnen». Aussi, la façon dont on interprète à Maurice le «demeanour» (NdlR, manière de répondre aux questions) est dangereuse.

Me Valayden souligne qu'en Inde par exemple, l'article 280 du code de procédure pénale a été amendé pour exiger que le magistrat décrive par écrit ce qu'il trouve de parlant dans le «demeanour » d'un témoin. Pour lui, même si le jugement est long, cela ne veut pas dire que c'est un bon jugement.

Il souhaite que le DPP fasse appel du jugement, tout en rappelant qu'en France, un appel est comme un nouveau procès. D'ailleurs, Rama Valayden a rendu publique une lettre qu'il a adressée au DPP lui demandant avec respect de considérer de faire appel. Dans la lettre, il dit savoir que le bureau du DPP a subi une réduction drastique d'avocats et autres employés et qu'il en manque 22. Il souhaite aussi que la Cour suprême permette aux Avengers d'assister Simla Kistnen s'il y a appel dans cette affaire importante et hautement politisée.

Revenant sur le jugement, l'avocat est d'avis que la police a non seulement tout fait pour cacher la vérité sur la mort de Kistnen mais a aussi comploté pour le faire. Il cite comme exemple l'écriture de Soopramanien Kistnen, dit Kaya, et les appels entrants du téléphone de Yogida Sawmynaden qui n'ont pas été analysés par la police. «Il n'y a que deux appels les 15 et 18 juillet 2020 de l'ex-ministre à sa supposée Constituency Clerk. Et cela concernait Kaya.» Valayden dit regretter aussi qu'il n'y ait pas à Maurice de système de jury pour ce genre d'affaire, tout en rappelant qu'aux États-Unis, c'est un jury citoyen qui a condamné Donald Trump. «Ici, c'est le contraire qui s'est passé.»

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Il demande aussi que l'on ne fasse pas d'amalgame entre l'affaire Constituency Clerk et l'assassinat de Kistnen. Il regrette dans la foulée que l'opposition parlementaire n'ait démontré aucune sympathie pour Simla Kistnen devant les attaques que celle-ci subit. «Quand tout va bien, l'opposition mont dadak, quand ça va mal, elle disparaît. » Et s'adressant au pouvoir : «Que l'on me piétine ou que l'on piétine les Avengers. Mais laissez Simla tranquille.» Prenant la parole brièvement, Simla Kistnen a déclaré que le jugement est «faux» et maintient que jamais elle n'a été la Constituency Clerk de Yogida Sawmynaden ni n'a perçu de salaire de ce dernier. Elle se demande pourquoi l'on n'a pas convoqué tous ces agents du MSM rien qu'à Moka et qui auraient confirmé qu'elle ne travaillait pas pour l'ex-ministre. Elle s'est dit affectée et déçue que Yogida Sawmynaden lui ait demandé «d'arrêter son cinéma» alors qu'elle voulait tout simplement obtenir justice. S'adressant directement à Sawmynaden, Simla Kistnen lui demande : «Si vous avez souffert pendant trois ans, moi, n'ai-je pas souffert ? Et mon fils ? Il y a un Dieu pour vous juger.»

À l'heure des questions, Rama Valayden a affirmé n'avoir jamais connu pendant toute sa carrière d'avocat d'affaire semblable à Maurice ou à l'étranger, où un accusé donne sa version des faits hors du tribunal et que celleci est acceptée. «Cela me fait penser aux procès staliniens.»

Anoup Goodary a pour sa part souligné qu'un procès ne doit pas être un test de mémoire. «En tout cas, les étudiants en droit auront tout à gagner à décortiquer ce jugement.»

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