Sénégal: Prise en charge des zoonoses au pays - La rage, une pathologie qui inquiète !

Parmi les six zoonoses prioritaires, celle qui cause le plus de problèmes au Sénégal reste la rage. Son vecteur pathogène qui est le chien dans la majorité des cas est très présent dans la société. Considéré comme un animal domestique, de compagnie pour l'homme, bon nombre de chiens n'ont pas été vaccinés par leurs propriétaires et la majorité est souvent laissée à elle-même. Une situation qui provoque les nombreux cas de rage. Pour mieux assurer une bonne communication sur les zoonoses dont l'Ebola, la Covid, la fièvre Crimée Congo entre autres, des journalistes spécialisés en santé tiennent un atelier depuis hier, mardi 4 juin, à Thiès, avec Breakthrough Action.

Le virus de la rage (genre Lyssavirus) est présent dans la salive des animaux infectés dont le chien, le chat, le mammifère sauvage. Dans la plupart des cas, il est transmis à l'homme par un chien enragé. La transmission survient par contact direct avec la salive d'un animal contaminé par morsure, griffure ou encore léchage sur la peau excoriée d'une muqueuse. Au Sénégal, les cas de rage inquiètent les acteurs de la lutte. Au titre de la surveillance passive de la rage animale, selon les statistiques du ministère de la Santé et de l'action sociale (Msas) en 2020, 9 régions sur 14 ont rapporté́ des foyers de rage dont 60 foyers pour 69 malades et 42 morts contre 43 en 2019.

31 foyers de rage ont été recensés à Saint-Louis dont 27 foyers de rage canine, 2 foyers de rage asine, 1 foyer équin et un foyer caprin, 10 foyers à Kaffrine dont 7 foyers de rage canine, 2 foyers de rage équine et un foyer de rage asine, 7 foyers canins à Kédougou, 5 Foyers ; 3 canins, 1 équin et 1 asin à Kaolack. Au Sénégal, selon les autorités sanitaires, la rage est une maladie à déclaration obligatoire et sous surveillance. Selon le vétérinaire Dr Jerôme Sambou, les propriétaires de chiens ont un devoir envers leurs animaux, c'est de les vacciner pour une protection de la famille. « La rage est une maladie évitable si les chiens sont vaccinés. Mais au cas où ils ne le sont pas, en cas de morsure de chien, il faut laver la plaie à l'eau et au savon ordinaire pendant 15mn, puis acheminer la personne à l'établissement de santé le plus proche pour une prise en charge de la maladie », a-t-il fait comprendre. Et d'ajouter : « la rage est une maladie mortelle ».

Concernant les autres zoonoses, au Sénégal, Breakthrough Action a renseigné que les acteurs de la santé humaine, de la santé animale et leurs partenaires ont identifié six groupes de zoonoses prioritaires basées sur les critères standards qui sont agréés pour guider les investissements et les priorisations dans la lutte contre les menaces des maladies infectieuses. Ces six groupes sont la rage, la grippe aviaire hautement pathogène (IAHP), les maladies liées à la mycobactérie (tuberculose bovine), les fièvres hémorragiques virales y compris Ebola et Marburg, les infections au Charbon bactéridien (Anthrax) et la fièvre de la vallée du Rift (RFV).

Ainsi, dans l'évaluation Externe Conjointe 2016 (EEC), Breakthrough Action a soutenu : «le Sénégal a obtenu une note de 2 sur 5 pour l'indicateur « communication publique» et l'indicateur « écoute dynamique et gestion des rumeurs ». Face á cette évidence, il est urgent de comprendre comment les membres de la communauté obtiennent les informations sur la santé, comment préfèrent-ils les recevoir pendant une épidémie». Et d'ajouter : «il est nécessaire de comprendre qui sont les leaders d'opinion, les populations clés et quelles sont les informations pertinentes pour améliorer la communication publique et la gestion des rumeurs lors des épidémies.

Les leçons tirées de la gestion de l'épidémie de la maladie à virus Ebola montrent également que l'approche unidimensionnelle (clinique) conventionnelle pour contrôler les maladies infectieuses n'est pas toujours la plus efficace. Le contrôle des maladies infectieuses et zoonotiques doit prendre en compte des défis multiples tels que l'échange rapide d'informations sur la maladie et sa propagation, le déploiement de mesures de contrôle efficaces, le développement des mécanismes robustes de dialogue avec les communautés, de travail et de partenariat dynamique avec les leaders communautaires».

Pour rappel, L'Afrique est confrontée à un risque croissant d'épidémies causées par des agents pathogènes zoonotiques. Selon une analyse de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre des épidémies zoonotiques a augmenté de 63% dans la région au cours de la décennie 2012-2022 par rapport à 2001-2011. Entre 2001 et 2022, 1.843 événements de santé publique avérés ont été enregistrés dans la Région africaine de l'OMS.

30% de ces événements étaient des épidémies de zoonoses, précise la branche africaine de l'OMS. Si ces chiffres ont augmenté au cours des deux dernières décennies, l'Oms soutient qu'un pic particulier a été enregistré en 2019 et en 2020, lorsque les agents pathogènes zoonotiques ont représenté environ 50% des événements de santé publique. La maladie à virus Ebola et d'autres fièvres hémorragiques virales constituent près de 70% de ces épidémies, notamment la dengue, le charbon, la peste, la variole du singe, et une série d'autres maladies constituant les 30% restants.

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