Le Peuple camerounais est tenaillé par la dictature la plus vieille au monde, aux mains des dirigeants nonagénaires. Pour sa pérennité, cet interminable régime de 42 ans, a développé comme rarement ceci s'est vu dans l'histoire, l'arme atomique de ce que j'appelle la narco-politique.
En effet, le régime BIYA, inapte à offrir aux camerounais les sécurités existentielles de base, les a plongés dans des paradis artificiels de drogues à l'instar de l'alcool, dont la fabrication, la commercialisation et la consommation incontrôlées ont installé le peuple tout entier, dans un état de satiété alcoolique très avancé, annihilant chez lui tout fighting spirit, lui permettant d'être un être politique.
Il en va ainsi que celui-ci anesthésié ou zombifié, son bonheur se réduit à des bouts de plaisirs que lui procurent le football, les drogues, le sexe, voire le rêve d'une vie meilleure après la mort, que la dissémination exponentielle des Eglises qui parlent de tout, sauf de ce qui ferait le bonheur des fidèles ici et maintenant, se chargent d'entretenir.
Le paroxysme de ce cynisme politique fut atteint lorsque dans ce Cameroun qui manque de tout : routes, électricité, eau, écoles, hôpitaux... le gouvernement BIYA a quand même trouvé le moyen d'endetter durablement le Peuple de 3000 milliards pour organiser la fête du football continental, afin de droguer davantage un peuple qui a le ventre vide. On en a vu ventant des stades, véritables éléphants blancs, inachevés, comme pour célébrer un Cameroun devenu brutalement prospère du fait de la majestuosité de ses exutoires de frustrations, de ses cache-misère.
Pour décupler les effets psychodysleptiques de la drogue footballistique, il fallait que la FECAFOOT (Fédération Camerounaise de Football), se mette en situation de pouvoir prendre toute sa part, dans cette narco-industrie. La candidature de Samuel ETO'O, immense footballeur à la popularité avérée, à la présidence de cette association, fut pour les dirigeants camerounais, une aubaine. Ils lui apporteront tout leur soutien et entregent politique, afin qu'il écrase son rival, Seidou Mbombo Njoya, le candidat sortant.
Et ce fut fait !
Mais très rapidement, la suractivité de Samuel ETO'O, soutien du régime de BIYA, dont il est par ailleurs très proche de la famille, laisse soupçonner chez lui par les tenants du pouvoir, des ambitions qui iraient au-delà de la présidence de la FECAFOOT. Il les aurait d'ailleurs laissé transparaître dans le think-tank communicationnel dans lequel se retrouvent, journalistes et autres web-influenceurs, mis en place pour magnifier son action à la Fédération.
Pour les stratèges du régime BIYA, il ne leur semblait pas utile de contrer de front Samuel ETO'O, Président de la FECAFOOT sur le terrain politique, d'autant plus qu'il n'était qu'au début de son mandat. En effet, ils espéraient qu'il pourrait par son aura, à travers la FECAFOOT, faire un si grand bien à ce régime moribond. Ils se contentèrent donc de laisser le meilleur buteur de l'histoire des Lions Indomptables se compromettre dans des histoires d'argent, de fautes de gestion, dans le cadre de ses missions à la FECAFOOT.
En effet, le scandaleux licenciement abusif du sélectionneur portugais Antonio CONCEIÇÂO, va coûter au Cameroun plus d'un milliard de Francs CFA, la rupture jugée abusive de contrat avec l'équipementier Cop Sportif coûtera in fine au Cameroun autour d'une dizaine de milliards, le deal nébuleux avec One All Sport, le nouvel équipementier, est aujourd'hui un chef d'oeuvre de bêtise managériale que viennent aggraver l'histoire des contrats avec une entreprise de paris sportifs et les matchs dits truqués...
Il faut dire tout de suite que dans une gouvernance normale, chacune de ces affaires, aurait suscité des contrôles du gouvernement, d'autant que dans bien des aspects, les fonds publics sont en jeu, ou la mise en mouvement d'une action judiciaire. Mais fidèle à sa religion, les stratèges du régime BIYA se sont contentés de garder ces éléments comme joker au cas où Samuel ETO'O afficherait une certaine "délinquance politique" (ambition) à leurs yeux. Comme dans la mafia, ils se sont contentés de dire, "on le tient, on se tient". Nul n'y entre en effet s'il n'a les mains sales.
Toutefois, les choses vont se précipiter : les résultats sportifs attendus font défaut. Pire, un climat délétère dans le football au Cameroun fait qu'aux yeux du gouvernement, Samuel ETO'O ne semble plus être l'homme tant rêvé, qui aidera à plonger le peuple dans le mythe de sa force, de sa prospérité, malgré son extrême misère.
On en vient donc à la résolution de se débarrasser du quadruple ballon d'or africain, y compris en utilisant des violations de la loi, devenues banales au Cameroun. Aujourd'hui, inaptes à obtenir la capitulation de ce dernier, les stratèges du régime BIYA, menacent donc de sortir "les dossiers"...
Le chantage orchestré sur l'opposition camerounaise sur la base des métastases de la mal-gouvernance au Cameroun à la fécafoot est inacceptable
Dans ce magma politico-sportif, les communicants de Samuel ETO'O, qui espèrent obtenir le soutien de l'opposition politique à Paul BIYA, croient devoir dire en même temps, que si ses militants et sympathisants lambda continuent de se montrer exigeants, tant à l'égard du pouvoir, dans sa gestion, que de toute autre entité dont la FECAFOOT, intervenant dans la vie publique au Cameroun, ils s'allieraient de facto au pouvoir contre l'opposition.
Il faut dire tout de suite qu'un tel chantage est injuste et inacceptable par tout esprit épris de justice et de liberté. Le Président de la FECAFOOT n'a jamais été un militant ou sympathisant de l'opposition, laquelle lui devrait naturellement du fait des valeurs qu'il porte, reconnaissance et solidarité. Au contraire, il s'est toujours présenté comme un soutien de BIYA, dont il revendique désormais la filiation « adoptive ». Dans ses bisbilles ou querelles actuelles avec certains tenants du pouvoir, son premier recours a été d'activer ses réseaux au sein du même pouvoir pour contrer ses adversaires. Il ne s'est pas retourné vers ce Peuple, dont une partie croupit dans les geôles de ce même régime, pour renverser l'ordre établi et demander la justice pour tous.
En somme, tenter ainsi de faire du chantage au peuple épris de changement en présentant grossièrement la guerre des egos et du pouvoir au sein du pouvoir, comme procédant du Changement est un acte de banditisme intellectuel, moralement inacceptable.
En réalité, si l'action de Samuel ETO'O à la tête de la FECAFOOT était couronnée de succès sportifs dont rêve le pouvoir pour continuer d'anesthésier le Peuple, cette crise ne serait jamais arrivée, malgré l'étonnante incompétence et soupçons de malversations dont sont affublés les dirigeants de cette association.
In fine, Si on est du côté du Peuple, de son émancipation politique et sociale, on doit l'afficher. La gloire aussi ça sert à ça, à défendre des valeurs.