Madagascar: Ouvrage - Un livre sur la vie de Rainivoanjo

Mamy Tiana Raberahona a écrit l'histoire de Rainivoanjo, le célèbre bandit des années 70. Cela lui a pris 10 ans. Avant la sortie de ce roman, il nous partage quelques détails de son oeuvre.

Que raconte votre livre «Mon ami s'appelait Rainivoanjo» ?

L'histoire s'inspire librement de la vie de Rainivoanjo sous un angle, du point de vue du narrateur. Au début du récit, ce narrateur, en la personne de Richard R., présente Anosipatrana, le lieu où se déroule une grande partie de l'histoire. Il parle aussi d'une époque durant laquelle son arrière-grand-père était le Ragova du village au temps de la colonisation sans pour autant ne pas se perdre dans le vif du récit, Rainivoanjo. Bref, c'est une histoire sociale.

Ce livre est le fruit de dix ans de recherche...

Au début, je voulais réaliser un film documentaire sur la délinquance à Madagascar et j'ai rencontré un ancien fonctionnaire de la police en retraite, et lors de l'entretien, le nom de Rainivoanjo a été très souvent répété d'où naquit l'idée de réaliser un film documentaire sur lui. J'ai commencé par recueillir des témoignages qui m'ont servi comme matière à réflexion.

Ce qui m'a incité à fouiner dans les archives en France, à Madagascar en vue de me procurer des faits avérés. Puis après j'ai commencé par reconstituer la chronologie de sa vie, du petit délinquant à l'ennemi public. Armé de ces informations, j'allais voir les membres de sa famille et ses contemporains. Ces années de recherches m'ont coûté une bonne décennie, ce qui me paraît tout à fait normal. Comme le cinéma, écrire un roman reste une science des détails.

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Rainivoanjo est-il un personnage fictif ou réel ?

Mon livre est un portrait croisé entre un personnage réel, Rainivoanjo, et un personnage fictif. Cet ennemi public dans les années 1970 a alimenté un mythe, légende malgré lui.

Qui est Richard R., cet ami de Rainivoanjo ?

C'est un personnage fictif, certes, mais ce qu'il raconte dans le roman relève du réel. J'ai fait référence aux témoignages des anciens fonctionnaires de la police, pénitencier, comme l'incendie de la prison d'Antanimora, la bande des blousons noirs. Ce personnage est un habit d'Arlequin, un bemiray quoi !

On racontait sur Rainivoanjo, un monsieur tout le monde avant de devenir voleur...

C'était un jeune comme tous les jeunes de son époque, les années seventies, cheveux en afro, pantalon à patte d'éléphant, ...

Que la mort de son père l'a poussé à devenir bandit...

Les conflits sociaux de l'époque ont miné aussi la société et ont mis beaucoup de « Zale » en marge comme des débris inutiles. La justice de l'époque n'est pas clémente, cinq ans de prison pour un vol de porc, surtout pour un délinquant primaire. La prison est un lieu de fabrication de délinquance.

Ou encore, qu'il volait aux riches pour les donner aux pauvres...

C'était le mythe socialiste avant l'heure non ? (rire)

Et qu'il avait la capacité de se transformer en animal pour disparaître...

Je laisserai cette vérité aux lecteurs en lisant mon livre, ce serait une révélation inédite sur l'histoire de Rainivoanjo.

Quelle(s) anecdote(s) particulière(s), autres que celles que l'on connaît déjà, Richard R. vous a-t-il raconté ?

Un ancien policier n'arrive pas à digérer que le Président de l'époque, Didier Ratsiraka, a envoyé un télégramme félicitant les gendarmes qui ont capturé Rainivoanjo et pourtant c'était la police qui l'a fait ?

Comment s'est terminé le périple de ce «héro»?

Beaucoup de versions sur la circonstance de sa mort. Elles se divergent et sont loin d'être unanimes. Celle de sa famille clame un assassinat. D'autres, celle d'un ancien commissaire, parle d'une autre version.

Quels ont été vos ressentis lorsque vous avez écrit le livre ?

Je suis entré dans la peau de mon personnage, Richard R. J'ai l'impression d'avoir vécu ces années très tourmentées, les années 1970. Il y avait aussi un sentiment de révolte en moi, car il s'agit d'une injustice sociale, Rainivoanjo en incarne, l'archétype d'une victime non seulement du système, « rafitra miangatra », mais surtout du conflit permanent entre « Zale » et les « tsalo », heureusement qu'il y avait les événements de 1972.

Qu'est-ce qu'il faut retenir de votre livre, de cette histoire ?

Ce livre reste dans le cadre de la « mémoire collective ». Sans cela, une société ne trouve pas ses repères, notre situation actuelle en illustre amplement.

Quand ce livre sera-t-il disponible au public ?

Cette année, vers la rentrée du mois de septembre.

Biographie de Mamy Tiana Raberahona

"Mon ami s'appelait Rainivoanjo" est le premier roman de Mamy Tiana Raberahona. Diplômé en Droit à l'université d'Antananarivo, et ayant fait le troisième cycle à Paris, dans le but de devenir avocat " pour défendre les faibles ", c'est plutôt avec une caméra dans les mains qu'il se sent plus à l'aise et grâce à laquelle il s'est fait un nom. Il a un film diffusé sur TV5 Monde, en 2011. « Les gardiens du temple ». Son film documentaire Zanapokonolona a été sélectionné et projeté à la 38e édition du festival Vues d'Afrique au Canada. Il a été assistant d'émission lors du film « La route de l'impossible » sur France 5. Il a deux films sur la chaîne Equidia.

Actuellement, il a deux armes, la caméra et la plume. Pour devenir écrivain, il a lu toutes les oeuvres de Paul Rapatsalahy ( Idealy Soa). Il a puisé ses inspirations dans les contextes géopolitiques des années 1970, en plein milieu de la guerre froide. Les oeuvres de Karl Marx et ceux de Hegel ont bercé son enfance. Il a appris par coeur les conflits en Angola, Zaïre, et en Amérique du Sud. Ce qui a réveillé ses sentiments de révolte pour lutter contre ce qu'il a pensé comme injustice de l'époque.

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