Madagascar: Le Groupement des entreprises du pays interpelle l'État sur ses impayés

Le 12 avril dernier, le président malgache, Andry Rajoelina, recevait les représentants du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM). Au sommaire des discussions, de nombreuses doléances, des difficultés d'approvisionnement en énergie, en passant par la mobilité sur l'île ou encore les milliards d'ariarys d'arriérés de l'État au sujet de la TVA. Qu'en est-il deux mois après ?

Rétablir le dialogue avec l'État après des années post-Covid particulièrement éprouvantes et sans réel contact. Voilà déjà une première avancée dont on se félicite au Groupement des entreprises de Madagascar (GEM). Seulement, sur la table, les dossiers dits « prioritaires » sont encore loin d'avoir abouti. À commencer par le paiement des arriérés de crédit TVA que l'État doit aux entreprises privées, particulièrement envers les exportateurs (les entreprises franches étant les plus touchées par ces retards de remboursements).

« Il est important pour le secteur privé que ces créances vis-à-vis de l'État malagasy soient honorées », rappelle Francis Rabarijohn, le président du GEM. « Tout simplement parce que cet argent-là, les entreprises privées en ont besoin pour leur trésorerie, soit pour développer de nouvelles activités, soit pour conforter leurs activités habituelles. Nous, ce qu'on demande - et c'est ce qu'on a dit au président le 12 avril -, c'est que "même si vous ne réglez pas, si vous ne remboursez pas en totalité en une fois, ce qu'on peut comprendre compte tenu des difficultés de l'État, au moins, faites des règlements réguliers pour donner une visibilité aux entreprises !" Ça va prendre trois mois, six mois, douze mois (normalement, l'État est tenu de rembourser la TVA sous 60 jours, NDLR) : qu'importe du moment qu'il y a une visibilité sur ces créances. » Selon Francis Rabarijohn, « des gestes ont été accomplis ce mois de mai ». Mais encore bien trop peu, soulignent certains membres du GEM.

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La capacité aérienne de Madagascar

Autre dossier éminemment important, indique Tojo Lytah Razafimahefa, président du Conseil d'administration de la Confédération du tourisme de Madagascar et vice-président du GEM, la capacité aérienne nationale qui empêche la mobilité sur l'île, conjuguée à un délabrement avancé du réseau routier. « Ça prend en otage non seulement le secteur tourisme, mais vraiment toute l'économie à Madagascar. On ne peut pas faire face avec seulement deux avions de 70 places. C'est quand même inadmissible qu'un pays de 28 millions d'habitants ne dispose pas d'une flotte aérienne fiable, viable, avec une visibilité au niveau international et qui soit techniquement opérationnelle », dit-il.

Tojo Lytah Razafimahefa de poursuivre : « En parallèle, malheureusement, on fait face à une situation très grave : les infrastructures routières dans le pays sont devenues quasiment impraticables. Impossible touristiquement de les vendre ! Et time is money ! Ce "time is money", ce n'est pas uniquement pour les touristes, ce sont tous les secteurs d'activité qui sont concernés. Les entrepreneurs qui ont besoin de se déplacer pour leurs affaires, ceux qui ont besoin de traiter des dossiers administratifs et de venir à Tana, puisque c'est ici que tout est concentré. Nous, au niveau du secteur privé, ce que l'on fait, c'est vraiment d'alerter. On veut être une force de proposition pour dire : "Écoutez, faites attention, parce qu'une récupération touristique ne se fait pas en une seule année, mais en plusieurs, avec des stratégies et une visibilité claires. »

Aussi, le GEM pousse pour ouvrir totalement le ciel à toutes les compagnies intéressées, et insiste pour un système de cabotage qui permettrait à des compagnies étrangères de venir opérer les vols nationaux. Depuis le 3 juin, la flotte de la compagnie nationale s'est agrandie avec l'arrivée d'un nouvel appareil en leasing. Madagascar Airlines vient de louer un Q400 d'une capacité de 72 places à la compagnie sud-africaine CemAir.

La prochaine rencontre entre le Groupement des entreprises de Madagascar et le président de la République devrait finalement être repoussée à juillet pour cause d'agenda chargé du côté du chef de l'État en juin.

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