L'effectif des députés de la nouvelle législature au Togo, à l'issue des législatives et régionales, du 29 avril dernier, ne sera pas au grand complet. Sur les 113 sièges que comptent le Parlement, deux élus de l'opposition ont décidé de renoncer à leur mandat pour des raisons diverses.
Il s'agit de Me Dodji Apevon de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) et de Jean Pierre Fabre du parti les Forces démocratiques pour la République (FDR). Ce dernier a été le premier à claquer la porte de l'hémicycle. Il a été suivi quelques heures plus tard par Me Dodji Apevon. Qu'est ce qui peut motiver de telle décision au soir du double scrutin jugé crédible par les observateurs nationaux et internationaux ?
Le parti de Me Paul Dodji Apevon qui dit ne pas regretter sa participation aux élections législatives et régionales passées, estime que siéger à l'Assemblée nationale reviendrait à reconnaître la nouvelle Constitution qu'il a toujours contestée. Quant au FDR, dans une déclaration rendue publique, lundi 3 juin 2024, à Lomé, a exprimé son désaccord face à ce qu'il qualifie de « grande mascarade électorale » et de forfaiture de changement illégal de la loi fondamentale.
Et pour montrer leur détermination, les responsables du FDR ont décidé que les conseillers régionaux élus au nom du parti ne seront pas représentés dans les conseils régionaux. A quoi s'attendaient ces deux formations en allant aux élections dans ces conditions ? Peut-être ont-ils pensé que la vague de contestation de la nouvelle Constitution leurs était favorable. En effet, des organisations de la société civile sont vent debout contre la nouvelle loi fondamentale et continuent d'appeler à des rassemblements pour faire barrage à toute forme de « monarchisation » du pouvoir.
Maintenant que le verdict des urnes est connu avec une « piètre » prestation de l'opposition avec seulement 5 sièges contre 108 pour le parti au pouvoir, quel impact le retrait de deux élus peut avoir sur le processus ? L'on se demande si le bras de fer actuel engagé n'est pas une peine perdue. Car, le double scrutin auquel a participé l'opposition consacre finalement la mise en application de cette nouvelle loi. Ces partis espéraient certainement avoir des scores staliniens pour étouffer l'idée de la nouvelle Constitution.
Malheureusement, cela n'a pas été le cas et ils doivent tirer les conséquences de leur stratégie. Les trois sièges restant pour l'opposition, occupés par une députée du regroupement des partis la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) et deux élus du parti Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) ne feront certainement pas le poids devant l'UNIR qui s'est adjugé 108 sièges.
Maintenant que l'UNIR a désormais carte blanche pour élire au Parlement le président de la République et le président du Conseil des ministres, le processus devrait aller vite. La nouvelle Constitution a déjà été promulguée, le 6 mai 2024, par l'actuel chef de l'Etat, Faure Gnassingbé. C'est dire que le Togo bascule désormais dans un régime parlementaire.
Vivement que ce nouveau régime ouvre une nouvelle ère démocratique pour ce pays d'Afrique.