À Madagascar, une semaine après les élections législatives du 29 mai, la Commission électorale (Céni) ne s'est prononcée ni sur les résultats provisoires, ni sur la sincérité du scrutin, qui est mise en cause.
Ces dernières heures, chaque partie affinait encore sa stratégie. Du côté des observateurs indépendants, de l'opposition et de coalition de la majorité présidentielle. Tous sont unanimes pour dénoncer des irrégularités le jour du vote dans plusieurs districts de l'île. En réponse aux fraudes dont ils s'accusent mutuellement, des candidats des deux parties ont l'intention de saisir la justice.
À Antananarivo, dans les QG respectifs de la coalition orange (Irmar) et de la plateforme d'opposition Firaisankina, des cellules juridiques centralisent les doléances, preuves et cas d'irrégularités relevées à travers toute l'île. L'objectif est de faire aboutir les requêtes que les deux parties s'apprêtent l'une et l'autre à déposer devant la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), plus haute juridiction du pays.
Lalatiana Rakotondrazafy, candidate de la coalition présidentielle Irmar, évoque, sans s'avancer sur le nombre final de requêtes qui seront déposées par des candidats Irmar, plusieurs cas de bulletins pré-cochés et des manoeuvres de corruption électorale notamment dans les districts de Faratsiho, Tuléar ou Nosy Be. « Toutes les requêtes sont déposées au nom de chaque candidat [de la coalition Irmar] mais effectivement pour les cas qui sont similaires, il y aura des lignes de défense communes, notamment pour les requêtes en disqualification et les requêtes en annulation de voix », dit-elle.
« Nous sommes encore en train d'évaluer la situation »
Toutes les requêtes issues du Firaisankina seront, elles, déposées au nom de la plateforme d'opposition, assure son porte-parole Auguste Paraina. Cette dernière dénonce, au-delà des cas particuliers, une vaste manoeuvre du pouvoir faite pour écarter ses candidats de la course avant et pendant le vote.
L'observatoire de la société civile Safidy ne compte pour l'heure pas allonger la liste de la centaine de requêtes déjà reçues par la HCC mercredi 5 mai. Stella Razanamahefa, porte-parole de cette mission. « Actuellement, l'observatoire Safidy dispose de cas qui méritent que nous déposions des requêtes auprès de la HCC, explique-t-elle. Toutefois, nous sommes encore en train d'évaluer la situation par peur de représailles ou d'intimidations envers nos observateurs qui se trouvent [déployés] dans les districts. »
Pointant déjà des risques de représailles, cette mission d'observation - la plus grande déployée dans le pays, avait renoncé à saisir la Haute Cour Constitutionnelle lors de l'élection présidentielle de novembre.