L'aflatoxine contamine jusqu'à 65% des cultures de maïs, d'arachide et de sorgho tout en affectant de nombreuses autres cultures telles que le riz, les piments et les graines de pastèques et de melons.
Il s'agit d'un composé naturel toxique représentant une menace majeure pour les pays africains dont Madagascar. En effet, ce poison infecte plusieurs cultures notamment les céréales dans les champs.
Cette contamination peut ensuite créer un risque significatif pour la santé humaine en provoquant entre autres, le cancer du foie, des problèmes hépatiques aigus, la diminution du système immunitaire, et le ralentissement de la croissance des enfants ainsi que d'autres affections graves. En outre, l'aflatoxine a un impact économique considérable affectant les revenus des agriculteurs, la sécurité alimentaire et les échanges commerciaux.
Au niveau de l'élevage, les aliments contaminés peuvent tuer les poulets tout en diminuant la rentabilité du bétail. Face à cette situation, un nouveau projet intitulé « projet de développement d'Aflasafe pour lutter contre l'aflatoxine en vue de l'application des normes internationales » est lancé par le ministère de l'Agriculture et de l'Elevage en partenariat avec l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA). Il s'agit d'une solution de biocontrôle pour protéger les cultures contre ce poison insipide, inodore et invisible à l'oeil nu.
Produit adapté au pays
L'Aflasafe permet de réduire les niveaux de toxine dans les aliments à seuils acceptables tout en atténuant les conséquences graves sur la santé, a-t-on appris. Cette solution est appliquée sur le terrain pendant la croissance des cultures. Elle continue de protéger les récoltes après la moisson avec des études montrant une réduction de 94% des aflatoxines même après un stockage dans des conditions humides.
Dans le cadre de ce projet FSRP, un transfert de technologie est en vue entre le FOFIFA et l'IITA afin de renforcer la résilience des systèmes alimentaires en améliorant la préparation du pays face à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle. En outre, les deux parties s'engagent à mener une série d'analyses sur l'impact de l'aflatoxine à Madagascar.
Des études et des tests seront ensuite réalisés pour développer un produit Aflasafe spécifiquement adapté au pays, a-t-on évoqué lors de cet atelier qui réunit plus de 50 participants représentant les bailleurs, les partenaires stratégiques, les ministères concernés, les experts de l'IITA et les instituts de recherche. Ce projet s'étendra sur une période de deux ans.
Perte annuelle de 612 millions USD
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), près de 25% des cultures vivrières mondiales sont susceptibles d'être contaminées par les aflatoxines. Ce qui représente une menace pour la sécurité alimentaire et la santé publique surtout pour l'Afrique. En effet, « plus de 40% des produits alimentaires vendus sur les marchés africains contiennent des niveaux d'aflatoxine supérieurs à la limite de sécurité, entraînant une perte annuelle de 612 millions de dollars due aux opportunités d'exportation manquées.
Les produits non conformes aux normes internationales sont ensuite vendus sur les marchés locaux. Ce qui constitue un grave risque pour la santé publique », a-t-on exposé lors de l'atelier de lancement de ce nouveau projet inscrit dans le cadre du projet Résilience des Systèmes Alimentaires (FRSP) sous tutelle du ministère de l'Agriculture et de l'Elevage.