Ce jeudi 6 juin a lieu la 624e édition du Sanké Mô, un rite de pêche collective qui commémore depuis l'an 1400 la fondation de la ville de San, dans le sud-est du Mali. L'évènement marque également le début de la saison des pluies. Pour l'occasion, des milliers de personnes des villages environnants et de tout le Mali convergeront vers la mare sacrée du Sanké. Cette coutume ancestrale est aussi l'occasion de grandes festivités et un moyen de faire découvrir ce patrimoine culturel en péril aux maliens des autres régions.
Les cérémonies autour du Sanké Mô ont débuté dès ce mardi soir. Mercredi 5 juin, des veillées étaient organisées autour de danses traditionnelles Bobo, l'éthnie majoritaire dans la zone dont est issu le fondateur de la ville de San.
Zeina Sidibé se dit émerveillée par ce qu'elle voit et ce qui l'entoure. Directrice du projet marketing territoriale du groupe Walaha, elle assiste pour la première fois à cette évènement multi-centenaire. Elle est accompagnée d'une vingtaine de jeunes venus de Bamako, comme elle. L'objectif est de découvrir et de s'approprier les merveilles de la culture malienne.
« Les maliens ne se connaissent pas entre eux, Coté cultures et traditions, nous sommes en train de perdre la plupart de nos identités culturelles, dit-elle. La nouvelle génération ne s'intéressent pas à ces pratiques traditionnelles. Donc, avec notre programme, on fait une immersion par le fait d'amener les jeunes maliens pour qu'ils puissent mettre en avant ce qu'on a de plus précieux chez nous qui est notre culture et essayer de voir avec cette culture comment on peut faire le développement de nos localités. »
Des milliers touristes venus de tout le Mali
Tout comme eux, des milliers de touristes nationaux sont présents. Tous souhaitent assister au coup d'envoi de la peche collective. Dans une eau boueuse des centaines de personnes tenteront d'attraper le plus de poisson possible. En pêcher durant cette période est un signe de bonne fortune. Le signe que les futures récoltes seront bonnes selon les croyances locales.
Du fait de la sécheresse et de la réduction de la mare, le Sanké Mô a été classé par l'Unesco parmi les trois éléments culturels maliens nécessitant une sauvegarde urgente. L'institution a débloqué une enveloppe de 100 000 dollars afin d'établir un plan de sauvegarde du patrimoine immatériel en péril du pays.
« Ça représente beaucoup »
Cissé Fatoumata Kouyaté, présidente du bureau des sages de l'association Carrefour de développement pour la paix au Mali, a parcouru les plus de 400 km qui séparent Bamako, la capitale du Mali où elle, vit de la ville de San d'où elle est originaire. Elle explique les raisons qui la poussent à retourner chaque année au moins dans sa ville d'origine pour participer à l'évènement du Sanké Sanké Mô, immanquable pour elle, pour perpétuer la tradition mais aussi pour des raisons mystiques.
« La fête du Sanké Mô, ça représente beaucoup pour moi. D'abord, je me sens sanoise à 200%, dit-elle. Le fait d'être à San, pour moi, ça représente la perpétuation de notre culture, de l'authenticité même de tous ceux qui se sentent ou se réclament de la ville de San. Nous, nous avons grandi dans cette atmosphère-là. Chaque année, nous avons vu les Sanois courir vers San, pour fêter en communion, lors de la fête de Sanké. »
Comme c'est une fête rituelle, « il y a beaucoup de sacrifices à faire. Et quand on va faire les sacrifices pour conjurer tous les maux et tous les problèmes que la ville doit connaitre en ce moment. Si les sacrifices sont acceptés, on nous donne l'autorisation d'aller vers la peche collective qui conjure tous les mauvais sorts sur la ville ».